G5 Sahel : le Mali grand perdant de la reconfiguration de Barkhane par Paris

La France ferme ses trois bases militaires au Nord du Mali au profit de la force européenne « TAKUBA » pour modifier sa stratégie de présence militaire dans ce pays depuis l’opération Serval en 2013. Bamako paie ainsi pour la deuxième fois après la suspension de la coopération militaire les conséquences du deuxième coup d’Etat du colonel Goïta.

C’est le nouveau défi du président français qui recentre sa force de frappe Barkhane au Sahel pour s’adapter à l’évolution de la situation avantageuse pour les jihadistes qui progressent vers le Sud, le golfe de Guinée. Et c’est le Mali le grand perdant de cette reconfiguration avec en toile de fond la fermeture de trois bases militaires au Nord du pays. Le nouvel homme fort malien paie cash son double coup d’Etat qui agace l’Elysée qui semble répondre à la défiance du peuple malien envers sa présence militaire depuis l’opération de Serval en 2013, qualifiée d’efficace malgré l’armada déployée sur le terrain contre les terroristes islamistes. En réalité, la reprise de sa coopération militaire conjointe avec Bamako est une suite logique du reflux de l’emprise des djihadistes au Nord du pays depuis des années et constitue l’antichambre de la nouvelle concentration des forces de Barkhane vers le Sud où les jihadistes ont pris une petite avance.

Dans cette perspective, le nouveau président nigérien le seul chef d’Etat du G5 Sahel présent à Paris en visioconférence avec ses pairs africains, a les faveurs de l’Elysée. Mohamed Bazoum élu démocratiquement marque des points et apparaît comme le dirigeant africain très proche des idées de son homologue français en particulier en ce qui concerne la bonne gouvernance des Etats africains qui passe par la restauration d’un Etat de droit. Grand gagnant de ce premier sommet après la reprise de la coopération française avec les forces maliennes, le Niger est désormais un puzzle important de Barkhane qui va devoir s’adapter à la diminution de ses soldats mais qui sera remplacé par le dispositif européen « TAKUBA ». Ce recentrage de la présence française au Sahel interroge la CEDEAO et l’UA et ouvre un débat sur la faiblesse des armées africaines dans la lutte contre le terrorisme islamique et leur dépendance des puissances occidentales notamment françaises pour le G5 Sahel.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 10 juillet  2021)

 

 

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