Dialogue politique Pouvoir-Opposition : Une inextricable confiance à rétablir

Le président du parti Renouveau Démocratique (RD), Moustapha Ould Abeiderrahmane, de l’avis de tus les politiques, aurait mis le doigt sur la véritable cause du blocage politique qui subsiste en Mauritanie depuis le coup d’état de 2008 contre le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi : l’absence de confiance entre les protagonistes de la scène nationale empêcherait la tenue d’un dialogue politique franc et sincère entre le pouvoir et l’opposition.

 

Moustapha Ould Abeiderrahmane, leader du parti Renouveau Démocratique (RD), membre de la Convergence démocratique, une coalition d’opposition qui regroupe ADIL et RPM vient de faire remarquer que l’absence de confiance entre l’opposition et le pouvoir en place constitue la véritable entrave à un dialogue franc et sincère entre les deux parties. Certains trouveront sans doute que la déclaration est d’une banalité si évidente, qu’elle ne mériterait pas qu’on s’y attarde. Aux yeux d’une certaine opinion qui commence cependant à s’intéresser à certaines banalités, le constat mérite qu’on s’y arrête, après plus de six années de réflexions et trois semblants de dialogue avortés.


Aujourd’hui, le tableau qui s’offre à l’opinion publique est celle d’un Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) sensé représenté l’opposition, et qui croit dur comme fer que le pouvoir en place n’est pas sérieux dans son offre de dialogue politique, se refusant à avancer le moindre gage de sa bonne foi. De l’autre côté, le tableau offre également une opposition radicale qui aux yeux du pouvoir en place, cherche à obtenir les fruits du dialogue avant même l’entame de toute négociation politique.


Pourtant, l’offre et la demande de dialogue serait aujourd’hui le facteur le plus en surabondance sur le marché politique mauritanien. Tous les protagonistes disposeraient dans leur arsenal de magasins pleins de bonne disposition au dialogue. Mais au finish, la valeur marchande d’un tel produit semble encore à ce jour hors de portée de la clientèle. D’où, l’idée partagée que le dialogue est indispensable pour extirper le pays de la crise multiforme et multidimensionnelle dans laquelle il se débattrait depuis plusieurs années et qui l’empêcherait jusque-là de cueillir les dividendes de son progrès démocratique et de ses performances économiques.


Mais l’absence de confiance ou la défiance en matière politique entre le pouvoir et l’opposition n’est pas une réalité propre à la Mauritanie. Dans toutes les démocraties tiers-mondistes, notamment là où cette démocratie se teinte de théocratie avec un zeste de dirigisme autocratique, une telle crise de confiance s’affiche dans l’ordre normal de la logique de gouverner. C’est le cas dans la Guinée Conakry d’Alpha Condé, tout comme dans le Bénin de Yayi Boni, ou encore le Togo de Faure Gnassingbé …Partout, le pouvoir et l’opposition se lancent la responsabilité dans l’échec du dialogue avec plus ou moins une bonne dose de mauvaise foi. En Mauritanie, la démocratie balbutiante des années 90 qui semble avoir retrouvé ses arpents antérieurs, après une courte période expérimentale entre 2005 et 2008, a connu depuis les fameux Accords de Dakar en 2009 trois grands dialogues politiques. Certes, ces dialogues ont été entrecoupés de mille révolutions de rue, d’un Rahil et une bonne dizaine de complotites. De quoi paver le restant de la vie des protagonistes avec les idées les plus noires.
Pour les amis de Mohamed Ould Abdel Aziz, la confiance avec l’opposition dite radicale a été rompue depuis qu’ils ont contesté les résultats de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009 remporté par Ould Abdel Aziz au premier tour. Dès lors, selon eux, les Accords de Dakar que les opposants ne cessent de réclamer n’avaient plus de sens.


Puis, ce fut l’affaire de la législative de 2011 que le régime va décaler au-delà de sa date constitutionnelle tout comme le renouvellement partiel du Sénat. Entre temps, il y a eu la révolution arabe dans laquelle l’opposition radicale avait cru voir une belle opportunité de se débarrasser du pouvoir. Pendant des mois, la logique du « Rahil » et des mouvements de rue auraient pris le pas sur la logique politique. Puis, d’autres évènements allaient entamer le capital de confiance qui s’effritait entre le pouvoir et son opposition, emporté à coups de campagne de dénigrement, notamment après l’incident de Toueila et le fameux Ghanagate puis l’affaire du député des Verts Nêl Mamère. Le plus grand coup que le pouvoir porta à l’opposition dans le combat de mise à mort qui les opposait, fut sans nul doute, celui d’avoir réussi à faire éclater l’opposition en mille morceaux et à attirer le bloc formé par Messaoud Ould Boulkheïr (APP), Boïdiel Ould Houmeit (El Wiam) et Abdessalam Ould Horma (Sawab) dans son giron. C’est avec ce groupe qu’un premier dialogue inclusif sera organisé après avoir insidieusement écarté l’opposition radicale.


C’est au nom de cette méfiance politique que le pouvoir écartera par la suite ses irréductibles adversaires lors des élections locales de 2013 et la présidentielle de 2014 après avoir planté le décor de deux mini-dialogues tout bon à amuser la galerie.


Résultat, pour aplanir la crise politique en Mauritanie, il faut un dialogue et pour aboutir au dialogue, il faut rétablir la confiance. Autrement dit pour régler la crise politique, il faut rétablir la confiance qui passe par le dialogue. Une véritable quadrature du cercle.


Cheikh Aïdara

 

Source :  L'Authentic.info

 

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