Moyen-Orient – Imbroglio autour du retrait des troupes américaines d’Irak

Dans une lettre transmise par erreur, les États-Unis ont annoncé lundi 6 janvier préparer leur départ d’Irak avant de démentir l’information. Un cafouillage qui vient s’ajouter à une situation extrêmement tendue depuis l’élimination à Bagdad du général iranien Qassem Soleimani.

C’est un énorme cafouillage qui a semé, lundi 6 janvier, un vent de panique au plus haut niveau du Pentagone.

Dans une lettre, rapidement reprise par la presse, la coalition sous commandement américain formée pour combattre les djihadistes de l’État islamique a annoncé qu’elle allait quitter l’Irak prochainement, conformément à la décision du parlement local, provoquant la stupéfaction générale. Très vite, le ministre de la Défense, Mark Esper, a démenti l’information, raconte Fox News. Tout aussi surpris que les journalistes, il n’a toutefois pas livré plus de détails.

“Pendant plus d’une heure, les responsables militaires à Washington et à Bagdad n’ont pas été en mesure de fournir une réponse définitive sur la véracité de la lettre et si elle indiquait que les troupes américaines étaient, en fait, sur le point d’être retirées d’Irak. Le manque de clarté a alimenté de manière significative la confusion sur la signification de cette annonce”, raconte CNN.

Finalement, c’est le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, qui est venu clarifier la situation. Il s’agissait en fait d’un “projet (de lettre) non signé”, a-t-il expliqué quelques heures plus tard à la presse. “Il n’aurait jamais dû être envoyé”, a ajouté le militaire, évoquant “une erreur commise en toute bonne foi”.

Dans la lettre, le général Seely, commandant des forces américaines en Irak, expliquait que Washington était en train de “repositionner” les forces de la coalition antidjihadistes dans le but de procéder à “un retrait de manière sécurisée et efficace”. Une source de la coalition a expliqué au journaliste de la BBC Jonathan Beale que cette lettre visait en fait “à informer les Irakiens que les États-Unis étaient en train de déplacer des troupes hors de la Zone verte [où se trouve l’ambassade des États-Unis, à Bagdad] afin d’apporter une protection à d’autres zones et que cela ne signifiait pas un retrait généralisé”.

Une “crise entièrement nouvelle” en Irak

 

Cette polémique “rapidement étouffée” est “révélatrice” de l’ampleur de la crise dans laquelle se trouvent actuellement les États-Unis depuis l’assassinat du général iranien Soleimani, note le Washington Post. “Alors que l’Iran n’était considéré que comme une préoccupation secondaire ces trois dernières années – servant surtout de base à ses efforts militaires contre le groupe État islamique et comme poste d’observation de l’Iran –, le pays est soudainement devenu un vrai problème pour les États-Unis”, souligne le quotidien américain.

Donald Trump se retrouve aujourd’hui confronté à “une crise entièrement nouvelle, et sur le même terrain de bataille qui a tourmenté ses deux prédécesseurs”. Selon le Washington Post, de nombreux responsables et experts s’inquiètent du fait que “l’administration n’a pas de stratégie pour faire face à la probable escalade du conflit entre les États-Unis et l’Iran”. Cette préoccupation est encore “plus aiguë en Irak, où les deux puissances se disputent depuis longtemps l’influence sur la région”, conclut le journal.

Alors que la fin de la période de deuil décrétée après la mort du général Soleimani approche, les États-Unis se préparent désormais à une possible riposte de Téhéran dans les vingt-quatre ou trente-six prochaines heures, rapporte la chaîne CBS News, qui s’est entretenue avec un haut responsable américain. “La principale préoccupation demeure les missiles balistiques iraniens”, a-t-il expliqué. Jusqu’à présent, “ils n’ont pas été placés dans des positions de tir, mais le statut d’alerte a été relevé, ce qui signifie qu’ils pourraient être déplacés et lancés en grande nombre dans les vingt-quatre heures”.

Noémie Taylor-Rosner

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page