Justice – Au Burundi, l’ancien président Buyoya condamné à perpétuité pour l’assassinat de son successeur

Reconnu coupable de la mort de Melchior Ndadaye en 1993, le premier président démocratiquement élu du Burundi, Pierre Buyoya dénonce “un procès politique”. Cet ancien haut gradé militaire a été jugé en son absence, en même temps que dix-huit anciens hauts responsables du pays.

Près de trente ans plus tard, les vieux fantômes burundais refont surface. “Dix-neuf personnes, dont l’ancien chef d’État Pierre Buyoya, ont été condamnées par la Cour suprême du Burundi à la prison à vie”, écrit le site indépendant burundais Iwacu, mardi 20 octobre. “Elles ont toutes été reconnues coupables de trois infractions, dont l’attentat contre le chef de l’État Melchior Ndadaye. Parmi ces dix-neuf condamnés à perpétuité, à côté de l’ancien président Pierre Buyoya, l’on retrouve une autre grande figure de la politique, Alphonse Marie Kadege, qui a été vice-président du Burundi (2003-2004)”.

L’affaire remonte au 21 octobre 1993. Alors que Pierre Buyoya est arrivé à la tête du Burundi grâce à un coup d’État en 1987, il est contraint de laisser le pouvoir à Melchior Ndadaye six ans plus tard, au terme d’élections. Ndadaye est alors le premier président démocratiquement élu de l’histoire du pays et le premier hutu à accéder au pouvoir. Mais il est assassiné seulement trois mois plus tard, lors d’un putsch. Sa mort provoque une guerre civile qui durera treize ans et fera au moins 300 000 morts. Lors d’un nouveau coup d’État, Pierre Buyoya, tutsi, redeviendra président en 1996. Ce militaire est aujourd’hui haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel.

Crise politico-ethnique

 

Sitôt après sa condamnation, Buyoya et ses coaccusés ont dénoncé un “procès politique”. “La Cour s’est contentée ‘de simples déclarations souvent anonymes dans un procès où les avocats de la défense étaient littéralement exclus’, dénoncent les accusés. Pour les personnalités visées, [cette affaire] a été initiée dans ‘le contexte de la crise consécutive au troisième mandat anticonstitutionnel de l’ancien président Pierre Nkurunziza, avec pour objectif de réaliser une grande mobilisation politico-ethnique, dans la perspective des dernières élections générales de 2020 [qui ont eu lieu en mai 2020]’ écrivent-ils dans un communiqué”, rapporte Iwacu.

Iwacu – Bujumbura

Source : Courrier international

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