Aux États-Unis, Trump peut-il être élu en prison ?

Le procureur spécial accusant l’ancien président américain d’avoir tenté de rester au pouvoir, malgré sa défaite électorale de novembre 2020, demande que le procès s’ouvre dès le 2 janvier 2024. Les primaires puis la campagne de l’an prochain devraient être rythmées par le calendrier judiciaire du républicain.

Le Monde – Donald Trump peut-il être élu en prison ? C’est la question qui taraude toute l’Amérique, alors qu’une litanie de procès s’annonce à partir de janvier 2024. La réponse est claire : oui, sans équivoque. Les seules conditions pour être élu président des Etats-Unis sont celles qui figurent dans la Constitution : être né citoyen américain, avoir plus de 35 ans et avoir résidé plus de quatorze ans dans le pays.

Les Etats fédérés peuvent imposer des inéligibilités aux condamnés pour les mandats locaux mais pas pour les mandats fédéraux. « Rien n’empêche Trump de se présenter. Même une condamnation fédérale n’empêche pas cela. (…) Même s’il était mentalement fou, a confirmé à Politico Eugene Mazo, professeur de droit à l’université Seton Hall (New Jersey). La Cour suprême a déclaré que ce qui figure dans la Constitution sont les seules exigences dont vous avez besoin pour vous présenter aux élections fédérales. »

D’ailleurs, comme le rappelle une enquête du site Politico, il existe un précédent célèbre, celui du socialiste Eugene Victor Debs. En 1920, le syndicaliste révolutionnaire fit campagne depuis son pénitencier de Géorgie, où il purgeait une peine de dix ans de réclusion fédérale pour avoir fait campagne contre la conscription et la participation à la première guerre mondiale. Il récolta 920 000 votes, soit 3,4 % des suffrages populaires. Le candidat et ses partisans avaient fait de sa condamnation un argument électoral, distribuant des badges à son effigie avec la mention « Pour président, le condamné numéro 9653 ». Les soutiens de Donald Trump font de même et diffusent des photomontages de leur champion en criminel portant l’écriteau des personnes interpellées par la police.

L’année 2024 s’annonce pénale

 

Donald Trump lui-même en fait de la publicité. Début août, il a envoyé un mail de campagne intitulé « 561 années en prison ». « Alors que le ministère de la justice corrompu de “Joe l’escroc” [Joe Biden] a de nouveau accusé illégalement votre serviteur, les rapports indiquent que je pourrais maintenant faire face à 561 ANNÉES de prison combinées à cause des chasses aux sorcières de la gauche. 6 VIES… », s’indigne l’ancien président, qui assure qu’après lui viendra le tour de ses partisans.

Le Washington Post a fait ses propres calculs et est parvenu à un total de… plus de 640 années, avant d’ajouter que, naturellement, Donald Trump ne subirait pas une telle condamnation. Le système américain a ceci de particulier que l’on peut être condamné autant de fois à la peine prévue que l’on a commis l’infraction – par exemple, quatre ans de prison multipliés par trente-quatre versements illégaux à la star du porno Stormy Daniels pour acheter son silence peuvent déboucher sur 136 ans d’emprisonnement. Les peines maximales sont rarement appliquées en cas de première condamnation et sont souvent confondues.

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(New York, correspondant)

 

 

 

Source : Le Monde – (Le 11 août 2023)

 

 

 

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