Mahamadou SY : « Taisez-vous, HORMATALLA ! »

A mon ex-compagnon de lutte HORMATALLA

Je suis sidéré par vos propos, Abdallahi, vous le compagnon de lutte sous le règne de Maaouiya Ould S.A Taya.

J’ai comme certains eu du mal à coller les propos à l’homme.

Mais la vidéo ne laisse pas de place à l’ambigüité et aucune contorsion n’en atténuera la portée. C’est dit avec tellement de simplicité et d’aplomb que cela ne peut pas être juste un dérapage verbal. Qu’est-ce qui a changé entre le règne de TAYA et celui d’AZIZ ?

Que reste-il de cette période où nous usions ensemble, avec détermination, nos talons entre la place Trocadéro et la rue Montevideo ?

Que c’est loin cette conférence d’AIRCRIGE à la Sorbonne organisée en 2002 par Catherine COQUIO, où vous vous attaquiez avec virulence aux négationnistes envoyés par le régime de TAYA pour nier l’esclavage, les déportations et le génocide en Mauritanie. Ces négationnistes auxquels vous ressemblez étrangement aujourd’hui et même en pire. Vous souvenez-vous qu’eux aussi avaient tout mis sur le dos des FLAM. A chaque président ses nervis, les patrons changent mais les stratégies restent identiques. Ce qui du reste est tout à fait normal, vu que TAYA et AZIZ sont les deux faces d’une même pièce. TAYA n’était pas le problème mais une partie de celui-ci.

Ai-je besoin de vous rafraîchir la mémoire à propos de mon intervention au deuxième jour de la conférence ? Après une courte présentation je disais ceci : « J’ai entendu chacun des contradicteurs charger et accuser les FLAM de tous les malheurs de notre pays et de flamistes tout celui qui parlait d’esclavage et du racisme en Mauritanie. Je tiens donc à vous préciser avant de commencer que je ne suis pas flamiste, ne l’ai jamais été et ne suis membre d’aucun parti politique. Je vous livre un témoignage brut, mon vécu. Ensuite à chacun d’en tirer ses conclusions ».

Cher ex-compagnon, comme eux vous pointez du doigt ce même mouvement. Les pendus d’Inal, comme je viens de le dire, n’ont aucun rapport avec un quelconque écrit des flamistes. D’autre part, le problème de la Mauritanie n’a jamais été les FLAM, bien avant eux, il y a eu le manifeste de 1966 et tous deux mettaient en garde contre les dérives que nous vivons aujourd’hui. Les auteurs de ces documents historiques n’étaient pas les diviseurs haineux qu’on nous dépeint mais de vrais visionnaires. La preuve !

Quel moustique a pu vous piquer pour vous renier à ce point ? Les bourreaux sont là, en vie et pour certains déjà à la retraite, donc délivrés de leur devoir de réserve. Pourquoi eux ne nous démentent pas ? Le général Ould MEGUETT (tout puissant directeur de la sûreté) que nous accusons d’être coresponsable de la mort du Lieutenant TAMBADOU, Le Colonel Sidina O. BOUYA (conseiller au ministère de la défense nationale) que nous accusons d’être responsable des pendaisons que vous niez, Ould VAIDA de massacre de plusieurs centaines de civiles et de s’en vanter même et Ould abdel AZIZ désormais premier responsable de ce qu’il appelle vulgairement « le passif », pourquoi ne nous poursuivent-ils pas en justice pour diffamation, même devant un tribunal aux ordres ? Il n’y a pas meilleur endroit pour clouer le bec et nous ne demandons que ça.

Pouvez-vous nous dire, vieux compagnon, où étiez-vous la nuit du 27 au 28 novembre 90 ? Savez-vous seulement où se trouve Inal sur la carte de la Mauritanie ? Pas moins qu’avec les négationnistes de TAYA auxquels vous vous substituez aujourd’hui, votre action est aussi vouée à l’échec. De tels propos eurent pu payer en d’autres temps. La carte de la diabolisation d’une partie du peuple ne passe plus ; les mêmes actes ne produisent pas toujours les mêmes effets. Les Mauritaniens de tous bords savent la vérité et veulent simplement panser les plaies.

Il y a des sujets sur lesquels il ne faut jamais porter de jugement à la légère. Il s’agit là d’un drame national, de veuves, d’orphelins, de témoins rescapés et de tout un peuple. Vous ne pouvez impunément insulter nos martyrs. Si vous n’êtes pas capable d’aider à trouver des solutions, alors à défaut d’excuses publiques, faites comme beaucoup de nos compatriotes : taisez-vous.

Mahamadou SY
Rescapé du camp de concentration d'Inal

 

Source : Facebook

 

 

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