CONFERENCE INTERNATIONALE DE DAKAR SUR ISLAM ET PAIX : Engagement pour un monde de paix et de solidarité

Abdoulaye Daouda Diallo à la conference sur islam et paix : « L’islam est bâti sur des valeurs humanistes »

Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Abdoulaye Daouda Diallo, a présidé hier, au King Fahd Palace, la clôture de la conférence internationale sur l’Islam et la Paix. Des assises qui, selon M. Diallo, participent à montrer que l’islam est bâti sur des valeurs humanistes.

Se basant sur la géopolitique actuelle où l’islam est voué aux gémonies, le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo a décrit la violence perpétrée par des groupes, des individus, des mercenaires et des marchands de la foi au nom de l’islam, d’intolérable. C’est pourquoi il a salué l’organisation de la conférence de la “Jamhiyatu Ansaarud-Din” qui revêt une dimension toute particulière, en ce sens, note-t-il, qu’elle participe à montrer que l’islam est bâti sur des valeurs humanistes. « La présence des chefs religieux, des hommes de culture, de la société civile… est un gage de la richesse des discussions et des échanges sur la paix », a-t-il souligné, avant de saluer la contribution du Pr Ousmane Kane de l’Université de Harvard, du Dr Ahmad Tawfiq, ministre des Habous et des affaires islamiques du Royaume du Maroc, et tant d’autres personnalités qui ont assuré le succès et l’éclat tant attendus de la conférence. “Vous rendez aux peuples la voix de la paix et de la fraternité. Vous faites l’écho d’une religion qui possède le Coran et la Sunna du prophète Mohammad (Psl) et qui est clairement établie comme une religion de paix et de tolérance », dit Abdoulaye Daouda Diallo.

Lutte contre les violences et promotion de la paix

Le Sénégal, notera-t-il, est un pays composé de 94 % de musulmans et a été dirigé pendant une vingtaine d’années par un non musulman appartenant à une ethnie minoritaire. Un état de fait, note M. Diallo, qui montre le substrat culturel, l’œuvre des illustres guides religieux et un bel exemple de tolérance. Le ministre de l’Intérieur a salué l’œuvre monumentale de Cheikh Ibrahim Niass, qui a bâti à des moments difficiles, une communauté transversale de plusieurs millions de disciples au nord du Nigéria, au Ghana, au Niger, en Sierra Léone, au Tchad, au Cameroun, en Gambie, au Soudan, en Mauritanie, au Sénégal…, pour ne citer que ces pays.

« Il demeure constant en revisitant l’œuvre de nos saints de trouver une source d’humanisme », admet-il. Abdoulaye Daouda Diallo, en clôturant les travaux de la conférence, a dit la volonté du gouvernement à ne ménager aucun effort pour accompagner la lutte contre les violences et à promouvoir la paix.

Auparavant, Cheikh Mohammadou Mahi Ibrahim Niass a, au nom du Khalife de Médina Baye, Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahim Niass, remercié les parrains de l’évènement notamment le président Macky Sall et sa majesté le Roi Mohammed VI du Maroc.

Dans son message, Cheikh Mohammadou Mahi Ibrahim Niass a fait un long exposé sur l’islam qui demeure une religion de paix, de concertation et d’amour du prochain. Pour lui, ce qui se passe actuellement dans le monde avec les tueries n’a aucun rapport avec l’islam.  « L’islam oriente l’homme et crée un être idéal… », répète-t-il, avant de souhaiter que les communications faites lors de la conférence aient un écho dans tous les coins du monde. Plusieurs autres personnes ont pris la parole pour abonder dans le même sens, notamment l’Imam de la Gambie, Thierno Kane.

Au nom de la famille de Cheikh Ibrahim Niass, Cheikh Khouraichi Ibrahim Niass a remercié tous les invités. Outre les motions de remerciements adressées aux parrains de l’évènement, le message de soutien de l’Emir de Kano, Mouhammad Sanoussi, a été lu, tout comme la déclaration de la conférence de Dakar.

DECLARATION DE DAKAR : Engagement en faveur d’un monde de paix et de solidarité

La mise en place d’un Fonds de paix et de stabilité, tel est le vœu des organisateurs de la conférence internationale de Dakar sur la « Contribution de l’Islam à l’avènement d’une paix mondiale durable » qui a pris fin hier. Les participants ont confirmé leur engagement à militer en  faveur d’un monde de paix, de solidarité, de justice sociale, d’équité, de bonne gouvernance…

« Nous confirmons notre engagement à militer en faveur d’un monde de paix, de solidarité, de justice sociale, d’équité, ainsi que de bonne gouvernance et manifestons notre ferme volonté à participer à la construction d’un monde où chaque citoyen, quels que soit sa religion, sa culture, son niveau de vie et ses aptitudes, jouira pleinement de son droit fondamental de vivre en paix, dans l’harmonie et la stabilité ». Ce message a clôturé hier la conférence internationale sur le thème : « Contribution à l’Islam à l’avènement d’une paix mondiale durable ».

En effet, après deux jours d’échanges, les panélistes se disent « convaincus que l’Islam, de par son nom et ses enseignements, incarne et appelle à la paix et est conscient du rôle que chaque acteur pourra jouer dans l’avènement d’une paix mondiale durable ».

« Nous invitons la communauté internationale à porter davantage le combat pour la paix et le développement », lit-on dans le rapport de la conférence sur la paix mondiale. Le document de Dakar relève les conséquences néfastes de l’instabilité sur les maillons les plus faibles de la société.

Plaidoyer contre la violence et l’intolérance

Dès lors, les organisateurs invitent les femmes et les jeunes à s’engager davantage pour la formation, l’information, la sensibilisation, la prise de conscience et le plaidoyer, dans le combat contre la violence, l’intolérance, l’injustice et la discrimination négative. Aussi, ont constaté les participants à la conférence, les liens étroits entre la pauvreté, les inégalités et la violence. A ce propos, ils exhortent les Etats et les organisations internationales à poursuivre inlassablement leurs efforts en vue de l’éradication de ce fléau et d’œuvrer pour l’entraide.
Forte de ces considérations, la conférence de Dakar, initiative de Médina Baye, réitère son attachement à la non-violence et réaffirme son réprobation quelles qu’en soient les formes, les causes et les origines. « Nous appelons à l’acceptation mutuelle des différences culturelles, cultuelles, des croyances et valeurs d’autrui, dans le respect de la dignité et des droits humains. Nous confirmons au terme de nos échanges que l’Islam est une religion de paix et de progrès », insistent les rédacteurs du document.

« De ce fait, elle (la religion musulmane) ne saurait accepter les multiples atrocités faites en son nom, ni cautionner des actes de terrorisme et d’extrémisme sous quelque forme que ce soit. Dans ce sens, nous rappelons le verset 13 de la Sourate 49 du saint Coran qui énonce : Ô êtres humains, nous vous avons créés d’un homme et d’une femme et nous avons fait de vous des nations et tribus, pour que vous vous entre-connaissiez ! Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, c’est le plus vertueux », lit-t-on dans le rapport.

La conférence internationale de Dakar invite vivement au respect mutuel des vertus sans lesquelles le vivre ensemble n’est pas envisageable. « Parce que l’Islam se trouve interpellé au premier plan, nous appelons les chefs d’Etat et de gouvernement des pays africains abritant de fortes communautés musulmanes, et au-delà, les chefs d’Etat et de gouvernement de tous les pays du monde, les organisations internationales pour la paix, les philanthropes et les bonnes volontés à contribuer activement à la mise en place et au fonctionnement d’un Fonds dit de paix et de stabilité qui sera alimenté entre autres par la zakat collectée à l’échelle internationale et redistribuée au niveau mondial, selon les principes de bonne gouvernance », mentionne cette synthèse de deux pages.

Agenda pour une paix mondiale durable

Les initiateurs appellent à la mise en place d’un Agenda pour la Paix mondiale durable (Pmd) assorti de l’Agenda post 2015 en faveur des Objectifs pour le développement durable (Odd). « Nous sommes conscients qu’une forte implication de la communauté internationale accompagnée de travaux complémentaires et une bonne méthodologie seront nécessaires pour mener à bien les recommandations de la Déclaration de Dakar. A cet égard, nous mandatons le groupe de travail qui sera créé à l’issue de cette rencontre pour en assurer la mise en œuvre et rendre compte régulièrement des progrès et des éventuels goulots d’étranglement », fait savoir la rencontre de Dakar.

Les participants réaffirment leur détermination à « œuvrer ensemble, dans la concorde et la solidarité, pour la construction d’un monde où la paix, la prospérité, le succès, l’équité et l’éthique fondent les actions de tout un chacun et de tous les jours, de sorte que chaque être humain, quelles que soient son appartenance et ses possibilités, devienne un porteur du message de paix mondiale durable ».

AMADOU SAMB, conseiller special du khalife de medina baye : « La promotion de la paix passe par l’éradication de la misère et de l’ignorance »

Au terme des travaux de la conférence de Dakar sur Islam et Paix, le chargé de l’organisation, Amadou Samb, conseiller spécial du khalife de Médina Baye, revient sur l’esprit d’une telle initiative dans un contexte marqué par une perception très négative de l’islam par le seul fait d’une minorité marginale. Il rappelle quelques recommandations des participants, à savoir combattre l’ignorance par la diffusion du savoir, le renforcement de l’éducation, mais également le combat contre la pauvreté…

Comment appréciez-vous la mobilisation très représentative des communautés musulmanes qui ont répondu à votre appel ?

La très forte majorité des musulmans pense que l’islam est une religion pacifique, ouverte, du vivre ensemble avec les hommes de toutes confessions. Ce que les autres font a été rendu possible et a pu progresser parce que la forte majorité des musulmans est restée inerte et silencieuse. La première attitude à avoir pour combattre le terrorisme est d’arrêter avec cette attitude et de prendre nos responsabilités pour livrer le message de l’islam véritable. Cette conférence n’est rien d’autre que notre façon à nous de faire notre part du travail. Ce travail est celui de tous les musulmans et de tous les hommes épris de paix. Le président de la République a effectivement parlé de réflexion et d’action. Nous partageons cela. Nous ne devons pas simplement nous réunir, formuler des vœux pieux, condamner qui que ce soit. Non. Il faudra s’ancrer dans l’action. Le terrorisme a pu prospérer parce que des hommes, quelque part, ont pu être des proies faciles pour les recruteurs de tous bords. Il faut y apporter des solutions en combattant la misère et l’ignorance. Ce sont des projets et actions concrètes que la communauté ici présente à la conférence estime devoir porter pour ce qui la concerne. C’est l’affaire de l’Etat mais aussi celle des communautés et de la société civile. C’est cette action qui doit être mise en œuvre.

Dans cette batterie de mesures à prendre, le ministre marocain a suggéré la communication par le soufisme. Est-ce que vous validez cette stratégie ?
Nous partageons la recommandation du ministre marocain. Etant Sénégalais, nous sommes bien placés pour cela. L’islam sénégalais est très majoritairement confrérique. Et il suffit de regarder les résultats de cet islam. Depuis des siècles, nos « daara », nos « madrasa » ont produit un grand nombre de diplômés. Aujourd’hui, ils produisent chaque année des milliers de diplômés. Vous n’en voyez aucun commettre des actes violents. Ce qui  veut dire que le système est fondamentalement pacifique et qu’il faut le solidifier et le renforcer. Donc je pense que l’islam confrérique est une première réponse. C’est un islam qui invite l’individu à s’améliorer. L’effort auquel on invite les adeptes des différentes confréries musulmanes est de s’améliorer quotidiennement. D’être dans une attitude, une posture visant à améliorer l’âme l’individu. C’est un islam qui n’est donc pas tourné vers la violence. C’est la raison pour laquelle nous soutenons cette proposition.

Est-ce que les autres branches de l’islam ont participé à la conférence ?

Absolument, nous avons invité toutes les sensibilités de l’islam, essentiellement des chiites et des sunnites. Il y a beaucoup de chiites ici, mais aussi des sunnites qui participent à nos panels.

A la fin de cette conférence, quels sont vos sentiments en tant qu’organisateur ?

Je pense que les autres apprécieront. Nous n’allons pas nous juger nous-mêmes. Mais nous avons un sentiment de satisfaction d’avoir pu tenir ces assises avec le soutien logistique de l’Etat du Sénégal et du Royaume du Maroc, sur instruction de nos deux parrains que sont le président de la République Monsieur Macky Sall et sa Majesté Mohamed VI, Roi du Maroc. Nous sommes satisfaits d’avoir pu tenir ces Assises et d’avoir formulé des recommandations qui vont être suivies d’actions. Je pense que les recommandations phares, sans vouloir anticiper, vont viser à combattre le mal à la base, c’est-à- dire à combattre l’ignorance par la diffusion du savoir, par le renforcement de l’école au sens large et de l’éducation, mais également en combattant la pauvreté. A cet égard, il faut rappeler que l’islam a pour troisième pilier la zakat, l’aumône légale, qui doit contribuer à un effort de solidarité envers les plus démunis mais qui peut même constituer un mode de financement et de dynamisation de l’économie nationale, donc contribuer à la croissance. Pour ce faire, il faut que la collecte de la zakat soit organisée au niveau mondial selon toutes les normes de bonne gouvernance et que la distribution soit aussi organisée selon les mêmes modes.

Qu’est-ce qui vous a poussés à vous ouvrir à toutes les sensibilités ?

Il nous semblait évident que la paix étant l’affaire de tous les hommes et mêmes au-delà des hommes, de tous les animaux et de l’environnement, qu’il était important de contacter toutes les religions et au sein de la religion musulmane, toutes les sensibilités. C’est la raison pour laquelle nous avons voulu que la conférence soit multiconfessionnelle et multiculturelle. Vous aurez dans la salle des hommes et femmes de diverses nationalités et de diverses religions. L’ouverture est la condition sine qua non de la mise en œuvre des résolutions issues de ces travaux. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de se réunir et de formuler des vœux pieux. Il faut, au-delà, entrer dans l’action et, en ce moment, on aura besoin de tout le monde.

Réactions… Réactions… Réactions…

CHEIKH KASSIM, CAMEROUN : « Renforcer l’éducation des jeunes»
« Cette conférence est très intéressante et vient à son heure. Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de participants. Cela prouve l’intérêt de la rencontre pour la recherche d’une paix durable dans le monde. Nous devons renforcer l’éducation des jeunes pour lutter contre l’extrémisme qui est un ennemi de la paix ».

MOUHAMED EL BECHIR SEYDI, MAURITANIE : « Le monde a besoin de paix »
« Notre monde a besoin de paix. C’est pourquoi cette conférence vient à point nommé. Je pense que c’est une réussite, vu le nombre de participants. La paix, c’est ce que nous demandons. Les jeunes sont des vecteurs de la paix. Nous devons nous approprier les orientations qui sortiront de cette conférence ».

MOUHAMED EL HANAFI, PR. CIVILISATIONS ISLAMIQUES, MAURITANIE : « Je me réjouis du discours du chef de l’Etat »
« Cette conférence est importante, car il y a une grande sensibilisation. Je me réjouis du discours du chef de l’Etat sénégalais qui a montré sa désapprobation face à l’extrémisme et au jihadisme. Sa présence aux côtés des dignitaires religieux donne plus d’importance et d’intérêt à la conférence ».

CHEIKH OUMAR KABORE, CONSEIL SUPERIEUR MUSULMAN DU BURKINA : « Baye Niasse a réuni des personnes venant de différentes obédiences »
« Cette initiative de Médina Baye est une très bonne chose. Qui, à part Baye Niasse, pouvait faire cela ? C’est ça la paix. Réunir le spirituel et le temporel avec des personnes venant d’obédiences différentes sur une même table, c’est une très bonne chose. Le déroulement de la conférence prouve que la paix doit guider notre existence. Tout le monde doit se mobiliser pour une paix durable. Au retour, je compte partager les conclusions qui sortiront ici avec mes concitoyens restés au pays. Je veux que cette initiative se perpétue et soit annuelle ».

CHEIKH IBRAHIM NASSROU DINE JAMAL, MAURITANIE : « Il faut que l’impact de la conférence se fasse sentir »
« Cette conférence est une très bonne initiative. Elle va contribuer à la paix dans le monde, mais aussi encouragera ceux qui œuvrent pour une paix mondiale. Celle-ci est un début et doit être inscrit dans un agenda annuel pour continuer la sensibilisation. Il faut que son impact se fasse sentir ».

 

Babacar Bachir SANE, Babacar DRAME, Serigne Mansour Sy CISSE (textes) et Assane SOW (photos)

 

Source : Le Soleil  (Sénégal)

 

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