Ligue 1 : le PSG valide, dans l’indifférence de ses supporteurs, un titre de champion attendu

Le Paris-Saint-Germain a remporté un dixième championnat de France après son match nul contre Lens (1-1), samedi, au Parc des Princes. Mais l’élimination par le Real Madrid en huitième de finale de Ligue des champions ne passe pas chez les ultras.

Le Monde – Paris est une fête, mais la fête est parfois triste et les convives n’ont pas le cœur à trinquer. Samedi 23 avril, le Paris-Saint-Germain (PSG) a validé son titre de champion de France malgré un résultat nul contre Lens (1-1) lors de la 34e journée de Ligue 1. Avec ce dixième sacre, le club rejoint l’AS Saint-Etienne au sommet du football français, mais la statistique a laissé froid une partie du public du Parc des Princes.

Il y a bien eu un frisson avec la splendide ouverture du score de Lionel Messi (68e), mais les Lensois – réduits à dix – ont égalisé par Corentin Jean (89e) et ont vite fait retomber l’enthousiasme. Comme prévu, le virage Auteuil – où sont regroupés les ultras du club – a accueilli le nouveau titre avec un mélange d’indifférence et de défiance.

« On essaye de prendre du plaisir, dommage si ce n’est pas avec les supporteurs », lâchait Marquinhos, capitaine dépité au micro de Canal+. Messi, lui, avait déjà filé aux vestiaires. Circulez, il n’y a rien à célébrer, ou du moins à l’intérieur du stade.

Vendredi soir, dans un communiqué, le Collectif Ultras Paris (CUP) avait proposé à ses membres de quitter la tribune Auteuil « dès la 75e minute si le score nous est favorable » pour une contre-fête organisée à l’extérieur de l’enceinte. A sa façon, le CUP – en conflit avec la direction du PSG depuis plusieurs semaines – répondait à la demande de Mauricio Pochettino de ne pas sous-estimer la valeur de cette nouvelle couronne de champion. « Remporter un titre national est quelque chose qui a de la valeur parce que, quand on ne le gagne pas, cela devient un gros problème », développait l’entraîneur argentin quelques heures plus tôt en conférence de presse.

Dans l’histoire du PSG, il y a ceux de 1986 et de 1994, et les autres. Parce qu’ils sont les premiers, ils gardent ce goût de rareté pour un club plutôt amoureux des coupes et fâché avec le concept de contrôle continu exigé par un championnat à trente-huit journées. Mais depuis 2011 et le début de l’ère Qatar Sport Investements (QSI), les Parisiens ont soulevé huit fois l’Hexagoal.

« Empilement de stars »

Pour un club aux moyens disproportionnés à l’échelle nationale, le titre de champion de France est devenu un moindre mal. Même dans l’esprit d’une bonne partie de ses supporteurs. Il y a pourtant eu des « accidents », comme en 2012 face au Montpellier d’un Louis Nicollin président comblé et décoloré en orange et bleu. Cinq ans plus tard, c’était l’heure d’un Monaco en apesanteur emmené par un Kylian Mbappé à peine majeur. Il y a un an, un Lille réaliste déjouait la logique.

Cette saison, la concurrence a été trop faible ou inconstante pour entretenir un semblant de suspens. Marseille n’a jamais regardé plus haut que la deuxième place, Rennes a connu trop de trous d’air malgré le meilleur fond de jeu du championnat, Monaco s’est réveillé trop tard et Lyon est resté un mirage jusqu’au bout.

Bref, le PSG n’a pas eu à forcer son talent et il n’a pas vraiment essayé. Celui de Mbappé (vingt-deux buts et quatorze passes décisives) a souvent suffi et mit la poussière sous le tapis, celle d’une équipe sans identité ni intensité, capable d’enchaîner quatre matchs nuls (souvent heureux) en cinq matchs entre décembre 2021 et janvier. « On recherche notre identité de jeu avec les joueurs et les talents que l’on a », admettait alors dans un entretien à L’Equipe Mauricio Pochettino.

A l’époque, le technicien venait enfin de trouver un pied-à-terre dans le 8e arrondissement après un an à l’hôtel. S’il en avait fini de sa vie à la Michel Polnareff, il donnait plus que jamais l’impression de ne pas occuper la fonction. L’ancien défenseur a bien tenté de demander plus de générosité à ses hommes, d’asseoir son autorité. Un regard noir et incrédule de Lionel Messi – remplacé en fin de match contre Lyon lors de la 6e journée – l’a dissuadé pour de bon d’aller à l’encontre des statuts et des privilèges dans un effectif bâti dessus.

« Suis-je toujours entraîneur ou suis-je un politicien du sport, un ministre des sports ? », se demandait son prédécesseur, Thomas Tuchel. Trois jours plus tard, l’Allemand était remercié. Pochettino ne l’est pas encore, mais depuis l’élimination contre le Real Madrid en huitième de finale de Ligue des champions, son sort paraît scellé et le nom de l’Italien Antonio Conte circule déjà avec insistance.

 

Tout le monde ou presque a déjà oublié que son PSG a marché sur le Real pendant trois mi-temps avant un improbable effondrement consécutif à l’erreur de son gardien, Gianluigi Donnarumma. Avec un peu d’avance, le PSG a terminé sa saison ce 9 mars au stade Bernabeu. Quelques jours plus tard, Messi et Neymar étaient sifflés par le virage Auteuil lors de la réception de Bordeaux. Au-delà de leur personne ou de leur niveau de jeu du moment, c’était la stratégie sportive du club (ou plutôt marketing, selon les ultras) qui était visée.

Le titre fêté le 21 mai contre Metz

Dans le même temps, le CUP lâchait Nasser Al-Khelaïfi, président alors épargné pour avoir favorisé le retour des ultras au Parc. Trop souvent absent, le Qatari ne serait plus « l’homme de la situation » et le CUP déplorait « un empilement de stars » et le « rythme de sénateurs » en championnat.

Déjà éliminé en Coupe de France, le PSG cherchait un sens à cette fin de saison. Les supporteurs réclamaient du temps de jeu pour les gamins du centre de formation, mais Pochettino donnait des miettes aux Edouard Michu et Xavi Simons. Kylian Mbappé soignait toujours ses statistiques et entretient depuis l’espoir d’une prolongation de contrat.

Dans une certaine indifférence, Paris corrigeait Lorient (5-1), Clermont (6-0), Angers (3-0), ce qui, dans le fond, ne faisait que renforcer l’idée que cette équipe était forte face aux faibles et quand ça lui chantait. Neymar offrait un aperçu d’un talent déjà donné comme déclinant. Vu de Doha, on trouve que le compte n’y est pas (500 millions d’euros investis sur lui en cinq ans) et le Brésilien agace quand il confie sur Twitch ses envies d’Amérique et de MLS, « où tu as trois ou quatre mois de vacances ».

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Alexandre Pedro

 

 

 

Source : Le Monde (Le 23 avril 2022)

 

 

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