Je sais qu’il était noir / Par Elbane Hamady

Dans ma rue, un inoubliable rituel…

Au soleil couchant, avant la prière du « Maghreb », une haie d’honneur d’enfants de tous âges se formait presque tous les soirs à l’angle sud-est de l’immense fort de l’armée d’Aioun El Atrouss.

« Mais que passe-t-il ? En quel honneur ? ». Questionnement légitime, n’est-ce pas ?

Sauf que, dans cette rue sablonneuse de mon quartier, il suffisait juste de se taire et d’attendre.

Attendre…

Une silhouette fine et élégante se détachait à l’horizon dans le jaune-orangé du soleil évanescent.

Dans un silence presque religieux, on entendait le son des sandales à la rencontre du sable fin et des lames tranchantes de grès bouillants au bout de la rue.

L’âne s’arrêtait de braire, le chevreau ne bêlait plus, le margouillat levait la tête.

C’était sûr, « Quelque chose rayonne en silence » comme disait le petit prince.

Et un, et deux, et trois… Tous les enfants tendaient leurs mains toutes tatouées de sable fin.

Des petits biscuits secs comme s’il en pleuvait dans les petites mains grandes ouvertes. Il n’en restait peut-être même plus pour ses propres enfants.

Monsieur rentrait à la maison du marché après sa journée de travail.

Mais voilà, c’était tout lui.

Il y a des hommes d’une densité profonde.

Je ne me souviens pas du nom de ce grand Monsieur. Je sais qu’il était noir, qu’il portait souvent un boubou blanc et un petit béret avec un petit pompon sur la tête.

Juste quelqu’un de bien.

Passe le message à ton voisin !

 

 

Elbane Hamady

 

 

 

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