En Tunisie, le parti Ennahda considère que Rached Ghannouchi a été « enlevé »

Agé de 81 ans, le président d’Ennahda, formation islamo-conservatrice, a été arrêté à son domicile près de Tunis. Ni ses proches ni ses avocats n’avaient eu connaissance, lundi soir, de son lieu de détention.

Le Monde – Le chef du mouvement tunisien d’inspiration islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, 81 ans, a été arrêté à son domicile près de Tunis dans la soirée du lundi 17 avril, sur instruction du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. Les autorités ont également fermé mardi matin 18 avril le siège d’Ennahda dans la capitale tunisienne ainsi que celui du Front du salut national (FSN), une coalition de partis d’opposition dont Ennahda est la principale composante.

Selon un responsable du ministère de l’intérieur cité par l’agence de presse officielle Tunisie Afrique Presse (TAP), l’arrestation de M. Ghanouchi est la conséquence de récentes déclarations du dirigeant du parti. Lors d’une réunion publique organisée samedi 15 avril, le chef de file du mouvement islamo-conservateur avait mis en garde contre la mise à l’écart par le président Kaïs Saïed de certaines tendances politiques, dont l’islam politique, évoquant le risque de provoquer une « guerre civile ». Le président du mouvement Ennahda et ancien président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) avait également accusé le régime de M. Saïed d’être semblable à celui de Zine El-Abidine Ben Ali, président de 1987 à 2011, et de s’être rendu coupable de « crimes et de terrorisme ».

Ennahda, principal parti d’opposition à Kaïs Saïed depuis le « coup de force » du 25 juillet 2021 – lors duquel le président a imposé un régime d’exception –, a condamné l’arrestation de son dirigeant. La formation, qui avait joué un rôle central dans toutes les coalitions gouvernementales entre 2011 et 2021, a demandé la libération immédiate de son président et l’arrêt des poursuites contre les opposants politiques.

« Ce qui choque, ce n’est pas tant l’arrestation, car il y a une vingtaine de prisonniers politiques aujourd’hui, mais c’est le procédé, a déploré un cadre du parti s’exprimant sous le sceau de l’anonymat. Mener un raid sur la maison d’un opposant politique de 81 ans pour l’emmener en détention dans la “nuit du destin” [une nuit sacrée pour les musulmans], c’est un nouveau record de bassesse pour ce régime. »

 

Terrorisme et sûreté de l’Etat

 

Avec l’arrestation de M. Ghannouchi, la seule figure de l’opposition à demeurer libre de ses mouvements est Ahmed Néjib Chebbi, président du FSN. Sa capacité d’action est toutefois désormais très limitée. M. Chebbi et d’autres membres de la coalition ont été empêchés d’accéder mardi matin à leurs locaux – fermés – où une conférence de presse devait se tenir à la suite des événements de la veille au soir.

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(Tunis, correspondance)

Source : Le Monde

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