L’Arabie saoudite et l’Iran donnent corps à leur rapprochement sous l’égide de la Chine

La détente irano-saoudienne crée les conditions d’une normalisation accélérée des relations de Riyad avec le président syrien Bachar Al-Assad.

Le Monde – Par l’entremise de leurs ministres des affaires étrangères, réunis à Pékin jeudi 6 avril, l’Arabie saoudite et l’Iran se sont entendus sur les modalités de leur rapprochement. Après six ans de rupture diplomatique, les deux rivaux moyen-orientaux avaient scellé la reprise de leurs relations par un accord signé, le 10 mars, dans la capitale chinoise.

Jeudi, les chefs de la diplomatie saoudienne, le prince Faisal bin Farhan Al Saoud, et iranienne, Hossein Amir Abdollahian, ont acté de premières mesures : la réouverture de leurs représentations diplomatiques, la reprise des vols aériens, des visites bilatérales et la délivrance de visas, notamment pour le pèlerinage à la Mecque.

Plusieurs lieux avaient été envisagés pour cette rencontre, dont Bagdad, Mascate et Genève qui ont facilité les pourparlers secrets entre les deux pays depuis avril 2021. C’est une nouvelle fois en Chine, cosignataire de l’accord du 10 mars, que Riyad et Téhéran ont choisi de se retrouver, signe du rôle accru de Pékin au Moyen-Orient, sur fond de désengagement américain. Les chefs de la diplomatie saoudienne et iranienne devraient se réunir prochainement à Riyad et Téhéran pour approfondir leurs échanges sur la coopération bilatérale en matière économique et sécuritaire.

Les deux puissances rivales semblent décidées à avancer rapidement dans la normalisation de leurs relations. Le président iranien Ebrahim Raïssi a accepté l’invitation, adressée mi-mars par le roi saoudien Salman Ben Abdelaziz Al Saoud, pour une visite officielle dans le royaume. Elle pourrait avoir lieu lors de la réouverture des ambassades, avant la mi-mai, ou lors du prochain sommet de la Ligue arabe, à Riyad le 19 mai.

Changement après le séisme

Ce sommet cristallise déjà toutes les attentions, malgré le rôle limité joué par l’organisation régionale. Il pourrait marquer le retour de la Syrie dans le giron arabe, douze ans après en avoir été exclue du fait de la répression meurtrière du soulèvement de 2011. Ce coup d’accélérateur à la normalisation arabe avec Damas est voulu par Riyad. Principal soutien de l’opposition syrienne, le royaume saoudien y était encore ouvertement opposé il y a peu, à l’inverse des Emirats arabes unis ou de la Jordanie qui ont scellé leur réconciliation avec Damas. Il a changé de pied après le séisme qui a frappé la Syrie, et son voisin turc, le 6 février, encouragé dans cette voie par son rapprochement avec Téhéran.

 

Selon une source diplomatique française, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman a confirmé au président Emmanuel Macron son intention d’inviter le président syrien Bachar Al-Assad à ce sommet. Opposés à toute normalisation avec le régime de Damas, Paris comme Washington jugent la réconciliation arabe avec M. Assad inéluctable, et appellent leurs alliés à exiger a minima du président syrien des concessions en retour, notamment sur la libération de détenus et une solution politique à la crise. Ce rapprochement pourrait fragiliser la position des Américains et des Européens, qui maintiennent des sanctions contre le régime syrien. Il serait en revanche perçu comme une victoire par l’Iran, principal soutien du régime Assad avec la Russie, qui aimerait voir les troupes américaines quitter la Syrie.

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(Beyrouth, correspondante)

Source : Le Monde  

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