APE : l’UE chercherait à forcer la main aux africains récalcitrants

A quelques semaines d'entrée en vigueur des accords de partenariat économique ( APE) entre l'UE et les 15 pays de l'Afrique de l'Ouest de la CEDEAO plus la Mauritanie,

l'Union européenne pare au plus pressé en cherchant à forcer la signature en menaçant de mettre fin à l'accès privilégié des produits africains sur le marché européen à la date du 1er octobre prochain.C'est du moins l'avis d'un spécialiste français des politiques agricoles européennes et africaines Jacques Berthelot qui souligne que les enjeux de cette échéance ne sont pas les mêmes pour toute l'Afrique de l'Ouest.Pour les observateurs ce chantage européen ne fera que creuser davantage le fossé entre les pays moins avancés et pays en développement.

Le jeu du chat et de la souris entre l'Union européenne et les 15 pays de l'Afrique de l'Ouest de la CEDEAO pourrait peut-être prendre fin le 1er octobre prochain date d'entrée en vigueur des accords de partenariat économique (APE), accord dit de libre-échange qui oblige l'Afrique de l'Ouest à supprimer ses droits de douane sur près de 80 pour cent de ses importations européennes à l'horizon de 2035.Mais tout n'est pas encore joué parce que 2 pays sont récalcitrants le Nigéria et la Gambie.

Deux pays anglophones qui pèsent sur la balance commerciale dans un contexte de Brexit, la sortie de l'Angleterre de l'UE qui change complètement la donne .La Mauritanie devant passer d'abord par un accord de coopération avec la CEDEAO. Paradoxalement tous les pays les moins avancés n'ont pas hésité à suivre les injonctions de l'OMC( Organisation mondiale du commerce) pour la date boutoir du 1er octobre fixée arbitrairement par l'UE. A l'approche de cette entrée en vigueur les observateurs sont inquiets de la menace de l'UE à mettre fin à l'accès privilégié des produits africains sur le marché européen dévoilée par Jacques Berthelot .Le spécialiste français des questions agricoles sait de quoi il parle. Pour lui les enjeux de cette échéance ne sont pas les mêmes pour tous les pays concernés.

En réalité cette course contre la montre de l'UE vise à casser l'intégration régionale en divisant les pays membres de la CEDEAO entre les signataires et les non signataires, entre les pays les moins avancés et les pays en développement ou en voie d'émergence. Sans l'accord de tous les pays ce sont les pays classés les moins avancés qui vont bénéficier de droits nuls d'exportation vers l'Europe sauf les armes et les munitions grâce au système Tout Sauf les Armes ( TSA) tandis que les pays en développement vont payer les droits de douane. In fine les APE apparaissent comme des accords à deux vitesses qui vont creuser davantage le fossé entre les différents pays concernés et vont contribuer à appauvrir davantage les pays qui sont déjà pauvres et freiner les économies des pays qui se portent mieux.A titre d'exemple les produits agricoles seront les plus touchés du fait de l'inexistence de subventionnement étatique alors que les agriculteurs européens le sont.La concurrence est donc faussée au départ.L'impact sur les recettes fiscales est non négligeable également.

Des pertes considérables qui vont entraîner des baisses des recettes douanières indispensables pour les trésors publics de ces pays. Pour les économistes il faudra s'attendre à une baisse des dépenses publiques qui signifieraient l'aggravation des problèmes sociaux moins d'écoles d'enseignants moins d'hôpitaux et moins d'infrastructures et d'investissements.L'accès privilégié sur le marché européen est en définitive un leurre parce que l'UE a signé d'autres accords avec d'autres partenaires en dehors de l'Afrique très avantageux pour pouvoir choisir ses propres intérêts.Bien entendu c'est l'influence de la France par rapport à tous ces pays anciennement des colonies qui est dans le viseur des observateurs. Avec son lobby agroalimentaire beaucoup de pays cèdent facilement à la pression.

 

Bakala Kane

 

(Reçu à Kassataya le 18 septembre  2016)

 

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