La Gambie impose le port du voile dans ses administrations

« Le destin de la Gambie est dans les mains d’Allah le Tout-Puissant. A partir d’aujourd’hui, la Gambie est un Etat islamique. » L’annonce claironnée à la mi-décembre 2015 par le président Yahya Jammeh avait d’autant plus surpris qu’aucune précision n’a été donnée sur les modalités de ce changement de statut.

 

« Les chrétiens devront être respectés comme il se doit », s’était contenté d’assurer le chef de l’Etat, ajoutant qu’il ne nommerait pas de police islamique pour traquer les femmes mal voilées. « La manière dont [elles] s’habillent ne vous concerne pas », avait-il lancé à la foule.

Les autorités ont-elles, depuis, changé d’avis ? Un responsable du ministère de l’éducation a confié à l’AFP, sous couvert d’anonymat, avoir reçu « un memorandum du service du personnel demandant de donner instruction aux fonctionnaires femmes du ministère de s’abstenir de montrer leurs cheveux ».

Selon le document, daté du 4 janvier, « tout le personnel féminin des ministères, départements et agences gouvernementaux n’est plus autorisé à montrer ses cheveux pendant les heures de travail officielles à compter du 31 décembre 2015 ». Les fonctionnaires sont appelées « à se couvrir les cheveux et à les attacher ».

90 % de musulmans

Yahya Jammeh, 50 ans, militaire de carrière issu d’une famille paysanne de l’ouest du pays, cultive depuis longtemps l’image d’un président pratiquant et doté de pouvoirs mystiques. D’après des estimations, les musulmans représentent environ 90 % de la population gambienne et les chrétiens 8 %. Subsistent également des adeptes de religions traditionnelles.

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Protectorat britannique depuis 1894, la Gambie acquiert son indépendance en 1965 au sein du Commonwealth et devient une République en 1970 sous la présidence de Jawara. Le président Dawda Jawara a été renversé en 1994 par un coup d’Etat militaire dirigé par Yahya Jammeh. Ce dernier, élu pour la première fois en 1996 puis réélu trois fois (en 2001, 2006 et ensuite en novembre 2011 avec 72 % des voix) règne en maître sur son petit pays, enclavé dans le Sénégal.

En octobre 2013, le chef de l’Etat avait annoncé le retrait la Gambie du Commonwealth, avec effet immédiat, qualifiant de « coloniale » l’organisation de pays anglophones. Lors d’une cérémonie publique en mars 2014, le président avait également fait savoir dans un discours que son pays abandonnait l’anglais comme langue officielle, au profit d’un idiome national non précisé. Une annonce demeurée pour l’heure sans effet.

Le régime de Yahya Jammeh est régulièrement critiqué par les défenseurs des droits de l’homme pour des violations des libertés. La prochaine élection présidentielle doit se tenir en décembre.

 

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Source : Le Monde.fr avec l’AFP

 

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