Éditorial – Attaque du Hamas contre Israël : l’effroi et l’impasse

L’offensive lancée contre l’Etat hébreu, samedi 7 octobre, est venue dissiper l’illusion du calme. Entre les exactions de la colonisation de la Cisjordanie, l’impéritie de l’Autorité palestinienne et la dérive vers l’extrême droite de la société israélienne, la perspective d’une issue pacifique et politique semble toujours plus lointaine.

Le Monde – La sidération le dispute à l’effroi devant le premier bilan de l’attaque massive lancée par le Hamas palestinien dans le sud d’Israël, samedi 7 octobre, et qui a visé de manière indiscriminée civils et soldats. Le bain de sang des nombreux massacres perpétrés, au moins 700 morts, plus de 2 300 blessés et une centaine d’otages dont certains exhibés comme des trophées côté israélien, et environ 500 morts côté palestinien : tout dans ces actes terroristes constitue un séisme dans l’histoire du conflit israélo-palestinien.

Cette attaque est sans précédent par sa sophistication, son ampleur mais également par le déchaînement de violence et de cruauté auquel elle a donné cours. Jamais par le passé l’armée israélienne, pourtant puissante et suréquipée, n’avait été ainsi prise en défaut à partir du réduit de Gaza. On ne peut que condamner l’opération terroriste du Hamas, qui a tout de la fuite en avant et contre laquelle Israël est fondé à riposter. Rien ne saurait justifier les atrocités qui ont été commises.

Depuis des années, avec l’épuisement des accords d’Oslo conclus il y a tout juste trente ans, les regards se sont détournés d’un conflit israélo-palestinien jugé sans issue. Cette tentative d’une paix entre Israéliens et Palestiniens reposant sur un partage honorable de cette terre disputée ayant échoué, la tentation de l’occultation s’est imposée.

Les fossoyeurs d’Oslo

Elle était illusoire, car, pendant la même période, la colonisation israélienne de la Cisjordanie n’a cessé de s’étendre, avec son lot d’exactions. Illusoire parce que l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, 87 ans, unique interlocuteur d’Israël et de la communauté internationale, a fini de perdre tout crédit à force d’impuissance, d’impéritie ou encore, dans le cas de son dirigeant, de saillies sinistrement antisémites, au bénéfice du Hamas et du mirage de la terreur et de la guerre. Illusoire encore car une part de plus en plus grande de la société israélienne n’a cessé de dériver vers l’extrême droite, au risque de dévoyer sa nature démocratique tout en sacralisant plus que jamais la terre.

Les éléments d’une déflagration étaient donc en place, le Hamas s’en est emparé. Cette déflagration a été précédée par des signes avant-coureurs caractéristiques d’un conflit asymétrique : la hausse des opérations meurtrières de l’armée israélienne en Cisjordanie ; la tentation renouvelée de la lutte armée dans une nouvelle génération de Palestiniens ; les crimes de guerre répondant aux crimes de guerre ; les provocations répétées des suprémacistes juifs de la coalition au pouvoir, dont le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est révélé le jouet. Aucun des anciens parrains d’un « processus de paix » qui s’était achevé dans une impasse n’a voulu regarder en face cet engrenage. Les diplomaties occidentales, hémiplégiques, ont invariablement reconnu à un camp plutôt qu’à un autre le droit à se défendre, comme à vivre librement.

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Le Monde

Source : Le Monde

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