Développement : l’aide à l’Afrique subsaharienne a baissé en 2020

Selon l’OCDE, l’effort des donateurs bilatéraux a atteint un niveau historique l’an dernier mais ne profite pas au continent, qui fait figure de laissé-pour-compte.

Le record « historique » de l’aide publique au développement versée en 2020 par les pays les plus riches de la planète n’a pas bénéficié à ceux qui dépendent le plus de la solidarité internationale pour amortir le choc de la pandémie de Covid-19 : l’Afrique subsaharienne a vu les subsides octroyés par les donateurs bilatéraux baisser de 1 % en 2020, à 31 milliards de dollars (environ 26 milliards d’euros), selon les chiffres préliminaires publiés mardi 13 avril par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le désengagement de certains donateurs importants comme le Royaume-Uni est à l’origine de ce recul.

Au total, l’aide a atteint 161,2 milliards de dollars l’an dernier, en hausse de 3,5 % en termes réels sur un an. Sur ce montant, 12 milliards de dollars correspondent à des dépenses directement liées au Covid-19.

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« A l’échelle mondiale, les gouvernements ont mis en place des mesures de relance liées au Covid-19 équivalant à 16 000 milliards de dollars et nous n’avons mobilisé que 1 % de ce montant pour aider les pays en développement à faire face à une crise sans précédent pour les générations actuelles », a commenté le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría, pour relativiser le record annoncé : « Nous devons déployer un effort beaucoup plus massif pour aider les pays en développement en matière de distribution de vaccins, de services hospitaliers, et pour soutenir le revenu et les moyens d’existence des populations les plus vulnérables afin d’assurer une reprise véritablement mondiale. »

Un choc économique et social violent

 

Bien que le bilan sanitaire de la pandémie soit relativement moins dramatique en Afrique que dans le reste du monde, le choc économique et social entraîné par les mesures de confinement est violent. L’Afrique a enregistré en 2020 sa première récession depuis vingt-cinq ans. Quelque 30 millions d’emplois auraient été détruits et plusieurs dizaines de millions de personnes ont de nouveau basculé dans l’extrême pauvreté. Les besoins humanitaires liés à des crises alimentaires sévères au Sahel, en République démocratique du Congo (RDC) et dans la Corne de l’Afrique atteignent des niveaux sans précédent. Selon les prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI) publiées mardi 6 avril, la reprise économique sur le continent sera plus faible que dans les autres régions, où l’activité est stimulée par des plans de relance budgétaire massifs.

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« L’Afrique est sous le choc de la pandémie et une baisse de l’aide publique au développement aura de sévères répercussions sur la reprise », déplore Bartholomew Armah, directeur de la division macroéconomie et gouvernance de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA) : « La majeure partie de l’aide va aux secteurs sociaux, qui ont été durement touchés par la crise et qui le seront doublement par la baisse des contributions des bailleurs de fonds. Le soutien qui est apporté au continent pour répondre à la pandémie devrait être additionnel et ne pas se faire au détriment de l’aide publique au développement. »

 

Laurence Caramel

 

 

Source : Le Monde

 

 

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