UA : ce que les observateurs attendent de la présidence de Macky Sall

Le président sénégalais vient de prendre la présidence tournante de l’Union Africaine dans un contexte de résurgence de coups d’Etat militaires notamment dans la zone Ouest-africaine. Double défi pour Macky Sall qui devra ouvrir le chantier des troisièmes mandats.

Les observateurs ne veulent pas une présidence de routine mais un leadership performant avec un agenda bien précis. Si la présidence de l’UA du président rwandais en 2018 est considérée comme un premier tournant dans la restructuration de l’organisation panafricaine longtemps paralysée par le poids de ses superstructures, les observateurs attendent de Macky Sall, une vision panafricaniste et une présidence pragmatique qui passe par une Union africaine audacieuse pour mettre fin aux gouvernances militaires.

Dans un contexte de résurgence des violations des constitutions symbolisées par les coups d’Etat militaire au Tchad, en Guinée au Mali et au Burkina Faso sur fond d’une tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau, le premier défi du président sénégalais c’est d’ouvrir le chantier de la limitation à deux mandats avec un verrou pour empêcher le changement des constitutions durant les deux législatures.

C’est une réforme urgente valable pour la CEDEAO pour éviter de paraître comme des syndicats de chefs d’Etat qui ne représentent qu’eux-mêmes. C’est un chantier de longue haleine qui a tout son sens au moment où l’UA fête ses vingt printemps. Le deuxième chantier attendu est relatif à la crise de la covid-19 dont l’impact sur les économies n’est plus à démontrer. La présidence sud-africaine en 2020 et congolaise en 2021 enseignent une nécessité de coordonner les actions en faveur de l’obtention des vaccins par le canal du programme de l’OMS ou COVAX et en particulier l’urgence de fabriquer des vaccins sur le sol africain. L’Afrique du Sud est déjà bien en avance.

C’est la capacité de l’organisation panafricaine à faire face aux endémies qui est pointée du doigt. Le troisième défi est la menace jihadiste au Sahel et qui tend à se prolonger jusqu’au golfe de Guinée en particulier la Côte d’Ivoire et le Bénin dans un contexte de réorganisation du dispositif français Barkhane.

Une nouvelle situation qui engendre des tensions vives entre le Mali et la France au bord de la rupture politique et militaire. L’un des meilleurs élèves de la Françafrique devra faire preuve de courage pour ouvrir des médiations entre le Mali et la France et la CEDEAO dont les sanctions sont démesurées pourraient entraîner des difficultés économiques au Sénégal. Premier partenaire commercial du Mali, Macky Sall est appelé à jouer une diplomatie soft power au niveau de la sous-région. Kagamé a essayé de dégraisser le Mammouth, Macky Sall peut mieux faire.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 08 février 2022)

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