Pour le compte des colons français, Aziz sait-il que deux émirs résistants ont été tués par des Oulad Bou Sba ?

Quand on lit les mémoires des colons présents aux moments des faits, on est stupéfait de découvrir qu’un régime avec à sa tête un sbaï puisse indexer des tribus, une région pour leur rôle dans la pacification en oubliant les siens…

 
 
Ainsi on ne le dira jamais assez, appeler l’aéroport Oumtounsi c’est une insulte officielle à Ehl Cheikh Sidiya et tout le Trarza sans parler de la Mauritanie intégralement pacifiée.
 
Ainsi dans son livre « Mémoires de randonnées et de guerre au pays des Beïdanes  (Mauritanie 1903 – 1911, édition Karthala),  le capitaine Frèrejean rappelle les faits dont nous parlons à savoir la mort de l’émir de l’Adrar tué par des Oulad Bou Sba armés par les français et la mort du redoutable émir du Tagant Bakar Ould Soueid Ahmed qui reçut la première balle d’un sbaï. D’ailleurs dans tout son livre, le Frèrejean ne parle des goumiers de confiance qu’en termes de « nos Oulad-Bou-Sba ». Ce terme est écrit partout…
 
En ce qui concerne la mort de l’émir de l’Adrar, on peut lire P66 paragraphe 3 en parlant de quelqu’un d’autre : «  Les jours suivants il revient à la charge. Il promet de m’amener les chefs Oulad-Bou-Sba. Ceux-ci sont ennemis de l’Adrar. Ce sont les Ould-Bou-Sba qui après l’échec de la mission Blanchet ont offert au gouvernement du Sénégal de venger cet échec. Armés par nos soins de fusils Gras, ils ont ravagé l’Adrar et tué Ahmed-ould-Moctar-ould-ahmed-aïda, émir de ce pays. Puis pliant sous le nombre, ils se sont retirés dans l’Adrar-Soutouf et au Trarza. Mais ils ont conservé l’armement que leur ont donné les français : nous nous en apercevrons plus tard. »
 
En ce qui concerne la mort héroïque de Bakar, géant de 2m qui autour de 90 ans est tombé les armes à la main et n’est mort que 10 jours après des suites de ses blessures malgré son âge, Frèrejean présent lors de l’assaut écrit  P263 « sorti de sa tente, pour fuir, lors de notre premier bond en avant, nous l’avions dépassé sans le voir. Lorsque l’un de nos Oulad-bou-sba, l’oncle de M’Hamed-ould-amar, nommé Amar-ould-boubacar, qui s’occupait de ramasser les chevaux restés indemnes dans le campement, vit ce colosse s’éloigner lourdement (Bakar mesurait deux mètres et il était blessé) il lui cria : « Holà, n’es-tu pas Bakar ? » Pour toute réponse le vieillard lui lâcha un coup de fusil. Amar riposte en abattant l’Emir. Boïlil, le « haratin » d’Amar lui décharge, à bout portant, son fusil Gras dans les reins. Amar s’empare du fusil de l’Emir qui supplie qu’on l’achève. Amar rentre dans une tente voisine, s’y empare du sceau de l’émir puis jette un tapis sur le corps du nonagénaire qui respirait à peine. C’est ainsi que je l’avais trouvé.
 
Bakar avait quatre vingt dix sept ans. Il commandait depuis soixante quinze ans et passait pour le plus puissant des chefs maures qu’il avait tous vaincus sauf les Trarza. »
 
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Geneviève Désiré-Vuillemin qui annote le texte de Frèrejean pour le recadrer écrit toujours P263 :« Bakar-ould-soueid-ahmed eut en effet un règne d’une longueur exceptionnelle, mais que Frèrejean rallonge puisque Bakar est né vers 1816 et qu’il a remplacé son frère comme émir des Ida-ou-Aïch en 1836 (ce qui donne 69-70 ans de règne et 89-90 ans d’âge, temps remarquables). Le personnage est, lui aussi extraordinaire, d’une intelligence supérieure, fin politique, diplomate, vaillant guerrier et guerrier heureux : la prééminence de sa tribu est son œuvre.
 
Selon Amilhat, il put se vanter «  d’avoir traité avec tous les gouvernements français depuis Louis-Philippe, d’avoir vaincu toutes les tribus jusqu’à Tombouctou et même d’avoir vaincu Faidherbe.
 
Le règne de ce grand émir comprend plusieurs épisodes :
 
De 1839 à 1890 : il lutte contre les tribus du voisinage, spécialement contre les Kountas et les Hassan pour étendre sa suzeraineté sur le Tagant et Sud-Est mauritanien.
 
De 1890 à 1900 : son autorité solidement assise au Sud, il tente de l’élargir sur l’Adrar en guerroyant contre les Kountas et surtout les Oulad_jeffria, victorieusement.
 
L’intervention des français dans le Sud mauritanien lui fait abandonner ses projets de conquête au nord. Il cherche à consolider ses positions menacées par les Kountas qui ont les faveurs de Coppolani. Il meurt en combattant à Bou-Gadoun, fin digne du héros de légende qu’il était ».
 
Qui plus que lui méritait son nom sur un aéroport au nom de la résistance ? Le problème c’est qu’il eût fallu alors raconter l’histoire et notamment qui l’a tué…
 

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Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (Le 22 janvier 2016)

 

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