Vu de l’étranger – Affaire Audin : la France avance enfin dans son devoir mémoriel

En reconnaissant l’assassinat de Maurice Audin par l’armée française en Algérie, jeudi 13 septembre, Emmanuel Macron soulève une part noire de l’histoire de France, observe la presse étrangère. C’est un premier pas vers un travail de mémoire que le pays n’a pas su faire en 60 ans.

C’était “l’un des crimes irrésolus les plus sordides de la guerre française en Algérie”, souligne The New York Times. Jeudi 13 septembre, ce crime “a été officiellement élucidé”, estime le quotidien américain. Emmanuel Macron a reconnu que l’armée française avait torturé et assassiné Maurice Audin, un mathématicien communiste de 25 ans opposé à la guerre en Algérie, en 1957.

“Pendant des décennies, sa mort en détention a constitué un symbole de la brutalité des forces françaises pendant la guerre d’Algérie, comme le massacre de My Lai l’était pour les Américains avec la guerre du Vietnam”, écrit The New York Times. Entre 347 et 504 civils vietnamiens avaient été tués par des soldats américains, le 16 mars 1968. “Mais contrairement à My Lai, qui avait entraîné des condamnations, il n’y avait jamais eu d’enquête sur l’affaire Audin”, pointe le journal de New York, avant de préciser :

Jusqu’à présent, jamais la France n’avait admis l’usage de la torture en Algérie.”

El País explique que “les blessures de l’Algérie, colonie devenue indépendante en 1962 après un conflit qui a fait 500 000 morts, marquent toujours la société française aujourd’hui”. Pour le quotidien espagnol, en admettant l’assassinat de Maurice Audin, “Emmanuel Macron a fait face à l’un des épisodes les plus noirs de l’histoire contemporaine française”.

Vers une évolution des mentalités ?

 

De l’autre côté de l’Atlantique, le Washington Post avance que la France a réalisé jeudi “un pas en avant dans la compréhension de son héritage colonial”. Le quotidien américain insiste sur l’âge d’Emmanuel Macron qui, à 40 ans, “est le premier président français né après la guerre et a montré une volonté rare d’avancer sur la question mémorielle en Algérie”.

Le Washington Post compare cette annonce avec celle réalisée par Jacques Chirac en 1995, quand le président d’alors avait reconnu et présenté les excuses de l’État français pour la rafle du Vel d’Hiv durant la Seconde Guerre mondiale. “Dans les années qui ont suivi, une présentation plus complète du rôle de la France dans l’Holocauste a été enseignée à l’école, et des mémoriaux ont été érigés à travers le pays”, raconte le journal américain :

Certains se demandent si le même mouvement, longtemps impensable, serait désormais possible pour l’Algérie.”

Corentin Pennarguear

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