Mauritanie : Ould Ghazouani à l’épreuve de l’équité territoriale  

La troisième année du quinquennat de Ould Ghazouani qui s’articule sur une idéologie nouvelle du parti INSAF qui veut dire équité ne fait pas d’illusion sur l’iniquité territoriale qui ne date pas d’aujourd’hui. Une gouvernance qui perpétue à travers la politique d’effacement des populations de la vallée ou la dérive de la propriété foncière et la mise en place d’une nouvelle politique d’investissements au profit des palmeraies et des industries extractives au Nord.

L’équité territoriale relance en même temps le débat sur la décentralisation, un casse-tête politique qui ne sert jusqu’ici qu’au pouvoir central qui a du mal à procéder à l’autonomie financière des 6 régions et 12 wilayas que compte le pays depuis 2018 à la suite du référendum de 2017.

Les intentions superficielles de l’exécutif relayées par le ministre de l’Intérieur évitent de s’attaquer aux causes profondes de désarticulation des territoires qui ne sont pas considérés comme des territoires de développement local. Ce n’est pas un hasard si l’ex-président Ould Aziz avait redessiné la carte administrative pour des raisons électoralistes par exemple le Guidimaka est rattaché à la deuxième région qui regroupe l’Assaba et le Tagant. Ould Aziz a également créé de toute pièce la ville nouvelle de Chami au Nord, ville d’or pour l’orpaillage artisanal pour en tirer personnellement profit. Ould Ghazouani fait de Tékane un nouveau département du Trarza. C’est le fief de son puissant ministre de l’Économie.

Ce sont des arguments d’apparence anodine mais qui reflètent bien une gouvernance partielle et partiale des locataires du palais de Nouakchott de Mokhtar Ould Daddah à Ould Ghazouani. L’équité territoriale est censée doter chaque région de moyens financiers et humains pour son envol économique malgré les spécificités territoriales. A l’évidence le Nord a une vocation industrielle grâce à l’installation des industries extractives, le fer et l’or notamment qui contribuent largement au budget de l’Etat et au PIB.

Le Sud ou la vallée du fleuve Sénégal est agricole mais les populations souffrent d’une politique d’effacement depuis 1983 la réforme foncière qui redistribue les terres agricoles au profit des investisseurs. Cette opposition Nord-Sud n’a de sens que si toutes les richesses sont partagées par tous les Mauritaniens. Et c’est le sens d’une équité territoriale à l’aune des législatives municipales et régionales de 2023.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 15 août 2022)

 

 

 

 

 

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