Aziz déloge les hratines et c’est nous qui payons le toit !

La famille d’un voisin hartani qui habitait dans des baraques fait partie des fameux « déguerpis » dans tous les «  beaux quartiers » et même les moins beaux. L’état leur a donné un terrain à Tarhil.  Il faut dire qu’ils commençaient à être nombreux machallah à habiter à côté de beaucoup plus riches qu’eux même si vu la référence, quiconque peut payer quatre murs en dur paraît Crésus.

Beaucoup de hratines disséminés dans tous les beaux quartiers, dans chaque pâté de maisons. Cela fait du monde et par les temps biramiens qui courent, on n’est jamais trop prudent même si la menace était hier imaginaire, créée de toute pièce par ceux à qui profite l’éternelle division des mauritaniens et l’habitude de vivre sous tension. Si tous ces gens se levaient en même temps, la sécurité serait ingérable nulle part. De là la nécessité de parquer tous ces pauvres descendants d’esclaves à la périphérie des centres économiques et des habitations aisées même ceux de la classe la moyenne.

Ils ne sont pas arrivés par hasard : souvent un propriétaire cherchant un gardien à moindre frais, lui permet de s’installer là avec sa famille pour compenser un maigre salaire. Le pauvre hartani accepte tout car en habitant là, sa femme et ses enfants peuvent trouver un travail permettant à la baraque de tourner. La femme vend du couscous, du bassi ou du leuach au coin de la rue, la jeune fille devient «  hakameu » ( baby-sitter ) et le fiston ouvre dans une ruelle un coin « lavage de voiture » avec quelques chiffons et un bidon d’eau.

Ensuite la solidarité faisant, les voisins leur envoient à l’occasion les restes non négligeables des repas ou des fêtes et les familiarités faisant, on finit par se connaître et on peut aider si un malheur venait à survenir obligeant à aller à l’hôpital.

Ceux-là sont les hratines installés par les propriétaires mais voyant comment ils « prospéraient », d’autres hratines décident parfois de squatter un coin de place publique. Ils furent si nombreux que l’état a dû intervenir. Au début tout le monde devait être déguerpi mais le scandale fut tel, surtout qu’on touchait aussi à une certaine mixité sociale ancestrale, que l’état a décidé de ne laisser sur place que ceux qui habitent dans un terrain avec l’autorisation du propriétaire et ceux qui ont un travail dans le quartier.

Le mari de ma voisine est donc parti s’installer à Tarhil et la femme a pu rester avec ses enfants car elle tient « une table » et vend des légumes au détail aux familles de la classe moyenne du voisinage sachant que la cuisine maure consomme peu de légumes : 3 tomates, 2 carottes et un navet restent toujours indispensables à un certain goût désormais de chez nous.

Ne m’ayant jamais rien demandé, cette noble femme vint vers moi ce matin en m’expliquant qu’ils sont en train de construire à Tarhil en dur et qu’il leur manque le toit. Elle souhaite que les voisins qui peuvent  les aident. Je lui demande le prix du toit à titre indicatif car je pensais qu’ils allaient le faire en zinc ou en tuiles : là avec le ton d’une grande commerçante qui construit un palais, elle me dit qu’ils vont couler le toit en béton !

 

 

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VLANE

 

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