Mauritanie : l’arrestation d’un journaliste remet à l’ordre du jour la loi sur la cybersécurité

L’arrestation du journaliste Ould Atfagha cette semaine à Nouakchott pour avoir diffusé en direct sur sa page Facebook des images de gendarmes, relance le débat sur la loi sur la cybersécurité.

Les observateurs ne sont pas surpris de l’interpellation cette semaine à Nouakchott du journaliste mauritanien qui a publié sur sa page Facebook des photos de gendarmes à Nouakchott. C’est un des gendarmes qui s’est reconnu sur cette vidéo qui a porté plainte avant de la retirer après des polémiques sur les réseaux sociaux qui pointent une atteinte aux droits d’expression et d’opinion garantis par la constitution mauritanienne.

Cette arrestation survient plus d’une semaine après le débat à l’Assemblée nationale sur la loi controversée relative à la cybersécurité dont la promulgation poserait des problèmes sur les offenses du chef de l’Etat et le moral des forces armées et de sécurité. Le trublion blogueur Ould Atfagaha vient de faire ainsi les frais d’une loi liberticide qui n’est pas encore entrée en vigueur et dont les grands contours ne respectent pas la liberté démocratique. Le chef de l’Etat premier magistrat du pays ne peut échapper à des critiques parce qu’il est élu par le peuple. Les forces armées et de sécurité n’échappent pas non plus à la règle.

Le cas contraire fait basculer la Mauritanie dans une monarchie. Sans amendements à cette loi, les journalistes, défenseurs des droits de l’homme, militants anti-esclavagistes et les chefs de partis de l’opposition dits anti systèmes sont condamnés au silence ou la prison en critiquant le tribalisme, le clanisme, le racisme, le régionalisme ou le chef de l’Etat. C’est la porte ouverte à tous les excès de zèle du pouvoir sur les citoyens sans leur donner la possibilité de se défendre.

L’histoire judiciaire retiendra l’affaire du blogueur Ould Mkheitir qui a fait couler beaucoup d’encre et dont certains magistrats ont dénoncé les errements avant sa libération sous la pression de la communauté internationale. Dans un pays où ceux qui sont censés appliquer la loi font leurs propres lois on aboutit à une justice essentiellement punitive et répressive.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 14 août  2021)

 

 

 

 

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