Mauritanie : les observateurs s’interrogent sur l’État policier du régime de Ould Ghazouani

Le quinquennat de Ould Ghazouani est marqué par quatre affaires d’assassinat de paisibles citoyens lors d’une patrouille de l’armée à l’intérieur du pays en mai 2020 et lors des interpellations dans des commissariats de police à Nouakchott et lors d’une manifestation à Boghé en 2023. Des bavures des forces armées et de sécurité impunies qui indignent les observateurs et les Mauritaniens dans leur diversité.

L’assassinat du charretier Abass Diallo le 28 mai 2020 à Wending dans le département de Mbagne au Sud du pays par une patrouille de l’armée, est la première affaire de justice à laquelle le président Ould Ghazouani est confrontée. Dans un premier temps les autorités politiques auraient tenté d’étouffer l’assassinat en proposant une indemnisation à la famille de la victime.

Dans un deuxième temps l’affaire est renvoyée à la gendarmerie sans suite judiciaire. Une affaire classée qui indigne les observateurs et les organisations nationales des droits de l’homme. La promesse d’un Etat de droit dès son investiture se révèle ainsi un leurre et montre le vrai visage de son régime de plus en plus policier avec trois autres affaires.

La première est relative à l’assassinat du militant des droits de l’homme Chouvi Cheine dans un commissariat de police après son interpellation en février dernier. C’est le président lui-même qui se précipite devant la scène médiatique pour secouer le système en renvoyant la balle à la justice. Et cela après des tentatives d’étouffement par le ministère de l’Intérieur et de la santé sur les résultats d’autopsie. Et en première ligne des protestations pour la première fois les Imams et érudits sortent de leurs réserves pour demander justice. Quatre policiers sont accusés d’homicide volontaire prémédité.  Après quatre mois, ils attendent toujours un procès.

La deuxième affaire est celle de la mort du jeune Oumar Diop après son interpellation le 28 mai dernier dans un commissariat de police à Nouakchott. Le commissaire communique sur sa page Facebook pour dégager toute sa responsabilité en invoquant qu’il était un jeune drogué.

La réaction officielle tardive qui persiste sur une enquête judiciaire en cours en dit long des tortures fréquentes dans les commissariats de police devenus des mouroirs pour les citoyens.

Six villes du pays s’embrasent contre l’impunité dont Boghé où un jeune Mohamed Lemine est tué par balles. C’est la troisième affaire. Le patron de l’espionnage mauritanien pointe du doigt les étrangers et les résidents étrangers surtout dans les villes frontalières avec le Sénégal.

Le dénominateur commun de toutes ces bavures de l’Etat c’est la violence policière érigée en système de gouvernance pour protéger des criminels de l’armée ou de la police ou de la gendarmerie. Bilan de quatre années de gouvernance quatre morts. Les Mauritaniens aspirent à la justice après plus de quatre décennies de gouvernance militaire sous vernis démocratique.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 31 mai 2023)

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