Mali : un coup d’Etat décrié mais d’inspiration populaire pointé par les observateurs

Un comité national pour le salut du peuple vient de prendre le pouvoir à Bamako en poussant à la démission le président IBK. Un coup de force qui n’a pas surpris les observateurs qui pointaient depuis plus de trois mois avec la contestation populaire sous la houlette du mouvement du 5 juin MFP une sortie de crise brutale comme solution face à l’impasse politique.

L’histoire se répète au Mali. Les coups d’Etat se suivent et se ressemblent du moins avec des coïncidences troublantes sur le jour désormais mardi noir dans le pays de Soundiata Keita. Mardi 19 août 68 Moussa Traoré renverse le père de la nation Modibo Keita, le mardi 26 mars 91 c’est au tour de Toumani Touré le mardi 22 mars 2012 c’est Sanogo et ironie de l’histoire le mardi 18 août 2020 c’est le colonel Malik Diaw qui n’a pas failli à la tradition en forçant IBK à démissionner avant de former un comité national pour le salut du peuple.

Le nouvel homme fort du Mali promet tout de suite une transition civile vers des élections. C’est la revendication principale du M5-MFP sous la houlette de l’Imam Dicko obtenu dans des conditions certes illégales mais pour les observateurs un pouvoir si légal soit il devient illégitime dès lors qu’il est contesté majoritairement dans la rue par le peuple le seul souverain. Les condamnations fusent de partout dans le monde.

Les observateurs pointent l’hypocrisie africaine de la CEDEAO qui ferme toutes ses frontière et l’économie aux maliens. Et l’UA qui met en quarantaine les putschistes. Ces deux puissantes centrales organisations panafricaines réclament le retour de l’ordre constitutionnel et pourtant elles ferment les yeux sur les coups d’état constitutionnels symbolisés par les troisièmes mandats et les élections truquées.

Deux poids deux mesures qui décrédibilisent les instances dirigeantes africaines et mettent à nue leur cécité politique et leur dépendance vis-à-vis des puissances occidentales dont elles n’arrivent pas à s’en départir après 60 ans d’indépendance. Et c’est la légitimité populaire qui prend toujours un coup au nom du principe sacro-saint de ne pas franchir la ligne rouge la démission de IBK alors que la souveraineté du Mali est en jeu que tous les feux sont au rouge dans un contexte de double guerre contre la covid-19 et les jihadistes au Nord et au centre du pays.

En isolant le Mali un pays enclavé l’Afrique court le risque de punir le peuple malien et non les mutins qui ne sont venus au pouvoir pour le garder. Et la France met de l’eau dans son vin en souhaitant que la junte militaire remette le pouvoir aux civils.

Au premier rang des pays occidentaux au Mali les observateurs attendent de la France une attitude plus nuancée en faveur de la société civile derrière son M5 favorable à l’offre des militaires. Paris qui sauva en 2012 le Mali en boutant hors du Nord du pays les terroristes islamistes est bien entendu une des pièces maîtresses de cette sortie de crise dont les conséquences pour le G5 Sahel et Barkhane sont à prendre au sérieux. Eviter que le Mali retourne à la case de départ. Ou la guerre civile. Tous les ingrédients sont là. Une sorte de cocotte- minute prête à exploser.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 20 août 2020

 

 

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