S’agit-il d’une volonté de dialogue, ou le pouvoir joue-t-il encore la « ruse »?

Le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz a le choix, deux alternatives s'offrent à lui : maintenir le pays dans  le statuquo: l'impasse politique, économique et sociale et avec toutes les conséquences qui pourraient en découler, ou bien comprendre enfin la gravité de la situation, la fragilité du pays et les dangers qui le guettent (comme l'a si bien dit le président Messoud Ould Boulkheir dans sa tribune libre) et accepter de s'engager dans la voie de l'apaisement, la voie consensuelle c'est-à-dire celle du consensus  entre tous les acteurs de la vie nationale.

Au jour d'aujourd'hui force est de constater que la voie de l'apaisement et du consensus ne semble pas être la motivation principale de ce gouvernement. Les manœuvres dilatoires en cours indiqueraient que le choix du pouvoir se porterait plus sur le maintien de l'impasse, ce qui  pourrait résulter comme perspective malheureuse pour le pays, le chaos.

Il est frappant de remarquer que depuis quelques jours le gouvernement joue à un double jeux, malsain  face à la gravité de la situation, la "ruse" : C'est au ministre de l'information ex-député putschiste de jouer à l'arrogance, à la provocation avec zèle, à la confusion politique et aux accusations mensongères et au premier ministre de rencontrer les dirigeants des partis politiques, leur exprimant la volonté du pouvoir à trouver un consensus pour des élections consensuelles et libres et démocratiques.

Ce double langage pourrait avoir, entre autre, comme objectifs: le langage extrémiste du ministre de la communication destiné à la consommation locale, rassurer leurs partisans, en réaffirmant l'intransigeance du pouvoir vis-à-vis de l'opposition (campagne de mobilisation en vue des élections) et le rôle du premier ministre consisterait à  faire l'illusion d'une volonté de dialogue destinée à l'opinion nationale et internationale et plus particulièrement aux partenaires de la Mauritanie, et enfin l'autre objectif pourrait être: de chercher à endormir l'opposition, en la faisant croire qu'il existerait une divergence. Mais pour  qui connait la nature de ce pouvoir, sait bien qu'il n'y a pas et qu'il  ne peut pas y avoir de points de vue différents  a fortiori  une divergence.

S'il s'avère, malheureusement pour le pays, que c'est l'option choisie par le gouvernement, l'Opposition qui a déjà fait face à d'autres manœuvres  similaires du pouvoir par le passé, sait à quoi s'en tenir (c'était le cas par exemple avant les municipales et les législatives passées)- manœuvres qui avaient d'ailleurs lamentablement échoué sur tous les plans: les partenaires de la Mauritanie n'ont pas suivi et le déroulement des élections a été catastrophique – on dit qu'un homme avertis en vaut deux-

Dans les semaines et mois à venir, le risque est grand  pour le pays, de basculer cette fois-ci dans une situation inextricable, très difficile et la plus inquiétante de son histoire. Nous souhaitons nous tromper d'analyse ou d'appréciation, mais l'état réel du pays est tel que trop de clignotants sont au rouge aujourd'hui.

Aucun pays, quelque soit son importance, ses capacités et sa solidité ne peut vivre durablement une crise de cette nature et de cette dimension, a fortiori, un pays comme le nôtre, trop fragile et miné dans sa profondeur. Donc l'apaisement, le consensus national sur tous les sujets de crispation, de controverse et de division sont les seules remèdes qui peuvent désamorcer cette bombe en ébullition.

Lorsqu'on vit dans un pays où toutes les contractions internes sont exacerbées, où l'insécurité intérieure et extérieure, le radicalisme, obscurantisme  s'accentuent ou se développent à une allure exponentielle, où la pauvreté a atteint même la classe dite moyenne, alors il suffit d'une petite étincelle pour que le pays connaisse un sort similaire à d'autres pays de la sous-région.

Persister dans Le déni sur cette réalité, s'apparenterait à une déloyauté contre ce pays donc un forfait commis contre le peuple mauritanien. Il est donc plus qu'urgent que le pouvoir prenne la mesure de la gravité de la situation et agit en conséquence.

Maréga Baba/France

 

 

(Reçu à Kassataya le 29 mars 2014)

 

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