Mamadou Baidy Gaye dénonce la connivence entre les hommes politiques, le milieu des affaires et la presse

De passage à Paris, le journaliste-militant Mamoudou Baidy Gaye est revenu avec Kassataya sur la journée mondiale de la presse.

Présentateur de l’émission Opinion sur Chinguitt Tv (télévision privée fermée par les autorités) Gaye est aussi bien à l’aise auprès des mouvements de contestations comme IRA- MAURITANIE que dans le monde des cultures urbaines.

Connu pour sa verve et son engagement, Mamoudou Baidy Gaye qui est par ailleurs le président du Club des Jeunes Journalistes de Mauritanie (CJJ) porte un regard sans concession sur les conditions d’exercice de son métier.

Le pouvoir asphyxie la presse indépendante

Selon Mamoudou Baidy Gaye la liberté de la presse tant vantée par les autorités est un leurre, car à y regarder de plus prêts dit-il, une bonne partie de la presse dite privée surtout au niveau des télévisions sont détenus par des hommes d’affaires ou des tribus au service non pas de l’information mais d’intérêts crypto-personnels.

Il déplore la gestion de l’aide à la presse qui, le rappelle-t-il, est un droit.

Mamoudou Baidy Gaye remet en cause l’utilisation qui en est faite « je trouve aberrant et anti démocratique que les montants à allouer à la presse soient modelés en fonction de la proximité avec le pouvoir. Agissant ainsi l’état mauritanien asphyxie la presse indépendante »

Il y’a un net recul de la liberté de la presse

Mamoudou Baidy Gaye ne manquera pas de revenir sur les convocations, les arrestations et les contrôles judiciaires dont sont victimes les journalistes.

Ces pratiques d’un autre temps sapent les fondamentaux de la liberté d’expression garantie par la constitution. Ces dernières années, en conjuguant les arrestations et intimidations des journalistes, les fermetures de presses privées, la non publication des journaux par l’imprimerie nationale, il est aisé de constater un net recul de la liberté de la presse et donc de la démocratie.

La nécessité d’informer juste

Mamoudou Baidy Gaye, insistera dans cet entretien sur le rôle du journaliste dans un pays multi-ethnique.

Notre devoir, dit-il, est d’avoir comme ligne de conduite une déontologie irréprochable afin d’informer juste.

Il reconnaît que dans un pays où les journalistes sont payés une misère et de façon irrégulière, la tentation de succomber à la corruption est grande.

D’où l’intérêt selon le président du CJJ de revaloriser les salaires des journalistes et de renforcer leurs formations.

Enfin, le sniper de la télévision privée, au chômage technique et sans salaire depuis 8 mois pointe du doigt l’irresponsabilité de la Haute Autorité de Presse et de l’Audiovisuel (HAPA). Et Mamoudou Baidy Gaye de soutenir que la HAPA ne joue pas son rôle de régulateur, c’est une coquille vide qui se limite à compter le temps de parole durant les opérations électorales.

Si la Mauritanie se targue d’être en tète de peloton en matière de liberté de la presse dans le monde arabe, elle perd cependant 15 points dans le dernier rapport de Reporters Sans Frontières en passant de la 57e place à la 72e place dans le classement mondial de la liberté de la presse.

RSF dénonce dans son rapport l’existence de pressions financières exercées par les autorités mauritaniennes sur les organes de presse privée.

Diallo Saïdou dit Thierno

Kassataya

04/05/2018

 

 

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