Non seulement le racisme est bête, mais il est aussi mauvais pour la santé

Vivre dans un environnement raciste augmente le risque cardiovasculaire des noirs, mais aussi des blancs.

Le racisme n'est pas qu'un fléau moral et politique, il relève aussi d'un fléau sanitaire, car vivre dans un environnement raciste, c'est risquer de voir son existence significativement raccourcie. Selon une vaste étude publiée le 24 août dans la revue Psychological Science, le préjudice touche en premier lieu les victimes de stigmatisation raciale, mais il accable aussi ceux qui la colportent.

Menée par quatre psychologues de Berkeley et de l'université Ryerson, au Canada, l'étude rassemble près d'1,4 million d'individus dispersés dans 1.700 comtés américains et court sur dix ans, de 2003 à 2013. Elle observe que les noirs habitant dans des quartiers et des communautés ouvertement racistes ont un risque bien plus élevé de mourir de maladies cardio-vasculaires. Dans une moindre mesure, l'espérance de vie des blancs est elle aussi affectée.

«Vivre dans un environnement racialement hostile semble aussi délétère pour le groupe victime des préjugés, dans ce cas les noirs, que pour celui qui les entretiennent, c'est-à-dire les blancs», résume Jordan Leitner, son auteur principal.

Si cette étude n'est évidemment pas la première à corréler racisme et maladies, jamais les liens n'avaient été établis sur une population aussi conséquente. Elle permet aussi de mettre en lumière de profondes inégalités raciales en matière d'accès aux soins: dans les quartiers les plus oppressifs, les noirs ont le sentiment d'être moins bien pris en charge. A l'inverse, les blancs consignent toujours un bon accès aux infrastructures sanitaires, qu'ils vivent ou non dans des communautés racistes.

Quel accès aux soins?

Si ce travail ne permet pas d'établir un lien causal entre racisme et maladies cardio-vasculaires, les chercheurs estiment que le stress environnemental généré par l'hostilité raciale, combiné aux inégalités réelles ou perçues d'accès aux soins, est tout à fait capable de créer ou d'aggraver des troubles cardiaques chez les noirs.

«Il est possible que les noirs vivant dans des communautés racialement hostiles soient moins bien soignés, soit parce qu'ils ont effectivement accès à des soins de moindre qualité, soit parce qu'ils évitent les infrastructures médicales, même si elles leur sont accessibles, de peur de subir des discriminations», précise Leitner.

Dans un futur proche, le scientifique voudrait voir si les préjugés racistes véhiculés par les noirs pèsent aussi lourdement sur la santé de leurs voisins.

 

Repéré par Peggy Sastre

 

Source : Slate

 

 

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