COP21 : les chefs d’Etat africains prêts à revenir taper du poing sur la table

Les présidents africains n’attendent qu’un signal pour revenir à la COP21 s’il fallait taper du poing sur la table. Le président béninois Boni Yayi a fait passer le message, dimanche 6 décembre,

alors que les négociateurs faisaient le bilan de la première semaine de tractations devant la cinquantaine de ministres des affaires étrangères et de l’environnement présents dans le centre de conférence du Bourget. « Plusieurs d’entre nous se tiennent prêts, car il en va de l’intérêt de l’Afrique, qui est le continent le plus vulnérable », explique le chef de l’Etat dans son message.

La 21e Conférence de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), qui doit se conclure par le premier accord universel engageant aussi bien les pays industrialisés que les pays en développement, entre lundi dans sa phase politique. La plus délicate pour les pays Africains, dont les représentants maîtrisent mal le sujet. Certains donnent même l’impression de le découvrir. Pour les francophones, l’utilisation de l’anglais dans les discussions reste un vrai handicap.

Dimanche, pendant cinq heures, les négociateurs se sont donc efforcés de traduire en termes simples les options contenues dans les 48 pages du projet d’accord sur lequel les ministres des 195 pays qui participent à la négociation sont censés s’entendre d’ici mercredi soir.

Lire aussi : COP21 : « Les jeux ne sont pas faits pour l’Afrique »

Ils ont listé les positions sur lesquelles l’Afrique devra continuer à se battre pour parvenir à un accord satisfaisant : garantir un traitement préférentiel qui reconnaisse sa vulnérabilité au changement climatique, exiger que l’objectif de limitation de hausse des températures moyennes soit de 1,5 °C au lieu de 2 °C, obtenir que davantage d’argent soit affecté à l’adaptation au changement climatique…

« Jusqu’au dernier moment »

Deux ministres africains – celui des affaires étrangères du Gabon, Emmanuel Issoze-Ngondet et de celui de l’environnement de Gambie, Pa Ousmane Jarju – ont été choisis par la présidence française pour faire partie des quatorze facilitateurs chargés de l’aider à faire aboutir les négociations. Le premier interviendra sur les questions de financement et de transfert de technologies ; le second, sur les actions qu’il faut engager avant 2020, date de l’entrée en vigueur du futur accord. Des sujets cruciaux pour l’Afrique. C’est dans le cadre de ce deuxième groupe de travail que se discuteront les objectifs concrets en matière de financement de l’adaptation et les étapes pour atteindre les fameux 100 milliards de dollars (924 millions d’euros) d’aide annuelle promis à Copenhague en 2009. « Nous aurons besoin de l’appui de tous les ministres et de tous les négociateurs, jusqu’au dernier moment », a prévenu le Gambien. « Nous avons appris de la conférence de Lima [en décembre 2014], qu’il faut prévoir de rester jusqu’au dimanche. Les choses ne seront pas faciles. »

Lire aussi : Les cinq Africains qu’il faut suivre à la COP21

L’Egypte, qui préside la Conférence des ministres de l’environnement africain (AMCEN) dans laquelle se discute la position africaine, a de son côté désigné les ministres de l’Ouganda, de l’Ethiopie, du Nigeria et du Botswana pour appuyer le Gabon et la Gambie dans les négociations et faire un travail de coordination interne entre les 54 pays du continent. « Ce sont les meilleurs », confie un fin connaisseur des arcanes onusiennes.

Après avoir dévoilé son plan de bataille, le ministre de l’environnement égyptien, Khaled Fahmy, a mis en garde : « Nous devons assurer rapidement une transition entre les ministres et les négociateurs. Cela a été notre point faible par le passé. » Ces derniers ont déjà commencé à rédiger des notes pour aider leurs patrons sur les points les plus techniques.

Reste une question posée par la Côte d’Ivoire : « Si les autres pays ne veulent pas se rallier à nos positions, que ferons-nous ? Avons-nous un plan B ? » Le ministre a récolté des applaudissements, mais pas de réponse.

Laurence Caramel

 

Source : Le Monde Afrique

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page