Enquête – La Guinée-Bissau, un narco-État aux ramifications tentaculaires

Courrier international  – La Guinée-Bissau, située sur la côte ouest de l’Afrique, est devenu une véritable tête de pont du trafic de drogue international entre l’Amérique du Sud et l’Europe. L’État entier, jusqu’au sommet du parti au pouvoir, est gangrené. “Expresso” revient sur l’itinéraire du chef du parti du président bissau-guinéen, le tout-puissant parrain politico-mafieux Braima Camará, qui a trouvé au Portugal le moyen de blanchir un flux d’argent sale.

Personne ne le connaît au Portugal, mais il est incontournable en Guinée-Bissau. Braima Camará fait partie intégrante de la vie politique de ce petit pays africain et est depuis ces dernières années l’une des personnalités les plus influentes de l’élite locale. Il a été conseiller spécial pour “les affaires économiques et l’investissement privé” des présidents Nino Vieira et José Mário Vaz, et ministre conseiller du président Malam Bacai Sanhá. Il est actuellement député et chef du Madem-G15, le parti d’Umaro Sissoco Embaló, l’actuel chef de l’État.

Jusqu’au sommet de l’État

Selon les investigations d’Expresso, Braima Camará a effectué pour près de 2 millions d’euros de dépôts en espèces entre 2014 et 2017 dans deux banques portugaises et a acheté en son nom, celui de son fils et celui d’une compagne quatre appartements au Portugal pour une somme de 1 300 000 euros au cours des dix dernières années. Ces éléments ont beau indiquer une suspicion de blanchiment d’argent, Camará ne fait l’objet d’aucune enquête ni de mise en accusation au Portugal.

En 1994, il a été jugé au Portugal pour une affaire de trafic de drogue, mais acquitté. En 2012, il a été soupçonné de faire partie d’un réseau international de distribution d’héroïne, mais le dossier a été classé. En 2017, le Département central d’investigation et d’action pénale (DCIAP – [un organe du Ministère public]) a ouvert une enquête pour blanchiment d’argent avec l’appui de l’Unité nationale de lutte contre la corruption (UNCC) de la police judiciaire à la suite d’un ensemble de dépôts en numéraire d’un montant de 700 000 euros, qu’il avait effectués entre août et septembre, en à peine un mois, sur un compte de la Caixa Geral de Depósitos (CGD) au nom de son fils Yannick Carrington Camará, un étudiant sans la moindre activité professionnelle connue.

La blanchisserie portugaise

D’après des sources judiciaires au fait de ce qui se passe à Bissau, l’élite bissau-guinéenne utilise intensivement le Portugal pour blanchir de l’argent, les revenus du trafic de drogue entre autres. Le sujet est d’ailleurs à l’ordre du jour depuis 2019, quand la Guinée-Bissau, qui avait été cataloguée narco-État douze ans auparavant, a connu ses deux plus grandes saisies de cocaïne de tous les temps.

Expresso (Lisbonne)

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