Journaliste disparu : Ankara demande à fouiller le consulat saoudien

Les autorités turques ont demandé à fouiller le consulat saoudien d’Istanbul pour tenter d’élucider le mystère entourant la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, après des informations sur son assassinat par des agents saoudiens.

 

Selon la chaîne privée NTV, la demande a été formulée auprès de l’ambassadeur saoudien à Ankara par le ministère turc des Affaires étrangères où il a été convié dimanche, pour la deuxième fois en moins d’une semaine.

« Il lui a été transmis que nous attendons sa totale coopération dans le cadre de l’enquête », a pour sa part affirmé une source au ministère.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait déjà invité vendredi les autorités turques à fouiller le consulat où Jamal Khashoggi s’était rendu mardi mais d’où il n’est jamais sorti selon la police turque. « Nous n’avons rien à cacher », avait-il déclaré dans un entretien à l’agence Bloomberg.

Le journaliste, un critique du pouvoir de Ryad qui écrivait notamment pour le Washington Post, s’était rendu au consulat pour effectuer des démarches administratives en vue de son prochain mariage.

Des responsables turcs ont affirmé samedi soir que, selon les premiers éléments de l’enquête, M. Khashoggi a été assassiné à l’intérieur du consulat.

Les sources turques ayant rapporté la thèse de l’assassinat ont affirmé que l’opération avait été menée par un groupe composé de 15 personnes qui se sont rendues au consulat après être arrivées à Istanbul le même jour.

Mais Ryad a immédiatement démenti ce qu’il a qualifié d’affirmations « dénuées de fondement ». Les autorités saoudiennes maintiennent que le journaliste a quitté le consulat après avoir effectué ses démarches.

S’exprimant pour la première fois sur cette affaire dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré attendre le résultat de l’enquête en cours avant de se prononcer.

« J’attends encore avec bon espoir », a-t-il assuré.

– « Réponses fortes et claires » –

 

AFP

Photos du journaliste Jamal Kashoggi sur une barrière de la police lors d’une manifestation devant le Consulat saoudien le 8 octobre 2018

 

Une manifestation a été organisée devant le consulat lundi, rassemblant des soutiens du journaliste qui brandissaient son portrait barré du message « Nous ne partirons pas sans Jamal Khashoggi ».

« Nous exigeons sa libération immédiate s’il est vivant », a déclaré à la presse Mohamed Okda, un consultant en politique et ami du journaliste. « Sinon, nous aimerions savoir ce qui lui est arrivé exactement et les détails de ce qui s’est passé ».

Haytham Abokhalil, de la chaîne égyptienne basée à Istanbul Al-Sharq TV, a appelé à une « action forte de la part de M. Erdogan et à des explications de Mohammed ben Salmane ».

La France, pays allié de l’Arabie saoudite, a également demandé des réponses lundi, se disant « préoccupée » du sort du journaliste.

« Nous souhaitons que sa situation soit éclaircie le plus rapidement possible », a indiqué la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll.

Dans un éditorial dimanche, le Washington Post a également appelé les Etats-Unis à « exiger des réponses fortes et claires » de l’Arabie saoudite.

« Si le prince héritier ne répond pas en coopérant pleinement, le Congrès doit, dans un premier temps, suspendre toute coopération militaire avec le royaume », estime le quotidien qui demande également à la Turquie de dévoiler tout élément qu’elle détiendrait à l’appui de sa thèse de l’assassinat du journaliste.

Citant un responsable américain briefé sur la question par ses homologues turcs, le journal affirme que « le corps de Khashoggi a été probablement découpé et mis dans des caisses avant d’être transféré par avion hors du pays ».

M. Khashoggi, âgé de 59 ans, s’est exilé aux Etats-Unis l’année dernière, redoutant une arrestation après avoir critiqué certaines décisions de Mohammed ben Salmane et l’intervention militaire de Ryad au Yémen.

Ryad promeut une campagne de modernisation depuis que Mohammed ben Salmane a été désigné héritier du trône en 2017. Mais la répression contre les dissidents, avec des arrestations de religieux, de personnalités libérales et aussi de militantes féministes s’est accentuée depuis.

Istanbul (AFP)

Source : Courrier international

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