En football, est-ce (forcément) le plus riche qui gagne?

SPORT – Le récent transfert d'Angel Di Maria au PSG pour 63 millions d'euros, cumulé à l'assouplissement des règles du fair-play financier, repose à nouveau la question: en football, le plus riche gagne-t-il toujours?

Pour s'offrir les exploits de Lionel Messi, les records de Cristiano Ronaldo ou les "zlataneries" d'Ibrahimovic, les clubs rivalisent de générosité. Le FC Barcelone donne 20 millions d'euros par an à son quadruple Ballon d'Or argentin pour que celui-ci n'aille pas voir si l'herbe est plus verte ailleurs. Le Real Madrid sort aussi le chéquier chaque année (17 millions) pour satisfaire les exigences salariales de son serial buteur portugais.

Pour attirer les stars, le Paris Saint-Germain, nouveau riche dans le paysage footballistique a dû se plier à la loi du marché: Zlatan Ibrahimovic émarge à un peu plus d'un million d'euros par mois. Ces cas individuels mettent en avant une règle: les clubs qui ont les plus grosses masses salariales sont généralement ceux qui gagnent des trophées. Une règle qui se confirme par les chiffres.

Maître en sa propre demeure …

Le championnat espagnol illustre parfaitement ce phénomène. Sur les onze dernières saisons, seule une couronne de champion a échappé au duo FC Barcelone/Real Madrid. Les deux clubs règnent sur la compétition locale sans laisser de miettes. En France, le Paris Saint-Germain domine outrageusement la Ligue 1 depuis 2013. L'arrivée d'investisseurs russes à Monaco a laissé penser l'espace d'une saison que notre Ligue 1 s'orientait vers un modèle à l'espagnole avec deux locomotives qui tirent le reste des clubs. Monaco a en 2013 dépensé des sommes folles pour recruter Radamel Falcao, James Rodriguez ou Joao Moutinho (environ 130 millions dépensés pour attirer les trois stars).

Mais le divorce du propriétaire, lui coûtant trois milliards d'euros (quand même), a ramené l'oligarque à la raison. Sur les compétitions domestiques donc, l'argent semble garantir le succès.

… et en Europe

Rois sur leurs terres, les grosses écuries européennes s'affrontent chaque année pour remporter la "Coupe aux grandes oreilles". Cette compétition rassemble les meilleures équipes de chaque championnat et donne lieu à des rencontres de légende. Mais les grandes formations ne se disputent pas uniquement le trophée pour la gloire. Les retombées économiques liées à une victoire dans la compétition sont plus qu'énormes.

Les recettes (droits télévisuels, merchandising) liées à un tel triomphe permettent largement de compenser les zéros alignés sur les chèques pour payer les joueurs en fin de mois. A nouveau, le palmarès de la compétition n'a rien de surprenant lorsqu'on regarde les derniers lauréats. Barcelone en 2015 (509 millions de budget), le Real Madrid en 2014 (515 millions de budget), le Bayern Munich en 2013 (400 millions), Chelsea en 2012 (350 millions)… Ainsi, le Paris Saint-Germain, fort d'un budget de 490 millions, devra logiquement gagner cette compétition dans les deux prochaines années (d'après une étude du site Betminded), s'il poursuit sa croissance budgétaire de 10 % par an.

Le temps où l'Etoile Rouge de Belgrade ou Nottingham Forest pouvaient conquérir le titre semble aujourd'hui largement révolu. Au point de ne plus avoir de surprises?

Que reste-t-il de la glorieuse incertitude du sport?

Cela devient rare, mais certaines équipes créent encore l'exploit. En France, le dernier en date est celui de Montpellier. Grâce à une jeune génération dorée et insouciante, les Héraultais ont réussi à remporter la Ligue 1 en 2012 alors que les dirigeants qataris du Paris Saint-Germain venaient d'engager le grand Carlo Ancelotti pour mener l'équipe vers son premier titre de champion depuis 1994.

Cette saison-là, le club de l'emblématique Loulou Nicollin possédait le 13e budget du championnat, faisant passer ce succès pour une erreur de l'histoire. La France aime beaucoup ce genre d'histoires, celles du petit qui réussit à manger le gros grâce aux valeurs et au dépassement de soi. C'est tout l'objet de la Coupe de France. Compétition qui se déroule chaque année partout dans l'hexagone, des clubs amateurs aux professionnels. On aime à contempler le "Petit poucet" qui affronte l'Ogre de la Ligue 1 et le voir se battre avec ses moyens. L'histoire de Calais, arrivé jusqu'au Stade de France, mais qui échoue en finale garde une place dans les cœurs des amateurs de football en France.

En Ligue des Champions, le phénomène peut également se produire. En 2004, par exemple, deux clubs inattendus se hissent en finale de la compétition: l'AS Monaco de Didier Deschamps et le FC Porto de José Mourinho. C'est le club portugais qui triomphera et aucune des deux formations ne réussira à atteindre à nouveau ce stade de la compétition. Au fur et à mesure des années, l'exploit en Ligue des Champions semble plus compliqué à réaliser.

Même si le fossé financier entre grands et petits clubs s'agrandit chaque saison, c'est précisément cette possibilité de l'erreur statistique qui garantit, et continuera de garantir, l'attrait de ce sport.

 

Julien Josset

 

Source : Al Huffington Post Maghreb

 

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