Mauritanie – Préparatifs des concertations politiques : Premier tour de table

 Le Calame – Les acteurs politiques de la majorité et de l’opposition ont tenu, le mercredi 27 Octobre, une réunion préparatoire au lancement des concertations politiques. Maîtresse d’œuvre, la présidence de l’UPR a, semble-t-il, ratissé large. Plus de trente partis, mouvements politiques et personnalités indépendantes étaient conviés à ce premier tour de table.  Rencontre d’échanges, selon diverses sources, sur les périphéries des prochaines concertations. On s’est juste contenté d’écouter les différents points de vue, évaluer le rapport majorité-opposition et fixer le cadre du dialogue, en explorant son format et son chronogramme, la composition du comité de pilotage et sa présidence, etc. Le retour à Nouakchott, il y a quelques jours, de l’ex-candidat à la présidentielle de 2019, Sidi Mohamed Boubacar, entrerait-il dans les manœuvres de positionnement autour de celle-ci ?

Aux termes de longs discours parfois « hors sujets », cette première rencontre a donc permis de jauger le point de vue des acteurs politiques mauritaniens. Et marque, même si le débat est resté très général, le début « des choses sérieuses ». Avant de se séparer, les participants se sont donné une à deux semaines pour approfondir leur contribution et permettre ainsi d’actualiser la feuille de route concoctée par les partis politiques.

On notait l’absence du président de l’APP, Messaoud ould Boulkheïr qui a préféré envoyer un représentant. Du côté du RFD, c’est l’avocat Yakoub Diallo qui a représenté le parti : il pilote depuis quelque temps ce dossier « technique ». Comme on l’a déjà constaté, le président Ahmed ould Daddah s’est mis quelque peu en retrait. Du côté de l’UFP, c’est Mohamed ould Khlil qui a représenté son parti, le président Maouloud étant actuellement à l’étranger.

Éclosion, enfin, d’un long processus enclenché depuis Février 2020 avec la mise en place du cadre de concertation des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale ? La lutte contre le COVID en était l’argument, le président Ghazwani ayant appelé à un consensus autour de la pandémie. Lesdits  partis avaient saisi la perche pour parler d’autres enjeux nationaux qui ne pouvaient, en fait, être débattus qu’à travers un dialogue national inclusif. Un cadre que quitteront d’ailleurs quelque temps Tawassoul, principal parti de l’opposition démocratique, et l’AJD/MR du président Ibrahima Sarr. Tous deux dénonçaient les visées, « pas du tout claires » de ce processus et le peu de « lisibilité » de ses actions.

Ces partis restent, comme l’APP, « très réticents et prudents ». Iront-ils jusqu’à boycotter les concertations ? La question reste posée. Plusieurs observateurs redoutent une division de l’opposition, comme ce fut l’ordinaire des dialogues précédents. Parallèlement à la mise en place dudit cadre, le principal parti de la majorité présidentielle avait enclenché un processus de concertations internes sur les questions nationales, comme l’unité et la cohésion sociale. Des actions qui ne pouvaient qu’aboutir à un dialogue politique inclusif pour se donner du poids auprès du président de la République.

Vers un nouveau pacte républicain ?

Ce dialogue politique inclusif était également réclamé par plusieurs partis de l’opposition. En effet, la dernière présidentielle avait fait apparaître une fracture au niveau national, à travers la candidature de la Coalition Vivre Ensemble (CVE),portée par le docteur Kane Hamidou Baba, et celle de Biram Dah Abeïd, dénonçant tous deux la « marginalisation » de la composante noire du pays et accusés, en conséquence, de « communautarisme ». Le malaise apparu au lendemain de la proclamation des résultats de l’élection, le lourd dossier du passif humanitaire, la place des langues nationales dans le système éducatif et l’administration et la question récurrente de l’esclavage et de ses séquelles n’ont cessé de constituer comme un goulot d’étranglement pour le pouvoir. La tenue, en début d’année scolaire, de concertations sur le système éducatif et ses recommandations interrogent par ailleurs bon nombre d’observateurs.

Toutes ces préoccupations ne peuvent, selon lesdits acteurs politiques, trouver un consensus qu’au sein d’un dialogue politique sérieux et inclusif. Mais le président Ghazwani s’y était opposé, pensant que l’ouverture des portes de son palais aux acteurs de l’opposition suffirait à normaliser les relations entre son pouvoir et celle-ci. Or nombre de ses acteurs espèrent beaucoup plus que des entretiens privés. Ils veulent un véritable changement d’avec le régime et les pratiques de gouvernance de son prédécesseur.

La persistance de celles-ci, déplorables, le recyclage d’anciennes figures aziziennes, les lenteurs et hésitations dans la gestion du dossier d’Ould Abdel Aziz tendirent l’atmosphère entre les deux camps. Le président de la République se dit alors prêt à accepter des « concertations politiques » avec l’opposition. Mieux, de déclarer que son gouvernement en accompagnerait le processus et mettrait en œuvre les recommandations de ses participants. De leur côté, les leaders de huit partis dont Messaoud ould Boulkheïr affirmaient, lors d’une conférence de presse commune, que ce serait le « dialogue » ou rien. Les uns et les autres conviendront ensuite que les deux formules veulent dire la même chose et en engageaient enfin les préparatifs.

 

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Dalay Lam

 

 

 

 

Source : Le Calame

 

 

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