A Gaza, la détresse d’un père endeuillé

Adam, 3 ans, et sa soeur aînée Cham sont nés le même jour à six ans d'intervalle, le 21 octobre. Ils ont été tués samedi, le jour de leur anniversaire, avec leur mère, dans une frappe israélienne dans la bande de Gaza, raconte leur père à l'AFP.

Courrier international – Ayman Abou Chamalah, un Palestinien de 34 ans, et sa famille ont fui les bombardements israéliens sur Gaza-ville pour se réfugier chez des proches à Rafah, dans le sud du territoire contrôlé par le Hamas.

Mais une frappe israélienne sur l’immeuble de plusieurs étages a tué sa femme, ses deux enfants de 3 et 9 ans, deux de ses belles-soeurs et deux de leurs enfants ainsi qu’un cousin et une cousine.

Selon les autorités locales, il y a plus de 2.000 enfants parmi les 5.000 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début des bombardements israéliens menés en représailles aux attaques menées depuis le territoire palestinien par le Hamas. Selon Israël, celles-ci ont fait plus de 1.400 morts, en majorité des civils tués le 7 octobre sur son territoire.

Samedi soir, M. Abou Chamalah était monté sur le toit de l’immeuble pour s’assurer que les réservoirs d’eau se remplissaient, ayant réussi à se faire livrer de l’eau par citerne après onze jours de coupure.

« Je commençais à descendre dans la cage d’escaliers quand la frappe a eu lieu. Si j’étais descendu 30 secondes plus tôt, j’aurais été tué avec eux », raconte-il à l’AFP lundi.

 

« Défigurée »

 

« Le 21 octobre, c’était l’anniversaire de Cham et Adam et c’est devenu le jour de leur martyre. Cela sera un jour très difficile pour moi chaque année », ajoute le père en sanglots, essuyant ses larmes avec ses deux mains.

« Ils ont mis le corps déchiqueté de mon fils dans un sac bleu, Cham était calcinée », s’étrangle-t-il.

Sa femme, Dareen Abou Chamalah, 28 ans, était enceinte, au début du neuvième mois de grossesse. Le couple avait déjà choisi un prénom pour la bébé, Mecca.

 

AFP

Ayman Abou Chamalah, qui a perdu deux de ses enfants et sa femme dans un bombardement israélien, se tient à côté de sa fille placée dans une couveuse dans un hôpital de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 octobre 2023

 

« Ma femme étendait le linge sur le balcon quand la frappe a eu lieu, la déflagration l’a projetée depuis le troisième étage chez les voisins en bas. Je m’attendais à ce qu’elle et le bébé dans son ventre soient morts après une telle chute », poursuit-il.

« Je l’ai trouvée gisant par terre, elle était encore vivante. Je vous jure que ses derniers mots étaient: +Ayman, sortez Mecca de mon ventre, et prends soin d’elle+ », ajoute-il.

Il affirme que sa femme avait était tellement défigurée par l’explosion qu’il a reconnue seulement « par le pantalon qu’elle portait ».

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Rafah (Territoires palestiniens) (AFP)

Source : Courrier international

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