Il n' y a pas de contradictions de type religieux au sein de notre peuple. Pas même entre des confréries. Il y a des tentatives d' exploitation politicienne de sentiments religieux de citoyens blessés par des propos inacceptables contre l'un des fondements de la foi commune : l'intégrité absolue du Prophète Mohammed ( PSL).
Ces sentiments se sont traduits par des mouvements de protestation de masse tout à fait légitimes dans tout le pays. Des individus se sont infiltrés dans ces vagues pour tenter d'imposer une justice de rue à la place de la seule qui soit légitime en la circonstance : celle de la Charia interprétée et transcrite dans le code pénal et prononcée par des juges. L' attitude traditionnelle de l' exécutif à l' égard de cette justice a depuis longtemps discrédité son indépendance rendant particulièrement difficile l'oeuvre de ces juges. Malgré cela, des juges courageux au plus haut niveau et des avocats consciencieux ont toujours existé et tenté d'agir suivant ce que leur dicte leur conscience et non le pouvoir ou la rue. C' est cette justice là que les démocrates et tous les épris de justice ont réclamé depuis le début pour trancher le cas de Mkheytir et tous les autres procès en cours en Mauritanie.
La décision des juges de la Cour d' appel de Nouadhibou entre t-elle dans ce cadre là ou dans celui de jugements souvent préfabriqués? Le fait est que cette décision a appliqué l' article 306 du code pénal et, de ce fait, a satisfait les exigences formelles du droit. C'est mon avis de juriste .Ce fait ne peut être discuté raisonnablement qu' entre juristes, de quelque bord ou obédience qu'ils soient. Elle ne peut être traitée par la rue que pour la transformer en casse- gueule politique.
Le cas Mkheytir est absolument sans précédent judiciaire dans notre pays et dans les pays voisins, sauf erreur de ma part. Cette absence de jurisprudence explique en partie la passion qui l' accompagne et les difficultés de juger dans laquelle on se trouve. Le pouvoir a seul la clé pour sortir le pays de cette situation, en calmant le jeu, en respectant le sentiment des milliers de personnes encore meurtries par les mauvaises paroles prononcées contre le Prophète Mohammed ( PSL), en canalisant les manifestants tout en s' abstenant de toute répression, en veillant sur les biens et les personnes, en cultivant la tolérance et le respect des décisions de justice tout en oeuvant pour une descrispation générale et le respect de l' État de droit.. Est ce trop demander ? Un climat de Fitna, de confrontation généralisée ne sert pas la cause de Islam et celle de notre peuple, de son unité et de son progrès .
Gourmo Abdoul LO
Facebook – Le 16 novembre 2017
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