La Mauritanie et son voisinage : Une bouilloire de feu aux frontières

La Mauritanie est pratiquement en bute à des problèmes avec ses voisins, que cela soit au Sud avec le Sénégal, à l’Est avec le Mali, comme au Nord avec le Maroc et l’Algérie. Qui est fautif, la Mauritanie qui ne parvient pas à gérer ses relations avec son voisinage ou les autres qui semblent prendre un malin plaisir à faire chauffer la bouilloire ?

Avec l’Algérie, c’est le clash diplomatique, après le renvoi par la Mauritanie du premier conseiller de l’ambassade d’Algérie en Mauritanie, suivi par la riposte de cette dernière qui a fait déguerpir son premier conseil à Alger. Avec le Maroc, malgré une reprise timide des relations, Nouakchott s’obstine encore à laisser son ambassade vide à Rabat, sans locataire. Au Sud, le congrès des Haratines qui vient de se terminer dans une tempête de verre à Dakar, arme déjà la plume de plusieurs va-t-en guerre qui commencent à parler de « complots ourdis par le Sénégal contre la Mauritanie, alors qu’à l’Est, la reprise des hostilités entre l’armée malienne et la rébellion touarègue, à Léré, ainsi que le conflit frontalier à Tenaha, repose le contentieux frontalier entre les deux pays.

Harratine et l’or noir : éléments de surchauffe avec le Sénégal


« Le président sénégalais déclare la guerre à la Mauritanie ! » Tel est le titre d’un article écrit par un plumitif et repris par des dizaines de sites électroniques à Nouakchott. Cette escalade qui monte, avec sa dose va-t-en guerre pernicieuse, fait suite à un congrès des Harratines organisé par le mouvement IRA à Dakar, à l’Université Cheikh Anta Diop. Le gouvernement mauritanien aurait mal perçu cette délocalisation, mettant en contribution son ambassadeur à Dakar, lequel aurait tenté d’impliquer les autorités sénégalaises pour mettre fin à ce congrès. Les initiateurs seront ainsi interpellés par la sécurité sénégalaise puis relâchés. A la fin de leur initiative, les organisateurs sont partis faire un pied-de nez à l’ambassade de Mauritanie à Dakar, à travers un sit-in de protestation qui a duré quelques minutes. Leur message serait ainsi bien passé, car autant le congrès que le sit-in, ont été largement relayés par la presse nationale.

Cet incident pourrait bien, si l’on y ajoute les appétits suscités par la découverte d’importantes quantités de gaz et de pétrole aux frontières des deux pays, provoquer des tensions. Le catalyseur d’un tel clash ne serait autre que la société américaine Kosmos Energy, qui semble jouer un double jeu. En effet, au moment où elle annonçait à Mohamed Abdel Aziz, la découverte d’importants gisements de gaz sur son sol, elle en faisait autant auprès de Macky Sall. Certains analystes semblent ainsi bien douter de la déclaration de Kosmos, en rappelant les mêmes déclarations mensongères qu’elle avait faite au Maroc il y a deux ans.

Rébellion et tracé des frontières : les mamelles de la tension avec le Mali


Les relations entre le Mali et la Mauritanie se sont détériorées, malgré le vernis officiel, depuis plus de quatre ans, avec l’occupation du Nord par des groupes djihadistes et aujourd’hui, la reprise des hostilités entre la rébellion touarègue et l’armée malienne, après l’échec des pourparlers d’Alger. Une partie de la classe politique et de la presse malienne continue d’accuser Nouakchott d’abriter les chefs de cette rébellion et voient dans la Mauritanie un voisin peu amical. Aujourd’hui, la bataille sanglante qui se déroule à Léré, perturbe dangereusement la paix civile à la frontière mauritanienne. Quatre blessés du MNLA qui participaient à la bataille armée contre les troupes maliennes, auraient ainsi été acheminés à Bassiknou pour des soins. Ce qui pourrait être considéré, selon certains spécialistes, comme un acte de guerre de la part de la Mauritanie, accusée de servir de base arrière à la rébellion touarègue.

A ces incidents meurtriers aux points de contact entre les deux pays, s’ajoute le conflit frontalier qui oppose actuellement les populations de Tenaha en Mauritanie et leurs voisins maliens. En effet, ces derniers auraient arraché des bornes établies par l’administration mauritanienne à l’Est de la localité pour y implanter un marché hebdomadaire. Cet incident s’ajoute aussi à un autre conflit qui avait fait des blessés, suite à une bagarre entre deux tribus maures, l’une mauritanienne et l’autre malienne, à la frontière. Ces remous tribaux, ces guéguerres autour de la terre sur la ligne de front et cette divergence profonde sur la gestion de la question touarègue au Nord Mali, pourraient bien entraîner des remous entre les deux pays, selon plusieurs observateurs.

Clash diplomatique avec Alger


Avec l’Algérie, c’est pratiquement la rupture, après le renvoi par les deux pays de deux diplomates qui étaient en service dans leur capitale respective. Une crise qu’Algérie considère comme un affront et auquel elle compte bien apporter plus qu’un droit de réplique. En effet, d’anciens ministres et militaires algériens se relayent depuis des jours sur les plateaux de la télévision pour fustiger le « culot des Mauritaniens ». Résultat, le ministre de l’Intérieur algérien qui devait prendre part la semaine dernière à une rencontre maghrébine à Nouakchott a tout simplement séché la séance. Derrière ce conflit diplomatique avec l’Algérie, les versions diffèrent. Si certains y voient une entrée en matière pour l’embellissement de l’axe Nouakchott-Rabat, d’autres y voient un cadeau que la Mauritanie a voulu offrir à l’Arabie Saoudite, alors que d’autres encore, y entrevoient une bataille de leadership autour du dossier touarègue dans le Nord Mali.

Regain prudent sur l’axe Nouakchott-Rabat


Si les relations entre la Mauritanie et le Maroc se dirigent timidement vers la normalisation, au détour d’une participation commune à la guerre au Yémen à côté de l’Arabie saoudite, les analystes trouvent que quelques contentieux restent à être réglés. Le refus de la Mauritanie de nommer encore un ambassadeur à Rabat résulterait du mécontentement des autorités mauritaniennes face à la présence sur le sol marocain d’un dissident, Limame Chavii, qu’elles voudraient bien voir extrader. En effet, la Mauritanie reproche essentiellement aux marocains leur statut de refuge à tous les dissidents mauritaniens, car en plus de Limam Chavii, le Royaume chérifien abriterait d’autres personnes qui sont en désaccord avec le régime de Mohamed Abdel Aziz.

Cheikh Aïdara

 

Source : L’Authentic.info

 

 

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