Le développement est-il possible avec tant de bassesses ?

1. Chers concitoyens Wolofs, Bambaras, Soninkés, Arabes, Haratines et Peulhs, mon avis sur la question.

Il est de l'ordre normal des choses que les mauritaniens de l‘intérieur et ceux de la diaspora revendiquent invariablement l’avènement d’un état de droit en Mauritanie. Il est aussi normal, qu’une fois l’état bâti, que les citoyens accèdent aux ressources dudit état sur la base de valeurs que sont, entre autres, la compétence, l’honneur, la sincérité, la morale, le travail, la vérité et le respect, toutes valeurs qui, à mon sens, sont les fondamentaux même d’un développement humain.

Sinon que signifierait le développement là ou de telles valeurs ne sont pas promues ? Comment peut-on révolutionné les secteurs dont dépend notre vie au moment où la corruption est systémique pas seulement au niveaux des institutions étatiques mais aussi les institutions sociétales, forgées par les citoyens ordinaires ? Est-il suffisant d’avoir des terres arables pour manger à sa faim ? Le diplôme est-il suffisant pour bâtir une societe développée ? Les vœux pieux sont-ils à meme de bâtir une vision ? A-t-on réellement besoin de bataillons d’êtres humains pour asseoir une société, une entreprise ou une ONG ?

Chers concitoyens, force est de constater, que dans notre pays, berceau de l’ancienne capitale de l’empire Soninké du Ghana, terre première des Bafours (peuple négroïde), terre des almoravides (berbères, noirs, arabes), ce j’appelle les facteurs de développement se raréfient pour ne pas dire s’érodent comme le serait un écosystème dépourvu d’arbres et soumis aux forces éoliennes.

Est-il besoin d’être un intellectuel (denrée humaine rare pour parler comme les économistes) ou un instruit pour se rendre compte que notre pays est au bas de l’échelle quand il est question de facteurs de développement ? Que valent les institutions étatiques ou sociales si les hommes et les femmes qui les gèrent font preuve de bassesses infiniment prejudicielles a l’essor humain et sociétal ?

Barak Obama désormais ex-président des USA (dans moins de 6jours) disait que l’Afrique a besoin d’institutions fortes. Il a surement raison mais une institution ne peut jamais etre forte que si les hommes et les femmes qui la gèrent sont aussi forts donc imbus et imprégnées dans les valeurs et les fondamentaux qui régulent ces institutions afin que ces dernières puissent remplir leurs fonctions.

Autrement dit une institution politique ne servira les populations que si elles sont gérées par des hommes et femmes vertueux, attachés à la sacralité de l’institution et son régalien. Idem pour une institution au service du développement économique, culturelle ou éducative.

Dès lors, il devient impératif et légitime d’affirmer sans hésitation l’incompatibilité de nos comportements avec le développement. Il est bien entendu certain que notre développement est possible mais il me semble sacrifié pour les générations actuelles tellement la prégnance des bassesses est profonde dans notre société dans sa globalité.

La société politique, l’environnement des affaires, les citoyens ordinaires, dans leur vie de toujours, se comportent exactement comme notre élite dirigeante. L’instituteur, le médecin, le marabout, le chef de village, le chauffeur, le défenseur des droits de l’Homme, l’étudiant, le professeur d’université, l’élève, le commerçant et meme l’opposant. Chacun dans son « métier » est un actionnaire assidu de ces bassesses.

2. Un petit mot sur les bassesses dans ma societe et mon pays

Dans les organisations que le ciyoyen Lamda s'est forgé, la gestion quotidienne rappelle, a bien des égards, ceux des dirigeants du pays : Diktat, horreur du bilan, horreur du contrôle, corruption des statuts, alliances familiales, territoriales, tribales, fraternelles dans des instituions et entités dédiées à la société donc au public.

Chers concitoyens, permettez-moi de revenir sur certaines de ces petites valeurs ou ces bassesses qui me font affirmer, a moins d’un miracle, que notre développement serait impossible dans les 30 ans à venir ! Pire nous serons en retard et dominés par les sociétés les mieux organisées, celles qui ont pu arrêter des principes mais aussi et surtout s’emploient à les respecter et à les exécuter dans la gestion de leurs institutions (étatiques et non).

Revenons à la Mauritanie chers concitoyens. C’est dans notre pays où, la transhumance politique est devenue un sport, une vertu, une valeur et un déterminant politique. Plusieurs mauritaniens s’adonnent à cette pratique pour accéder aux ressources de l’état (argent, poste, affaires, chef de village et meme Imam de mosquée). Au lendemain de chaque coup d’état, le personnel du president déchu migre vers les novelles prairies. Ainsi tout le personnel de Taya a servi Ely. Lorsque ce dernier a quitté, le meme personnel servira SIDIOCA. Idem avec Ould Abdoul Aziz.

Subséquemment bon nombre de citoyens se positionnent en fonction de leurs familles, de leurs terroirs, de leurs races, de leurs tribus et meme de leurs castes que je croyais avoir disparu.

En Mauritanie et au lendemain de notre passage à une « démocratie multipartisane », nous avons assisté à la multiplication d’organisations socioprofessionnelles rattachées aux castes (Associations des pêcheurs, associations meme de familles, Fédé Subalbes, Fédé Gneebes, Fédé yin me Ceerno kaariii, Fédé ceci et cela) et le tout sur fond de SERVIR des agendas d’hommes et de femmes prêts à tout accéder à l’état et ses ressources.

Chers concitoyens, ce n’est pas fini ! La bassesse c’est quand les structures dédiées au social, à la culture et même au culte sont détournées pour servir des agendas cachés d’hommes peu véreux.

La bassesse, c’est quand les sommités religieuses et coutumières se détachent du livre pour servir le temporel dans ses injustices contre les pauvres.

La bassesse, c’est quand on use et abuse des de l’Islam pour valider des règlements de compte.

La bassesse, c’est lorsque nos policiers, nos douaniers et nos gendarmes acceptent des billets de 1000UM et ferment les yeux sur des voitures sans assurance transportant des humains et des chèvres en même temps.

La bassesse c’est ce charretier, gourdin à la main, assène au chauffeur de taxi qui oserait ralentir sa course dans un marché où le code de la route n’est jamais respecté.

La bassesse, c’est aussi ce militaire qui laisse passer des délinquants venus de zones maghrébine et sahélienne devenues la proie d’une insécurité sans précèdent.

Chers concitoyens, la bassesse c’est lorsque cet instituteur ou professeur se détournent de l’école publique pour laquelle il a été formé et payé pour investir 98% de son temps dans des écoles privées et/ou au volant de sa voiture privée transformée en taxi urbain ou interurbain.

La bassesse, c’est cet administrateur formé pour servir les citoyens devient un courtier assermenté toujours au bout du fil pour régler ses affaires.

La bassesse c’est quand ce juge, ce magistrat qui convoque ses clients à 8h du matin arrive au bureau à Midi ou à 14h.

La bassesse, c’est aussi quand ces cadres du monde rural (Ingénieurs, techniciens de hauts niveau) détournent l’argent empruntée auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux pour bâtir des ranchs et autres projets pour leur propre carrière sociale..

La bassesse c’est lorsque les ministres, les ambassadeurs, les généraux, les gouverneurs, préfets et chefs coutumiers s’approprient les ressources pour des fins de contrôle politique et social de leurs terroirs d’origine.

La bassesse c’est quand la quasi-totalité des commis de l’état deviennent des accumulateurs d’argent et des acquéreurs de villas à Paris, Nouakchott, Dakar, Madrid ou aux USA.

La bassesse c’est quand des chefs coutumiers et religieux sont en intelligence avec le pouvoir dans le trafic de documents d’état civil.

La bassesse, c’est quand le ministère de l’éducation nationale devient une boutique où on vend les diplômes de BAC et on les falsifie.

La bassesse c’est quand un citoyen d’une « bonne famille » est déclaré admis dans une école militaire, ou à l’ENA grâce à un simple coup de fil.

La bassesse c’est quand à la salle d’urgence de l’Hôpital national, on voit un médecin, cigarette à la main, vagabondé au moment où un malade gîte dans son lit d’urgence.

La bassesse c’est ces pharmacies devenues des boutiques ou pullulent des pharmaciens qui vendent à tout vent leurs médicaments.

La bassesse c’est aussi ces députes, ces maires et ces sénateurs impopulaires, inconnus qui sont dans l’attente de voter des lois pour diviniser le président.

La bassesse c’est quand tous les opérateurs de ce pays sont d’une seule ethnie et/ou sont des éléments corrompus d’une autre ethnie qui sont capables de graisser la patte a un cadre au ministère du développement économique pour pourvoir faire leur business.

La bassesse c’est quand on massacre des citoyens paisibles et que l’oubli soit érigé, par l’état et ses commis, comme la seule et ultime en stratégie de réconciliation.

La bassesse c’est quand on traite un etre humain d’esclave (Maccudo) au service d’un autre etre humain.

Chers concitoyens et concitoyennes, la Mauritanie se trouve dans une impasse. La liste de nos bassesses est longue et ce sont de telles bassesses qui ont conduit certains pas à des crises douloureuses. Et il n’est point besoin d’être un illuminé pour comprendre les dangers qui guettent notre pays tellement les bassesses sont nombreuses et graves.

Adama NGAIDE

USA

Facebook – Le 17 janvier 2017

 

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