Sénégal : le président Macky Sall veut-il la peau de ses adversaires?

L’adoption d’un texte de loi imposant d’obtenir la signature d’au moins 0,8 % du corps électoral aux candidats à la présidentielle enflamme le Sénégal.

 

C’est la loi de la discorde. Celle qui a mis le feu aux poudres dans ce pays d’Afrique de l’Ouest pourtant réputé pour sa stabilité. Jeudi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Dakar, la capitale du Sénégal, et dans différentes villes de province contre une nouvelle loi électorale, adoptée le jour même à l’Assemblée nationale, imposant le parrainage à tous les futurs candidats à l’élection présidentielle de février 2019. Près de 100 manifestants – parmi eux, un ex-Premier ministre et un ­ancien ministre, tous deux candidats à la plus haute fonction, un ancien député et un rappeur – ont été arrêtés, avant d’être libérés, pour certains, vendredi.

L’organisation Amnesty International a fustigé « l’usage excessif de la force par la police et la gendarmerie contre des manifestants pacifiques », après cette journée noire. Un revers pour le président sénégalais Macky Sall, élu en 2012, qui apparaît ­désormais sous les traits d’un leader répressif et autocrate.

Inflation de partis politiques

 

Le nouveau texte, qui impose d’obtenir la signature d’au moins 0,8 % du corps électoral, soit 52.000 électeurs répartis dans sept régions, vise, selon les autorités, à éviter une inflation des prétendants à différents scrutins, dans un pays qui compte près de 300 partis politiques. Mais pour l’opposition, la mesure est au contraire destinée à éliminer des candidatures concurrentes de celle du président, qui devrait briguer un second mandat en 2019.

En visite à Paris, vendredi, ­auprès d’­Emmanuel Macron, Macky Sall s’est défendu devant la presse : « Si l’on ne rationalise pas les candidatures, il arrivera un moment où nous serons bloqués dans l’élection. Un pays qui est reconnu comme stable et démocratique va se retrouver en crise. Nous devons anticiper cela. » Une autre loi en préparation, qui imposerait aux candidats à la présidentielle de jouir de leurs droits civiques, avec un casier judiciaire vierge, par exemple, suscite également la controverse : elle pourrait barrer la route à Karim Wade, ex-­ministre et fils de l’ancien président ­Abdoulaye Wade. Condamné en 2015 à six ans de prison pour « enrichissement illicite », il avait été gracié en juin 2016 par Macky Sall. Pour le remettre en selle, mais pas forcément pour qu’il devienne président.

Camille Neveux

JDD

Source : JDD via MSN

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