Troisième mandat en Afrique: pourquoi l’UE n’a pas une position claire

Au Congo-Brazzaville comme au Rwanda, les deux chefs d'Etat sont à la fin de leur deuxième et dernier mandat. Kigali a choisi de réformer sa Constitution pour lever la limite du nombre de mandats. Brazzaville va carrément adopter un nouveau texte fondamental, ce qui permettra à Denis Sassou-Nguesso de se maintenir au pouvoir.

Les Etats-Unis ont été très clairs et refusent des changements constitutionnels opportunistes. L'Union européenne semble elle avoir du mal à se positionner et se réfugie souvent derrière la charte africaine de la démocratie.

« Dans son article 10 [de la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, NDLR], il est clairement dit que les pays membres de l'Union africaine s'engagent à ne pas faire de changement constitutionnel de nature à porter atteinte à l'alternance démocratique », justifie un diplomate européen. « Nous mettons en avant les instruments dont les Africains se sont dotés eux-mêmes », explique ce diplomate. « C'est vrai c’est difficile, on touche là à des problèmes de souveraineté », complète un parlementaire européen.

Alors pourquoi l'Union européenne s'est prononcée assez ouvertement contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza au nom des accords d'Arusha ? « Le Parlement européen a beaucoup travaillé là-dessus », explique Maria Arena du groupe socialiste. Comme beaucoup de députés européens, elle souligne que le Parlement est souvent en pointe sur les questions de démocratie quand la Commission cherche « le consensus avec les Etats membres, plus frileux à la rupture ».

Des cas particuliers

« Il y a ceux qui voient toujours le Rwanda comme un cas particulier. Quels que soient les crimes et les violations des droits de l'homme, certains pays européens sont amoureux de Paul Kagame », ironise un chercheur, ajoutant que « d'autres cachent mal des intérêts économiques à Brazzaville que Denis Sassou-Nguesso serait censé garantir ».

« C'est faux de dire que les Américains ont une doctrine et pas nous. Qu'est-ce qu'ils disent à l'Ethiopie ? » S'insurge un officiel européen. « C'est vrai qu'on a un vrai déficit, estime pour sa part Isabelle Durant, ex-vice-présidente du Parlement européen. On devrait être capables d’exprimer une ligne de conduite et s'y tenir, sans dérogation, ni cas particulier. »

 

Source : RFI

 

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