Après quelques jours (Deux heures avec un président en colère (entretien exclusif avec l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz), je suis retourné rencontrer le président pour lui permettre de lire et corriger son entretien que j’allais publier. Il arrangea quelques mots, en mettant les surnoms à leur place et en supprimant certaines des choses qu’il pensait ne pas être publiables.
Lors de notre dernière rencontre, Aziz a appelé une personne qui lui a amené son petit-fils, car il semblait vouloir l’emmener avec lui, en brousse. Le petit garçon se promenait dans le salon pour donner à l’endroit une sorte de vie et de sourire. Mais aussi, pour apaiser quelque peu la colère de son grand-père. Lequel le cajole, à chaque fois que l’on évoque le nom de son ancien compagnon (Ghazouani)..
Au cours de notre entretien, Aziz a appelé quelqu’un par téléphone , je considère qu’il parlait d’un problème important. Il a dit à son interlocuteur : » Apportez-les, pas de problème ».
Une heure plus tard, un travailleur rentre, portant deux robinets ou accessoires de toilettes. Aziz les a pris et les a déposés dans un coin non loin de lui.
Puis il a dit: « Ce modele à deux têtes est meilleur prépares ceci et apportes -en un autre. » (J’ai compris qu’il parle maintenant d’un accord portant sur onze mille ouguiyas comme salaire du travailleur).
Passé cette parenthèse, je lui ai dit : A quoi servent ces choses là ? Il m’ a répondu : pour arroser le jardin…
Il a également attiré mon attention sur le fait qu’il garde encore en souvenir peut être dans sa chambre, la balle qui l’a blessée à Tweila ..
Le pain de sucre de l’invocation acceptée (porte bonheur )
Je suis sorti fumer une cigarette dans la cabine des gardes. Un grand pain de sucre posé là,a attiré mon attention. J’ai demandé au garde, qu’est ce que c’est ? Il m’a répondu que c’est « Le pain de sucre de l’invocation acceptée (الدعاء المستجاب ) », un cadeau offert par un homme à Aziz et que le meme homme a offert des pains de sucre identiques aussi à Ghazouani et à cheikh Deddew .
J’ai dit : En avez-vous informé Aziz? Il a répondu : Oui, mais il nous a ordonné de le laisser ici et de ne pas le faire entrer dans les chambres.
Ce plus gros pain de sucre de son genre, est resté donc hors de la maison , comme si « l’invocation acceptée », refuse de se ranger prés d’Aziz ,cette fois .. J’en ai tiré conclusion, que Aziz n’attache pas d’importance à ces choses mystiques.
Peut-être voulez-vous dire mon voisin?
Aziz m’ a raconté que lorsqu’il qu’il était le chef d’état-major particulier, il sortait un jour de chez lui, quand il vit qu’un journaliste l’attendait. Ce dernier a sorti un papier de sa poche et lui a lu un texte me qualifiant -dit-il- avec de bonnes mœurs, de l’honneur et de la générosité. Aziz dit qu’il l’a interrompu en disant : Peut-être voulez-vous dire mon voisin ?
Car moi je ne porte aucune de ces descriptions que tu a citées.
Aziz a évoqué cette anecdote pour insinuer l’opportunisme de certains professionnels de la presse. Il n’a pas mentionné bien sûr le nom du journaliste en question.
Remarque : Lorsqu’il parle de ses propos privés avec certaines personnes, il dit toujours : « j’en ai les preuves ». L’ancien président enregistrait-il ,donc toutes ses conversations privées?!
Je lui ai posé des questions concernant sa conférence de presse et pourquoi il a parlé un langage que seuls certains Mauritaniens comprennent ?
Il a répondu : Je voulais d’abord parler aux médias locaux parce que je voulais envoyer un message aux Mauritaniens et je devais dire des mots que les Mauritaniens comprennent. Il est naturel pour moi de parler avec aisance en Hassaniya parce que je le maîtrise plus que les autres langues locales. L’important pour moi était de parler aux citoyens mauritaniens et pas aux autres.
Je sais dit-il, qu’il y a eu des fuites, comme quoi, par cela, je cherche à déstabiliser la sécurité, alors que c’est moi qui l’ai établie, cette sécurité en ce que j’étais présent dans les moindres détails de sa mise en œuvre au point quelque fois de risquer ma vie pour être proche de tous les événements.
J’ai parlé aux Mauritaniens et je leur ai fait comprendre que je suis toujours aussi soucieux de leur sécurité et de leur stabilité .
Les rumeurs disent que ma relation avec les Emirats Arabes Unis peut être financière ou autre.
La vérité est que nous étions dans une alliance stratégique qui nous est venue et que nous n’avons pas cherchée. Ce qui signifie que j’ai toujours considéré le Qatar comme un danger pour le monde, Il a détruit les pays arabes.
Et parce que j’étais au courant de L’importance des États du Golfe et nos relations avec eux, Je suis conscient également que la rupture des relations avec le Qatar les obligera à soutenir. J’ai attendu donc qu’ils rompent les relations avec cet Etat.
Si j’étais un suiviste des dirigeants arabes, j’aurai coupé les relations avec l’Iran quand l’Arabie saoudite l’a fait.
Vous ne savez peut-être pas que l’émir du Qatar a été surpris, lorsque je lui ai dit que j’allais rompre les relations avec Israël. Alors, il a sauté de son fauteuil en disant: le gel des relations serait suffisant!!
Et quand j’ai demandé au président Aziz : avait-il l’intention de rester au pouvoir ? Est-il vrai que ses camarades militaires l’ont forcé à l’abandonner? Sa réponse a été très nette :
C’est moi qui ai arrêté tous les dirigeants en 2005 et lorsqu’ils sont entrés dans la salle, le défunt Ely Ould Mohamed Fall que Dieu lui fasse miséricorde a commencé à parler : que la solution se trouve dans la constitution que nous avons.
J’ai dit à l’époque au colonel Mohamed (signifiant Ghazouani) qui était assis à côté de moi (il pointait son doigt en direction du palais) : Qu’est-ce que c’est ? De quelle constitution parle-t-il ? La constitution nous l’avons volontairement suspendue jusqu’à l’élection d’un nouveau président.
Je me souviens que l’ambassadeur américain m’a dit : on m’a informé que vous (comité militaire) étiez d’accord . Je lui ai répondu en colère : non, nous ne sommes pas d’accord.
J’ai alors appelé le conseiller juridique et je lui ai dit : Comment parlez-vous d’une solution constitutionnelle avant les élections d’un nouveau président?!
Mon insistance à poursuivre le processus électoral a été déterminante dans ce qui s’est passé par la suite.
Quiconque se rappelle de mon entrevue avec la Voix de l’Amérique se rendra compte que mes déclarations ont été à la base de la feuille de route qui a été mise en œuvre.
De là, vous comprendrez que je n’ai jamais cherché autre chose qu’une voie constitutionnelle et juridique, car nous sommes fatigués de ce que nous connu par le passé.
Après cela, pendant le règne de Sidioca, j’assistais un soi, à dîner avec un chef historique de l’opposition, chez un parent. Il s’est adressé à moi en disant :
Pourquoi ne commettez-vous pas un coup d’État contre l’homme ? Personnellement, je ne vous demande rien et ne vous demanderai rien, mais je veux seulement une vraie conduite pour ce pays, un changement est nécessaire.
Je lui ai répondu que : Non, je ne le ferai pas.
il a alors, dit : on m’a informé qu’il (Sidioca) va vous limoger. Je lui ai répondu : que cela soit !!…
Quand la prophétie de l’homme m’a été confirmée, je suis entré dans le bureau du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et avec moi était ce général Mohamed Ould Al-Ghazouani (indiquant la direction du sud où se trouve le palais)
j’ai dit à Sidi : Vous êtes le chef de l’État, agissez comme vous le souhaitez, mais laissez tranquille l’armée et gardez-la hors de la politique. Nous sommes en guerre constante contre le terrorisme et nous travaillons à renforcer l’armée.
Je lui ai rappelé que deux semaines, avant cet entretien, nous avions dans ce cadre, limogé un officier supérieur, après une inspection qui avait prouvé qu’il avait dilapidé de l’argent. Sidi a dit : Mais je voulais juste comprendre certaines choses.
Puis Sidi s’est tourné vers le général Mohamed, comme pour chercher un sauveur, et a dit : Que voyez-vous? .. Ghazouani lui a répondu qu’il partage ce que j’ ai dit .
A ce niveau je lui ai rappelé que la France faisait pression, alors comment s’est-il débarrassé de sa pression?
Il a répondu : la France vénérée par les Africains n’a à aucun moment affecté mes décisions.
Lorsque j’ai rencontré le président Macron peu de temps après à Bamako en présence des chefs d’Etats, des ministres de la défense et des chefs des états majors des cinq États du Sahel, ainsi que des représentants d’organisations internationales. Il semblait vouloir engager une action militaire. Je suis le seul à m’être opposé à lui, en lui disant : Avez-vous des informations concernant les lieux des terroristes ?
Il a répondu par la négative sur la base des informations fournies par son chef de cabinet.
Je lui ai alors, dit : vous ne pouvez donc pas atteindre les terroristes en raison du manque de préparation des armées et que cela est dû en grande partie au fait que les donateurs n’ont pas respecté leurs obligations, en su d’autres problèmes.
Quand j’ai intervenu aux Nations Unies, j’ ai assuré l’assistance de ma volonté de ne pas engager mon pays dans une intervention improvisée. Le moins qu’on puisse en dire est que ce serait une guerre floue .
En effet, ma ferme conviction réside en la séparation entre deux choses : D’une part, la confrontation avec des mouvements politiques qui ont leurs revendications et d’autre part la confrontation avec des groupes terroristes qui tuent et enlèvent des otages.
Nos relations avec la France au cours de la décennie ont connu le pic de leur prospérité dans le respect de notre vie privée en tant que pays arabo-musulman.
Dans ce contexte, je me souviens qu’au cours du mois sacré du Ramadan, j’étais le seul à parler à l’Elysée en langue arabe parmi les 27 dirigeants qui intervenaient et parmi eux se trouvaient pourtant des dirigeants arabes, musulmans et européens.
Mais comment votre relation avec votre compagnon de longue date, est-elle devenue ce qu’elle est maintenant?
A suivre….
Si Taqadoumy ne publie pas entretemps l’interview en français
Source : https://taqadoumy.net/?p=25038
Traduit par adrar.info
Source : Adrar-info.net
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