Impliqué dans un dossier pour corruption, l’ex-président Ould Abdel Aziz menace d’un déballage public

L’ancien président Mohamed ould Abdel Aziz est finalement sorti de son long mutisme. Inculpé de «corruption, dissipation de biens publics, blanchiment d’argent», il a fait dire à un de ses avocats qu’il déballerait tout sur la place publique, en soulignant que ses propos créeraient de gros remous.

 

Mohamed ould Abdel Aziz, qui a cédé son fauteuil de président le 1er août 2019, conformément aux dispositions de limitation des mandats prévues par la constitution, a finalement choisi de rompre le silence dans lequel il se cantonne depuis le début de ses déboires judiciaires.

Mohameden ould Ichidou, l’un des avocats de l’ex-chef suprême des armées et maître absolu du jeu politique pendant 11 ans, a ainsi, au cours d’une conférence de presse hier, jeudi 18 mars 2021, à Nouakchott, déclaré que « si la supercherie actuelle continue, je suis sûr que mon client brisera le silence, malgré son attachement à la Constitution et à son article 93, qui le mettent à l’abri de toute action judiciaire devant les tribunaux ordinaires ».

L’homme de loi ne s’est pas arrêté là et a ajouté: « je suis également sûr que s’il parle, ses propos feront du remue-ménage dans le pays et auront pour conséquences de changer beaucoup de choses ».

Remplacé par Mohamed Cheikh El Ghazouani, un ami de 40 ans, un frère d’armes, Mohamed ould Abdel Aziz a ensuite été inculpé de «corruption, dissipation de biens publics, blanchiment d’argent», ainsi que d’autres infractions connexes. L’ex-président a été placé sous contrôle judiciaire, au même titre que 12 autres anciens responsables gouvernementaux, parmi lesquels deux ex-Premiers ministres, de nombreux ex-ministres ainsi que son propre gendre.

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Cette menace à peine voilée sur de nombreux cadavres qui seraient, selon lui, dissimulés dans les placards de la République s’adresse bien évidemment à la nouvelle classe dirigeante du pays. Un signal sans équivoque, de nature à faire trembler de hauts responsables qui auraient quelque chose à se reprocher.

L’ex-président mauritanien n’entend pas être le seul à être mouillé dans des affaires de corruption à grande échelle. La justice de son pays lui reproche notamment l’attribution « irrégulière » de 109 marchés publics dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, une gestion douteuse du Fonds National de Revenus des Hydrocarbures (FNRH), de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), du foncier à Nouakchott, ainsi que la cession également douteuse d’une concession portuaire à Nouakchott.

Il lui est donc désormais interdit de quitter l’agglomération de Nouakchott sans aviser le pôle des juges en charge de l’information ouverte après un rapport établi par une Commission d’enquête parlementaire (CEP) et une enquête préliminaire de plusieurs mois. Et dans le cadre de ce contrôle judiciaire renforcé, l’ancien chef de l’Etat est contraint de se présenter trois fois par semaine au commissariat de police le plus proche de sa résidence.

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Réagissant au derniers développements judiciaires du dossier, un autre membre du comité de défense de Mohamed ould Abdel Aziz, lequel est placé sous la coordination de maître Mohameden ould Ichidou, l’un des plus anciens avocats du barreau de Mauritanie, a contesté la procédure en cours, « conduite en violation flagrante de l’article 93 de la constitution ».

Cet avocat a dénoncé « une procédure aux motivations purement politiques, initiée suite à une querelle pour le contrôle de l’Union pour la République », l’UPR, le principal parti de la majorité.

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Tout-puissant président de la République pendant une décennie, maître « absolu » de la terre et du ciel de Mauritanie, Mohamed ould Abdel Aziz, qui a « réussi » un putsch en 2005, et récidivé en 2008 grâce au redoutable Bataillon de sécurité présidentielle (BASEP) dont il assurait le commandement, connaît parfaitement le pays et ses habitants, et tout particulièrement la classe politique et la hiérarchie militaire qui se trouvait sous ses ordres.

Il se serait même, dit-on, donné les moyens et des « oreilles » assez puissantes « pour écouter » l’ancien président, feu Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi. Et il n’y aurait pas que lui, selon des bruits insistants. La technique, qui s’est perfectionnée quand il s’est installé dans les lambris du palais présidentiel, entre 2008 et 2019, en y installant des moyens d’écoutes perfectionnés, lui a permis d’en savoir beaucoup sur les agissement de tout le monde -ou presque.

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Certains pensent ainsi qu’il détiendrait des « dossiers » compromettants sur presque tout le monde, et tout particulièrement sur ceux qui se trouvent actuellement au sommet de l’Etat.

Si Mohamed ould Abdel Aziz se décide à parler, sachant qu’il a gardé un mutisme total au cours de toute la procédure d’enquête de la police, il risque donc bel et bien de lancer des révélations gravissimes sur toute la classe politique dirigeante actuelle, mais aussi sur des membres de l’armée, qui, eux aussi, l’auraient lâché.

 

 

De notre correspondant à Nouakchott Amadou Seck

 

 

 

 

Source : afrique.le360.ma (Maroc)

 

 

 

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