Juste un peu de courage en Mauritanie / Par Mamadou SAKHO

Ceux qui croient que des élections se fondent sur le communautarisme se trompent. Et lourdement d’ailleurs.

Ceux qui votent pour un candidat par communautarisme aiment, certes, leur communauté mais n’ont que foutre du pays, de sa cohésion, de la recherche de solutions aux maux auxquels il est confronté. Donc de son développement. Etre candidat est une chose hautement sérieuse et suppose que l’on se présente parce que l’on a des convictions et des pistes qui peuvent servir les citoyens. Or ce que je vois doit nous interpeller.

Les élections ne sont ni un festival ni un carnaval. Il ne s’agit pas d’être paré de son boubou de valeur ou de son costume, de faire une photo à son avantage et de se déclarer candidat à la députation. Non, c’est beaucoup plus sérieux que cela, chers concitoyens !

Ceux qui mangent dans les mains du régime ont tout lieu d’être heureux, c’est une pitance gratuite, en échange d’une perte certaine de dignité et d’un « griotisme » zélé. Ceux-là ne se posent qu’une question, mais elle est essentielle : Comment continuer à manger tout faisant croire à ceux qui ont voté pour eux qu’ils sont à leur service ? C’est du grand art.

Chaque communauté a ses candidats et aucune communauté ne supporte qu’un membre d’une autre communauté critique un candidat de sa communauté. Et cela frise parfois le « parentisme. » Ceux qui vont voter, peu importe pour qui ils vont voter dès lors que c’est par conscience et conviction, le font pour l’amélioration de leur vie. Ils le font dans un souci d’être considérés comme citoyens mauritaniens à part entière dans un pays fracturé, miné par la corruption, le népotisme, l’exclusion et autres.

La jeunesse est désorientée, elle est en proie au chômage et à l’oisiveté. On entend souvent des responsables- je suis poli donc je ne dis pas connards- dire qu’il faut venir en aide aux plus démunis d’entre-nous. Mais ça nous l’avons toujours fait, et nous n’avons pas attendu que deux qui croient avoir inventé l’eau chaude nous le disent. C’est notre tradition, elle est là et éternelle !

La jeunesse attend des emplois, elle attend, elle attend, et elle ne fait que ça ! Les racines de ce mal sont à chercher dans notre histoire. Il me désole de le dire, mais nous sommes un peuple à éclipses historiques. Nous n’aimons pas nous dire la vérité. Elle a beau être sous nos yeux, grosse et causante, nous ne la voyons pas délibérément. Certains par manque de courage, d’autres par lâcheté. Or c’est elle seule qui permet d’avancer.

Depuis 1960 nous débattons de la même chose, et rien n’avance. L’unité nationale dont tout le monde parle commence par la reconnaissance des massacres dont ont été victimes nos concitoyens noirs en 1989. Aucun candidat ne peut ou ne doit passer cet épisode sous silence, fut-il candidat du parti au pouvoir ! Et tout candidat du pouvoir s’honorerait en reconnaissant ce crime de masse dont certains supposés auteurs se pavanent dans l’impunité.

Beaucoup de nos concitoyens de la diaspora ont été victimes de cette tentative d’épuration ethnique. C’est un fait, et il faut avoir le courage politique de le reconnaitre. Ce n’est qu’après que nous pourrons débattre dans la sérénité avec la joie d’appartenir au même pays.

Seul un « règlement »définitif de cette question, qui est un problème national et non communautaire comme certains ont tendance à le penser, nous ouvrira le chemin pour une autre Mauritanie. On a beau retarder l’échéance, nous n’y échapperons pas. Ces élections sont sérieuses et nous espérons voir à l’assemblée nationale des femmes et des hommes qui aiment plus leur pays que leur communauté.

 

 

 

Mamadou SAKHO

Facebook – Le 28 avril 2023

 

 

 

 

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