Pandémie Covid-19 Mauritanie : l’alerte sociale post-covid-19 à l’index

En reconnaissant l’existence de cas sociaux résultant de la crise sanitaire le président mauritanien entend préparer l’après Covid-19 qui passe par la bonne gouvernance du programme de résilience économique et social.

C’est le fonds de solidarité sociale qui semble avoir pris des coups dans la gestion de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19. Critiqué pour le nombre de bénéficiaires en deçà de la réalité de la pauvreté dans le pays ce programme de résilience sociale a créé d’autres fractures sociales au niveau du monde rural et des centres urbains. Nouakchott focalisant plus les oubliés des quartiers populaires. Le programme d’aide aux éleveurs couvre pour le moment la moitié des besoins en aliments de bétail dans la plupart des régions agro-pastorales.

La fermeture des frontières ne permet plus la transhumance au Sénégal et au Mali. Le risque de famine et de soif est réel dans beaucoup de localités à l’Est au centre et au Sud. Le confinement menace les récoltes et la campagne agricole 2020. C’est la production en riz dans la vallée qui pourrait chuter compromettant ainsi l’autosuffisance alimentaire.

Le coronavirus va donner ainsi le coup de grâce à ces deux secteurs vitaux déjà à genoux. Le nombre de chômeurs résultant des entreprises privées obligées de recourir aux licenciements par chômage technique et des travailleurs de l’informel sont autant de cas sociaux qui préoccupent le gouvernement lequel va devoir plus puiser dans les caisses de l’Etat et les contributions volontaires des citoyens et des partenaires internationaux. Alerte aux jeunes chômeurs diplômés et aux jeunes diplômés face à un marché de l’emploi bouché.

Premier touché l’Etat est en tête de la sortie de crise avec un endettement colossal qui réduit sa marge de manœuvre. Et au rang d’autres victimes collatérales de la pandémie, la grogne en sourdine des fonctionnaires et les retraités, des travailleurs des industries extractives.

Les frustrations des uns et des autres pourraient conduire à des mouvements de révolte. L’assistance financière à 904 mendiants, indigents et handicapés à l’occasion de la fin du Ramadan constitue un baromètre de la pauvreté dans la capitale et au-delà du pays.

Le gouvernement reste dans l’affichage si la fracture sociale n’est pas réduite structurellement. Malheureusement le virus pourrait impacter le programme Ta’azour le chantier social prioritaire qui vient à peine de démarrer. De quoi rendre complexe le post-covid-19 qui s’annonce rude. Les centaines de milliards de nouvelle monnaie dont le gouvernement aura besoin pour financer ses dépenses imprévues ne vont pas tomber du ciel.

De nouvelles dettes qui risquent d’impacter le pouvoir d’achat et appauvrir davantage les mauritaniens dont les trois quarts vivent déjà en deçà du seuil de la pauvreté.  D’ici là les observateurs s’attendent avant la fin de l’année à une explosion sociale. Grèves dans tous les secteurs et la fin de l’union sacrée.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 (Reçu à Kassataya le 26 mai 2020)

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