L’esport africain, au-delà des clichés

Agence de Presse Africaine  – Malgré sa professionnalisation, la pratique des jeux vidéo se heurte à des préjugés tenaces sur le continent noir.

« Les gamers ne sont pas sociables ». Une étiquette parmi tant d’autres qui colle à la peau des adeptes de jeux vidéo. « Étant un joueur professionnel, je m’entraîne très dur pour atteindre mes objectifs. Je passe néanmoins de bons moments avec ma famille et mes amis. C’est un équilibre de vie à trouver », affirme Papa Adama Fally Thiam dit Addexx.

Dans le monde, un certain nombre d’idées préconçues entourent le gaming. Ces stéréotypes ont un effet dissuasif sur son acceptation par la société. En Afrique, bien plus qu’en Occident, le jeu vidéo est connoté négativement.

« Certains pensent que c’est uniquement pour les enfants, c’est violent et ça abrutit. On cherche toujours à voir le mauvais côté des choses, mais notre génération a appris à parler l’anglais et a acquis des connaissances historiques grâce aux jeux vidéo », rétablit Baba Dioum, président de l’Association sénégalaise des gamers (Sengames).

Ce trentenaire sait de quoi il parle. Cofondateur de Solo esport, l’unique club professionnel au Sénégal, il a grandi au milieu des consoles dans une famille où même les parents s’octroyaient des moments de détente. « Les joueurs sont monsieur et madame tout le monde. Nous avons beaucoup de cadres qui sont dans les grandes entreprises. Il y a également des profils dont la vie tourne autour de l’esport ou du gaming », argumente le spécialiste des technologies numériques.

Au siège de Sengames, niché dans un quartier résidentiel de Dakar, une panoplie d’activités vidéoludiques sont proposées aux adhérents. Pour une catégorie d’enfants, c’est un lieu de socialisation.

« Ils sont peut-être nés dans des familles qui les gardent un peu trop à la maison. Avec Fortnite par exemple, ils peuvent discuter avec d’autres Sénégalais de leur âge qui jouent au même moment. Des lieux comme Solo esport leur permettent de rencontrer ces amis virtuels et de tisser des relations. Il y a des classifications par âge aussi. Un enfant ne peut pas jouer à tout », souligne M. Dioum.

L’esport, c’est-à-dire la pratique compétitive des jeux vidéo, participe à faire tomber les clichés : « On avait un joueur de 16 ans qui devait participer à un tournoi de Orange. Sa mère n’était pas d’accord au début. Quand son fils a reçu un chèque d’un million F CFA qui récompense ses performances, elle est venue le récupérer avant de raccompagner son enfant à la maison », se souvient-il. L’adolescent en question allie aujourd’hui esport et études.

Créée en 2010, la communauté des gamers du Sénégal se fortifie avec notamment des mariages entre membres. « Cela est formidable »commente Baba Dioumnon sans lister des vertus de sa passion.

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APA(Dakar (Sénégal) – Par Ibrahima Dione

Source : Agence de Presse Africaine (APA) – Le 30 mai 2022

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