L’académie de Satan

Ce matin encore c'était Nana Toupak, notre référence aux antiquités nationales, qui clamait en plein centre du marché: "Mohamed ould Abd Al Aziz doit quitter". Quitter ou? Et à remplacer par qui ou par quoi?

Ces questions, pourtant incontournables, semblent reléguées aux hasards d'un futur, dévoilé sans cesse par les tableaux fixes, inchangeables et mille fois inchangés du passé et d'un présent en couleur.

Maaouya a été chassé héroïquement et sans coup férir, par un peuple qui hier seulement encore jurait de ne respirer que par sa présence. Comme on promet de se suicider aujourd'hui si le chef de l'état actuel se hasardait à refuser ce fameux troisième mandant que tout le monde lui propose et que personne ne possède.

L'opposition est là. Ou "peut-être est là". On ne peut savoir exactement.

On peut seulement se demander qu'est ce qu'une opposition et à quoi elle sert dans des situations comme la notre. Qui a opposé l'opposition à ce à quoi elle s'oppose? En quelle période? Autour de quels principes, au nom de quelle quantité de la volonté du peuple? Avec combien de voix et dans quelles circonstances? Etc.

Quand il était devenu Calife des musulmans, Abou Bakr entendit une femme des Ansars se plaindre : "Qui va nous traire notre chèvre maintenant que Abou Bakr est devenu Emir des croyants ? Il était le seul qui le faisait." Et le calife profondément secoué, de se dire: "Par Allah personne ne la traira autre que moi. Mon Dieu fait que la situation que Tu me donne ne me fasse jamais oublier qui je suis et ne m'éloigne jamais de tes pauvres."

Qui de notre gouvernement ou de notre opposition peut lever la main aujourd'hui pour dire je trayais les chèvres pour les pauvres et je continuerai à le faire?

Ou au moins faire le serment de ne pas traire le peuple jusqu'au sang une fois vautré dans "le sain siège".

Le peuple est mal. Il est mal éduqué, mal informé, mal formé, mal respecté, mal associé au partenariat de ses propres affaires. Il ne vote pas, on le fait voter, il ne décide pas, on le fait décider, il ne pense même pas, on le conduit à penser pour célébrer la réussite de ceux qui le mèneront vers cet état léthargique qui empêche le pays d'avancer. Anesthésie totale devant la catastrophe imminente.

Quand un peuple est désorienté, il faut chercher la faute du coté de ses meneurs.

Qui peut revendiquer de servir le peuple pour l'amour de Dieu? Ou sont les campagnes pour éduquer, aider, instruire, sensibiliser? Rien.

Les luttes qui foisonnent ont d'autres orientations très loin de la recherche de la prospérité du peuple ou de son développement.

Il n'y a pas besoin de lunettes pour voir que tout celui qui lutte héroïquement pour les intérêts du peuple, se love, une fois arrivé,  dans les draps duveteux de ses propres intérêts, ceux de sa famille et de ses proches.

C'est pourquoi le peuple n'a plus qu'une  issue: La flagornerie les applaudissements soutenus, les déclarations d'amour infidèles les faux messages aux dirigeants et les serments d'allégeances empoisonnées. Ces pauvres dirigeants à leur tour sont soumis psychologiquement aux influences narco-narcissiques de spécialistes de l'hypnose egocentrique qui leur chantent sans discontinuer "Il n'y a de Dieu que toi." Astaqfiroullah.

C'est ce genre d'expertises, de sciences perverses et immorales que nous transmettons à nos enfants.

Des malformations sociopolitiques mutantes conçues et armées pour se transmettre de générations en générations.

Madame mint Kleib, la Jeanne d'Arc, d'Atar a envoyé au président Aziz le message le plus précieux qu'il entendra "Si tu penses que tu nous donne quelque chose, sache que nous ne le recevons pas. Si tu crois que ceux qui te rendent compte de nous sont sincères et véridiques ou honnêtes, voilà nous te disons, nos yeux dans tes yeux, dans leurs yeux qu'ils sont faux et ne disent que mensonges."

Nous sommes victimes gouvernants et gouvernés de nos propres tours de cache-cache avec le Bon Dieu.

La décoration du mensonge, que nous semblons adapter et adopter est la première étape vers la décadence des peuples.

Je suis sur que la première revendication, la prière qui vient avant toutes les prières de Maaouiya ould Taya aujourd'hui sera que "ce peuple disparaisse." Car s'il a fait ce qu'il a fait c'était bien parce que le peuple l'a poussé vers ce vers quoi il l'avait poussé.

Cet état de malaise sous jacent est aggravé par la cupidité de celui qui vise le sommet à user et abuser de toute fracture sociale qui lui tombe sous la main. Les ethnies sont jetées les unes contre les autres et la confiance entre les citoyens, se désagrège à vue d'œil et disparait à tire d'aile.

Le negro mauritanien a peur de l'ouverture sur les arabes, les touaregs, les "peaux claires" etc.… et le maure est inquiets de voir un président noir ouvrir les portes a l'Afrique noir au détriment de sa chère arabité.

Le sentiment national patriotique s'est effrité sous l'effet corrosif du grignotage systématique de l'appartenance à un seul pays et du lien normalement solide du lien par un même destin.

Pourtant il est devenu clair et plus qu'évident, qu'aucune entité nationale ne sera jamais rien sans que toutes soient quelque chose.

Ceux qui nous ont précèdé sont arrivés aux faites et aux cimes, par la force de la morale, la morale de la force, le privilège de la justice la justice du privilège, le culte de la véracité, le sacre de la fraternité et le poids des valeurs.

Allah vous a mit en garde contre l'ennemi eternel, le plus tenace et le plus patient à vous détruire: Satan. Celui qui a juré de vous perdre. "Satan est pour vous un ennemi, considérez-le comme tel." Coran. Il est capable de vous ouvrir soixante dix portes d'illusion pour arriver à vous engouffrer dans la bonne porte de votre perte. Du simple regard à l'adultère, de la simple liberté d'expression à la médisance, de la simple gestion de biens public à la haute trahison du jugement entre les gens au "shirk"etc.…

Les plans de Satan sont clairs, mais beaucoup tombent dans les mailles de ses filets, les yeux ouverts. Ils s'y trouvent des excuses, pour ne plus en sortir.

Si Allah vous éprouve par les insufflations du malin, vous ne devez cependant jamais oublier qu'entre deux battements de cils, le Maitre du monde change ce vaste univers d'un état à un autre.

Le pauvre d'aujourd'hui est le riche de demain, le jeune devient le vieux, le cher aujourd'hui devient servile demain. Tout change. Tout changera. Rien ne dure. Seul Dieu reste.

Pourquoi alors accepter d'être dans la mauvaise mémoire de l'histoire et du jour du jugement.

Pourquoi vendre ce qu'on a de plus cher contre des bouchées de vent qui ne durent pour personne et se transforment sans discontinuer en souvenirs flous et inconsistants.

Tous les dirigeants se valent pourvu qu'ils soient mauritaniens aux sens propre et figuré.

Que samba Thiam, Ould Daddah, ou Messoud Boulkhayr, malgré l'âge, Voulane ou allane gouvernent n'est pas le problème. Le problème c'est de se purifier la conscience avec Dieu et ses créatures envoyer des messages positifs à tous ses concitoyens pour rassurer de l'homogénéité et de l'uniformité des objectifs, des principes et des la fidélité à la nation et à son unité sacrée, du traitement de tous les citoyens sur le même pied d'égalité.

Mener le pays dans l'esprit de celui qui gère sa propre famille.

Quand le dirigeant est conscient sobre et juste, il entre dans le cercle de ceux qui, prophètes, messagers hommes sages et justes sont sur cette terre pour le bien. Ceux à qui le Maitre des mondes a promis : " Cette demeure dernière, nous la réservons à ceux qui ne recherchent ni à s'élever sur terre, ni à y semer la corruption. L'heureuse fin appartient aux pieux."28-83

 

Mohamed Hanefi

Koweït

 

(Reçu à Kassataya le 5 décembre 2016)

 

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