Saison Africa2020 : N’Goné Fall invite le public à aller « à la rencontre des communautés créatives »

La majorité des événements publics de la saison Africa2020 peuvent désormais se tenir. Entretien avec N’Goné Fall, sa commissaire générale.

Quelque 450 projets, en dehors de ceux concoctés en partenariat avec le ministère de l’Education nationale, répartis sur l’ensemble du territoire français sont autant de fenêtres sur un continent, que la Saison Africa2020 tente de faire (re)découvrir. Décalée de plusieurs mois à cause de la pandémie de Covid-19, et partiellement dématérialisée, elle est désormais entrée dans sa phase essentielle : l’interaction avec le public. Entretien avec N’Goné Fall, la commissaire générale de la Saison Africa2020.

Franceinfo Afrique : que ressentez-vous depuis le 19 mai, première étape du déconfinement, qui permet au public de découvrir le contenu de la Saison Africa2020 ?

N’Goné Fall : Je suis contente que les projets soient enfin accessibles au public. A l’exception de quelques-uns dans les médiathèques ou les bibliothèques, comme la Bibliothèque Chimurenga, ce n’était pas le cas. Certains projets attendaient leur public depuis le 15 décembre (2020, NDLR), notamment les expositions. Il s’est néanmoins passé beaucoup de choses en ligne ou à destination uniquement des scolaires ou des professionnels dans le cadre de la Saison Africa2020. Aujourd’hui, le public peut enfin avoir accès « en vrai », pas en ligne, à toute la programmation.

Le public est-il au rendez-vous depuis le 19 mai ?

Oui ! Nous avions une dizaine de vernissages en simultané dans plusieurs villes ce jour-là, surtout des expositions. J’étais avec l’équipe à la Conciergerie, à Paris, pour le vernissage de la carte blanche à El Anatsui (célèbre artiste contemporain ghanéen, NDLR) qui s’appelle En quête de liberté (ouverte jusqu’en novembre 2021, NDLR). J’y suis retournée le lendemain pour faire des visites de presse et quand je suis arrivée, il y avait déjà des gens qui faisaient la queue à 9h30 en sachant qu’il faut réserver son billet en ligne. Etre là, dès le premier jour et à l’ouverture, oui il faut être motivé !

Les QG de la Saison Africa2020, pensés comme des « centres culturels panafricains temporaires », sont-ils aujourd’hui tous ouverts ?

Non, dans la mesure où dès le départ il était prévu que les QG ouvrent au fur et à mesure pour rythmer le calendrier de la Saison. Les QG qui sont aujourd’hui accessibles au public sont ceux de Paris Goutte d’or à l’Institut des Cultures d’Islam, le QG de Nantes au Lieu unique, celui de Roubaix à la Condition publique, le QG de Fort-de-France à Tropiques Atrium en Martinique. Quatre QG ouvrent également en juin à Marseille, sur les Champs-Elysées (le 3 juin, NDLR), à Saint-Denis (93) et à Metz.Trois autres suivront en juillet, puis deux en septembre. Les QG se passent chaque fois le relais.

Pourquoi la Saison est désormais prolongée jusqu’à fin septembre?

A l’origine, le deuxième confinement devait prendre fin le 15 décembre. Mais à cette date, les établissements recevant du public n’ont finalement pas eu le droit d’ouvrir. Nous avons des projets qui devaient démarrer pendant l’hiver 2020 et qui n’ont pas pu. De plus, il n’était pas question de les conduire juste pour des professionnels : ce n’est pas l’esprit ! Nous avons donc de nouveau décalé, ce que tout le monde fait en France à cause de la pandémie. Si certains projets ne se faisaient pas en septembre, ils auraient été perdus. Une absurdité quand on sait que des personnes y travaillent depuis deux ans et demi. Cette saison étant un projet collaboratif – j’insiste beaucoup sur l’intelligence collective –, tout se fait en concertation avec les partenaires, plus de 300 des deux côtés de la Méditerranée, et nous avons décidé ensemble. J’ai ensuite consulté les autorités publiques, d’où la prolongation.

Quel est l’impact exact de la pandémie sur la programmation de la Saison ? Des activités ont-elles par exemple disparu à cause de la crise sanitaire ?

Nous avons perdu des projets. Cependant, je préfère parler des 400 projets qui ont survécu plutôt que des 5-6 projets victimes de la pandémie. En dépit de la crise sanitaire, nous avons pu faire beaucoup de choses dès le 1er décembre 2020, notamment en Guyane et en Martinique qui n’étaient pas confinées. En métropole, nous avons effectué des activités en ligne, notamment le débat d’idées, le Sommet de septembre. Il a eu lieu intégralement en ligne du 26 février au 1er avril. Sur le site internet, dans la section « Et plus encore », on peut retrouver la programmation et l’on peut voir 99% des vidéos en replay à son rythme. Nous avons tout compilé.

Le volet éducatif de la Saison a-t-il, lui aussi, été perturbé ?

Les écoles avaient déjà commencé dès le mois d’octobre avec les Rendez-vous de l’histoire à Blois. Nous avons 274 projets labellisés où, à chaque fois, une classe dans une ville de France est associée à une autre dans une ville africaine. La pandémie n’a rien changé au format qui était déjà pensé pour être conduit à distance. Par exemple, une classe à Toulouse et une autre à Dakar ont travaillé sur un simulateur de vols qu’ils ont construit. Il sera en démonstration d’abord à Toulouse, puis il sera envoyé au Sénégal. L’occasion de faire de tous ces jeunes, peut-être, des futurs Thomas Pesquet.

Les personnalités africaines qui devaient rejoindre la France dans le cadre de la Saison ont-elle pu faire le déplacement ?

Oui, et cela dès le mois de septembre 2020. Nous avons mis en place dès le début un visa et un pass sanitaire Africa2020. Le dispositif est coordonné par l’équipe de la Saison, le ministère de l’Intérieur et le réseau de tous les consulats de France en Afrique. Des visas sont délivrés parce que la Saison Africa2020 rentre dans la catégorie des motifs impérieux de déplacement (les ambassades de France en Afrique ne délivrent pas de visa actuellement sauf exception, NDLR). Nous en avons accueillies et nous continuons d’en accueillir tous les jours.

Il y une multitude d’activités dans le cadre de la Saison. Y a-t-il un outil pour permettre au public de savoir ce qu’elle lui propose au jour le jour ?

Sur notre site, il suffit d’aller dans la section « Calendrier » et de choisir une date. Vous avez alors une série de propositions qui correspondent à cette date et la recherche peut être affinée.

Quelle est la nouvelle invitation que vous lancez au public français que vous aviez déjà invité il y a quelques mois?

Allez découvrir ces projets! Il y en a énormément et dans plusieurs villes. Allez à la rencontre des communautés créatives, qu’il s’agisse d’artistes, d’intellectuels, de scientifiques ou d’enseignants ! Allez saisir l’opportunité de rencontrer ces agents du changement qui viennent du continent africain ou qui appartiennent à sa diaspora ! Allez vous inspirer de ces personnes et inspirez-les, il n’en ressortira que du bon !

France Télévisions Rédaction Afrique

 

 

 

 

 

Source : France Info (Le 04 juin 2021)

 

 

 

 

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