Guerre Israël-Hamas : le Maroc en position d’équilibriste

Le royaume, qui a normalisé ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu en 2020, doit aussi tenir compte de son opinion publique, qui soutient majoritairement la cause palestinienne.

Le Maroc a adopté un ton neutre en réaction à l’offensive lancée par le Hamas contre Israël et les représailles qui s’ensuivent. Rabat, qui a normalisé ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu il y a bientôt trois ans, a « condamné les attaques contre les civils d’où qu’ils soient » et appelé à « un arrêt immédiat de tous les actes de violences », selon un communiqué de la diplomatie marocaine publié samedi 7 octobre. « Une position d’orfèvre, résume l’historien Pierre Vermeren, afin de ne se brouiller ni avec son opinion publique, ni avec les Occidentaux, ni avec Israël, qui est son allié de fait. »

Rabat a rejoint en 2020 les accords d’Abraham, une entente entre Israël et plusieurs pays arabes négociée par Washington. En échange de ce rapprochement, les Etats-Unis, alors dirigés par Donald Trump, ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, territoire disputé entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Depuis, les visites de responsables israéliens dans le royaume se sont succédé et des coopérations se sont nouées tous azimuts dans les domaines militaire, sécuritaire, économique, commercial ou encore touristique. Des accords qui, en réalité, sont venus officialiser six décennies de relations non avouées au cours desquelles les échanges s’opéraient en catimini. En juillet, Israël a reconnu à son tour la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ouvrant la voie à un renforcement des relations entre les deux pays.

« La normalisation est sans issue »

 

Les sympathies propalestiniennes et l’hostilité envers ce rapprochement n’en demeurent pas moins ancrées dans le pays. Seuls 31 % des Marocains seraient favorables à la normalisation, selon un sondage publié en 2022 par le réseau de recherche non partisan Arab Barometer. Dimanche, des centaines de Marocains se sont rassemblés dans 33 villes du pays pour manifester leur « solidarité à la résistance palestinienne » à l’appel du Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, une coalition de 19 partis politiques, syndicats et associations.

Sous des drapeaux aux couleurs de la Palestine, les manifestants ont aussi exprimé leur opposition au rapprochement avec Israël. « La situation montre que la normalisation est sans issue », défend Sion Assidon, militant du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS, qui vise au boycott d’Israël) et membre du Front : « Celle-ci est allée jusqu’au stade d’une alliance militaire, dans l’espoir pour le Maroc d’y trouver une protection. Mais un allié qui n’est pas capable de se protéger vaut-il la peine ? Le moment est venu de faire marche arrière et de couper toute relation avec l’occupant. »

Dans les rangs politiques, les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) ont salué « l’opération héroïque de la résistance palestinienne », tandis qu’à gauche, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a « imputé à l’entité sioniste oppressive l’entière responsabilité de l’escalade militaire et de l’exacerbation de la situation ».

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