Sidi Ould Salem, les langues nos outils

Le vendredi 5 mars 2021, Sidi Ould Salem ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique, des Technologies de l’information et de la Communication, porte-parole officiel du gouvernement, a présidé le lancement d’un projet de mise en place d’une plateforme numérique d’enseignement du français au Centre de Formation et d’Échange à Distance (CFED) de Nouakchott. Il s’agit de la mise en place au CFED d’un studio moderne, qui produira du contenu numérique. Une opportunité offerte aux Mauritaniens de disposer d’un matériel performant d’enseignement. Ce projet, financé par la France à hauteur de 912000 euros, sera surtout très bénéfique à ceux qui s’intéressent au Français langue étrangère (FLE).

Lors de cette cérémonie, l’ambassadeur Robert Moullié a parlé d’un esprit « innovant grâce à une approche didactique et pédagogique novatrice, en l’occurrence l’approche dite ‘’actionnelle’’ et qui répond à une demande linguistique exprimée de façon récurrente ».   Pour sa part le directeur du CFED, Mohamed Souleymane Ould Bellal, a précisé qu’avec le projet FORMADIS -FLE (formation à distance en français, langue étrangère) le pays se dote là d’un dispositif, premier du genre en Mauritanie, qui permettra de créer des ressources numériques pour le développement de l’enseignement à distance et ce avec des matériaux conçus avec des compétences locales, à l’image des présentations faites par des enseignants, et chercheurs, mauritaniens et du Lycée français.

Nous reproduisons là le discours du ministre Sidi Ould Salem qui appelle à l’usage des langues comme voies vers l’ouverture, l’enseignement et le développement :

« Un des leviers du développement économique est la capacité à maitriser des langues étrangères »

Excellence, Monsieur l’Ambassadeur de France ;

Monsieur le Directeur du CFED ;

Monsieur le Président du Conseil d’administration du CFED ;

Mesdames et messieurs les membres du comité de pilotage du projet FORMADIS-FLE ;

Honorables invités. C’est avec un réel plaisir que je participe aujourd’hui à la cérémonie de lancement du projet FORMADIS-FLE qui vise à développer et mettre à disposition des citoyens mauritaniens des ressources numériques pour l’apprentissage du français langue étrangère.

Cette cérémonie est l’occasion de renouveler mes remerciements à la coopération française pour l’appui dont elle fait preuve, depuis de nombreuses années pour la promotion de la langue française et le soutien à l’enseignement du français en Mauritanie.

Comme je ne cesse de l’affirmer, l’un des leviers du développement économique de la Mauritanie est sa capacité à communiquer avec ses partenaires et donc sa capacité à maitriser de nombreuses langues étrangères. Je suis un fervent défenseur de l’ouverture à l’international. Pour preuve, j’étais la semaine passée en Espagne pour signer des conventions de partenariat universitaire afin de développer un réseau de partenariats internationaux dans le domaine de l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.

Pour cette raison, j’encourage tous les étudiants à acquérir des compétences linguistiques dans toutes les langues étrangères et j’invite tous nos pays partenaires à nous accompagner dans cette démarche de promotion et d’enseignement de leur langue.

Parmi toutes les langues étrangères, la langue française tient une place particulière, car c’est celle d’une partie de notre histoire, celle de l’enseignement scientifique en Mauritanie, celle des grandes écoles vers lesquelles nous envoyons nos meilleurs étudiants et enfin celle que nous partageons avec nos partenaires économiques de la sous-région.

Malgré les efforts constants de la France pour nous appuyer dans le maintien du niveau de maitrise du français dans l’enseignement, nous nous rendons compte d’une érosion progressive de celui-ci. Les raisons en sont multiples, mais la principale est sans doute le manque d’exigence sur le niveau de compétences linguistiques à acquérir durant son parcours de formation initiale. Pour ne prendre que deux exemples, les enseignants diplômés de l’École Normale Supérieure n’ont pas d’obligation d’obtention d’une certification DALF C1 pour enseigner dans les matières scientifiques ; nous n’exigeons également pas de certification DELF B2 à l’issue de la licence ou du master dans les disciplines scientifiques.

Pour pallier cette érosion, depuis trois années, nous menons une expérimentation de renforcement linguistique en langue française à l’École Supérieure Polytechnique. Nous ne pouvons que constater que ces efforts sont couronnés de succès car la quasi-totalité des enseignants du cycle préparatoire et du cycle d’ingénieur sont maintenant certifiés DALF C1.  Les bacheliers qui arrivent à l’Institut Préparatoire aux Grandes Ecoles d’Ingénieurs (IPGEI), avec majoritairement un niveau DELF A2, terminent maintenant le cycle préparatoire avec un niveau intermédiaire DELF B1/B2 et achèvent leur cycle d’ingénieur avec pour tous le niveau DELF B2 (qui est une condition de diplomation) et pour certains le niveau DALF C1.

Si les résultats de cette expérimentation sont bons, ils sont au prix d’un investissement financier important pour la mise en place d’une formation régulière en présentiel durant les cinq années. Pour cette raison, quand a été évoqué l’idée de développer des ressources numériques pour l’apprentissage du français langue étrangère, j’ai trouvé l’initiative intéressante, je l’ai soutenue et je me suis réjouis quand en mai 2020, j’ai appris que le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères français a accordé un financement de plus de 912 000 euros pour deux ans au projet FORMADIS-FLE.

Ce projet va nous permettre, à la fois, de développer des ressources numériques de qualité, adaptées à notre contexte pour l’apprentissage du français, en autonomie mais également en hybride. Ceci permettrait, en partie, de réduire les coûts du déploiement du renforcement linguistique en langue française. Le second intérêt de ce projet est de créer des infrastructures modernes de développement de ressources audio-visuelles et de former une équipe mauritanienne de développeurs de contenus numériques qui pourront poursuivre à l’issue du projet le développement de l’offre de ressources numériques.

J’ai proposé de positionner ce projet dans les locaux du Centre de Formation et d’Echanges à Distance, car le CFED doit devenir un lieu de création et de formation dans le domaine du numérique et par le numérique. L’installation du studio audio-visuel et de l’open space de création de contenu doit être la première phase de la création d’un espace entièrement dédié au développement de ressources numériques pour l’Etat Mauritanien. C’est pour cela que j’ai souhaité que le CFED devienne un Établissement Public à caractère Administratif (EPA), afin qu’il soit un outil collectif de l’Etat pour le développement de ressources numériques.

Le projet FORMADIS-FLE s’intègre parfaitement dans la volonté de l’Etat porté par mon département de développer l’usage du numérique pour l’acquisition des connaissances au sein des établissements d’enseignement supérieur mais également pour l’ensemble des citoyens. Pour cette raison, nous mettons en place un plan d’alphabétisation au numérique qui va démocratiser l’usage du numérique dans la vie quotidienne des citoyens. A ce titre, les ressources numériques qui seront développées dans le cadre du projet FORMADIS FLE seront disponibles gratuitement et librement pour tous.

Je ne saurais terminer ce mot, sans remercier encore une fois, l’Ambassade de France pour son soutien. Je suis persuadé que FORMADIS-FLE sera un frein à l’érosion du niveau de maitrise de la langue française grâce aux ressources qu’il va développer.

Dr. Sidi Salem

Source : Traversées Mauritanides (Le 06 mars 2021)

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