Covid-19 : Les mauritaniens de la diaspora racontent leurs quotidiens

Ils résident en France, au Canada, en Angleterre et aux Etats-Unis. Des pays fortement ou moyennement touchés par le Coronavirus. Comment ces mauritaniens de la diaspora  vivent-ils cette pandémie et ses mesures de confinement général ou partiel, de distanciation social…loin de leur pays. Pour Horizons, ils ont accepté de raconter leur quotidien.

 

 

Boubacar Sy (Paris)

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«Je m’appelle Boubakar Sy. Je vis en France depuis 1990. Je suis bibliothécaire. Actuellement, je suis  médiateur  à la bibliothèque Vaclav   Havel au 18eme arrondissement de Paris. Nous sommes confinés depuis le 16 mars. Le confinement est, globalement, bien respecté. C’est un peu difficile, c’est un choc. Je n’ai jamais pensé vivre une telle situation dans un pays aussi développés. Tout s’est brusquement arrêté.

Mon épouse est en Mauritanie mais j’ai  une partie de ma famille en France, un grand frère, deux sœurs, un neveu, une tante.je suis en contact avec eux.

Je pense constamment à la Mauritanie, à ma mère, mes oncles. Je m’informe sur ce qui s’y passe. Je maintiens les liens.

Je suis seul dans un appartement. Je respecte le confinement et je sors seulement pour aller chercher à manger. J’ai parfois la visite de mon fils qui n’habite pas loin de mon appartement.  Je lui rends visite aussi mais toujours en respectant les mesures d’hygiène.

Ce qui se passe dépasse l’imagination. C’est comme si la vie s’est arrêtée d’un coup. Sortir pour faire un tour est devenu un évènement. Des milliards de personnes dans le monde qui se trouvent subitement confinés. Celui qui parlait de village planétaire à raison.

Avant la pandémie, seuls certains touristes asiatiques se promenaient avec des masques à Paris. Actuellement, presque tout le monde est masqué. Les masques ont remplacé les portables. Ça donne une atmosphère lugubre, tellement silencieuse que l’on entend les miaulements de chats. Tout est à l’arrêt. De manière brusque, comme la lumière qui disparait quand on éteint une lampe. Même le cinéma science-fiction n’a jamais imaginé un tel scenario. C’est impressionnant mais j’essaie de vivre ça sereinement.

 Dans ce triste confinement,  cet isolement, il y a  un moment d’espoir. C’est le rituel de 20 heures. Tous les confinés se mettent au balcon pour applaudir le personnel médical, pour le remercier. On se rend compte aujourd’hui de l’importance de ce  corps médical. Aujourd’hui, ce ne sont pas les financiers ou nos sympathiques footballeurs qui vont nous sauver.

Cette pandémie aura d’importantes  conséquences économiques et sociales. Certains parlent d’un nouveau monde qui naitra du Covid-19. Moi je n’y crois pas trop. J’espère seulement que nos pays vont en tirer des leçons.

On ne sait pas quand la vie va reprendre. Il est question ici en France de déconfinement et de reprise du travail par étape. Je sais que les bibliothèques ne sont pas prioritaires.

Ce qui rend mon quotidien moins ennuyeux : je gère un site d’information mauritanien. Ça m’occupe et ça me permet de faire passer le temps.

Je suis l’évolution de la pandémie en Mauritanie. J’ai l’impression que c’est bien géré avec seulement un cas de décès. Mais je suis également inquiet. Comment nos pays vont s’en sortir au moment où ceux dits développés, performants, se sont faits surprendre et ont montré qu’ils n’étaient guère bien préparés? »

 

Samba Mbaré Bâ (Montréal, Canada)

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«Je m’appelle Samba Mbaré Ba.  Je vis à Montréal depuis une quinzaine d’années. Je suis  Commis à la commission scolaire de cette ville. Je travaille dans une école. Mon épouse est secrétaire à l’Université de Montréal.

Ce que nous vivons ici, c’est du jamais vu. Les commerces, les bureaux…tout est fermé, sauf les services essentiels. A Montréal, ce n’est cependant pas le confinement total. Les gens sortent pour se promener, se dégourdir les jambes tout en s’évitant, en gardant les distances requises pour éviter la contamination.

C’est une ambiance inédite. Il n’y a plus d’embouteillages. Les transports en commun continuent mais comme il n’y a guère de clients, elles ont été réduites.

Mon  premier réflexe, quand je me réveille le matin, est de voir ce qui se passe en Mauritanie. Ça me préoccupe beaucoup. Des pays aussi développés que le Canada ont des difficultés face à cette pandémie. Qu’en sera-t-il pour nos pays africains. Heureusement que le coronavirus n’a atteint une grande ampleur chez nous. J’espère que l’on n’atteindra pas le niveau de contamination de certains pays. Autrement, ça sera très difficile.

Je demande aux mauritaniens de respecter les consignes du ministère de la santé dont je salue le travail  pour lutter contre cette pandémie. Je salue aussi le travail des médecins. J’encourage les mauritaniens à plus de discipline. Nous pensons à nos familles, nos amis. J’espère que cette pandémie va passer le plus rapidement possible.»

 

Lekbir Ould Mohamed Blegroun (Nottingham, Angleterre)

 

«Je m’appelle Lekbir Mohamed Blegroun. Je vis à Nottingham depuis une vingtaine d’années. Avec la pandémie, les bureaux sont presque vides. Beaucoup de gens travaillent chez eux. D’autres employés sont tombés malades.

Les sorties sont autorisées dans trois cas seulement. Le supermarché pour l‘alimentation, la pharmacie et une heure de promenade ou de sport. Les sorties sont donc limitées. Les cinémas, les restaurants…sont fermés.

Les enfants eux, souffrent un peu plus de ce confinement. Ils ne peuvent pas aller jouer avec leurs amis. On joue alors dans le jardin de la maison. Au quotidien, pour  ne pas s’ennuyer, les enfants nous aident à faire la cuisine, le ménage. Ils révisent aussi leurs leçons.

Actuellement, il n’y a aucune ambiance dans les rues. Au début, certains profitaient des arrêts de travail pour se regrouper dans les parcs e s’amuser. Ils ont ainsi favorisé la propagation du virus. C’est pourquoi, il y a eu interdiction ferme des regroupements. Il faut aussi respecter  une distanciation de deux mètres entre les personnes.

Je pense beaucoup à la Mauritanie. Je suis inquiet.  Le couvre-feu y débute à 18 heures et se termine à 06 heures. Mais dans la matinée, les gens se rencontrent, boivent du thé ensemble, vont au marché….Un grand effort doit être fait pour imposer la distanciation sociale. Je prie pour qu’Allah  nous protège.

Je propose  aux autorités de mon pays de profiter de la période de couvre-feu pour nettoyer les villes, désinfecter les marchés et les places publiques au moment où il n’y a personnes dans les rues.»

 

Mohamed (Etat de l’Ohio, USA)

« Je m’appelle Mohamed. Je vis aux Etats unis depuis une dizaine d’années.  Je  travaille dans un service dit essentiel. C’est pourquoi, je continue à monter. Ici plusieurs personnes se sont retrouvées sans emplois. Les structures de santé sont  tellement saturées qu’il est devenu difficile se faire consulter pour une maladie autre que le Coronavirus. Il s’y ajoute un manque de certains produits de base dans les commerces. Les écoles sont fermées jusqu’en mai. Tous les évènements sportifs culturels…sont annulés.

Même en temps normal, je suis l’actualité en Mauritanie. Actuellement, je surveille heures par heures ce qui se passe dans mon pays. La situation est très compliquée. Je demande aux mauritaniens de  de respecter les consignes  des autorités sanitaires. »

 

 

Khalilou Diagana

Quotidien National Horizons

 

 

 

 

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