Quand la Côte d’Ivoire a sollicité 10 sorciers pour gagner la CAN 92

La révélation vient d’être faite par Paul Denis Gogoua. Selon l’ex intendant de la Fédération ivoirienne de football (Fif), les Eléphants ont recouru à 10 sorciers du village d’Akradjo pour remporter la CAN 1992 au Sénégal.

De notre correspondant à Abidjan

Il était un peu plus de 20 heures ce dimanche 26 janvier 1992 quand Alain Gouaméné arrêta le penalty d’Anthony Baffoe au stade de l’Amitié de Dakar. La Côte d’Ivoire venait ainsi de réaliser l’exploit en s’adjugeant le trophée de la CAN 92 aux dépens de la grande équipe du Ghana, quadruple championne d’Afrique. Ce succès inespéré face à ceux qu’on désignait par le nom évocateur de Brésiliens d’Afrique, sans remettre fondamentalement en cause la valeur des Eléphants, de nombreux Ivoiriens l’ont attribué aux forces mystiques venues d’Akradjo, un village de la commune de Dabou située à environ 30 kilomètres à l’ouest d’Abidjan.

Ce qui était jusque-là au stade de la rumeur, vient d’être confirmé dans les colonnes d’Abidjan Sports par Paul Denis Gogoua qui était au cœur des événements. "Si je dis que cela est faux, ce serait mentir. Il y avait exactement 10 sorciers dont une femme qui nous accompagné à Dakar (…) Avant même de partir, ils nous avaient même dit que la coupe était à nous", révèle-t-il.

Des démonstrations mystiques à Dakar

Dans la capitale sénégalaise, à l’en croire, ces sorciers d’Akradjo ont fait des démonstrations qui ont prouvé qu’ils avaient des pouvoirs surnaturels. En l’occurrence le mal de dos pernicieux d’Alain Gouaméné guéri séance tenante par un sorcier en le piétinant, la prédiction du but qualificatif de Sié Donald Olivier face à la Zambie en quart de finale (1-0) et le penalty du Cameroun en demi-finale. "Face au Cameroun en demi-finale, les sorciers ont dit qu’après 4 minutes, le Cameroun allait avoir un penalty. Tout ce qu’ils nous demandaient, c’était de parlementer avec l’arbitre et de bloquer le jeu 2 à 3 minutes dès que le penalty était sifflé. Ainsi, il ferait disparaître les poteaux. C’est ce que nous avons fait. Alain Gouaméné a bloqué le penalty et nous avons été convaincus", témoigne Paul Denis Gogoua.

Mais les choses n’étaient pas aussi facile car l’ancien intendant de la Fif fait savoir que les sorciers avaient des exigences qu’il fallait respecter stricto sensu. "Les sorciers d’Akradjo nous donnaient des consignes que nous devions respecter à la lettre. Au début, j’avoue que je prenais les choses à la légère. C’est comme cela qu’Aka Kouamé (ex capitaine des Eléphants et de l’Asec, ndlr) qui aimait ça a pris les choses en main. Il était devenu leur premier interlocuteur et on a respecté les consignes", raconte-t-il avant d’ajouter : "Personne d’autre ne devait venir à notre hôtel. Eux-mêmes ne sont arrivés à l’hôtel des joueurs que le matin de la finale contre le Ghana."

Abedi Pelé, le mystère !

A l’évidence, les sorciers ont été obligés d’enfreindre à leur propre consigne parce qu’il y avait urgence. Le combat mystique contre le Ghana, l’adversaire de la finale s’avérait ardu. "Ils (les sorciers, ndlr) nous ont dit qu’un joueur leur créait des problèmes. Ils ont ajouté qu’ils n’arrivaient pas à voir son visage et que lorsqu’ils forçaient, le fameux joueur cachait son visage. Quand ils sont arrivés à l’hôtel, Anthony Baffoe et Abedi Pelé étaient assis au bord de la piscine. C’est alors qu’ils nous ont dit que la coupe rejoindrait Abidjan."

Cette révélation explique mieux cette scène surréaliste qui a eu lieu lors de cette finale. Sur insistance de Paul Denis Gogoua, Aka Kouamé a confisqué le ballon sorti en touche pour contester la présence d’Abedi Pelé à la table du commissaire au match. L’intendant actuel de l’Afad Djékanou a finalement eu gain de cause et la suite se sait. La Côte d’Ivoire a remporté la coupe après une longue séance de tirs au but (11-10).

Une dette vis-à-vis des sorciers ?

Fait des sorciers ou pure coïncidence ? Difficile pour les profanes de trancher. Toujours est-il qu’après 22 ans, la Côte d’Ivoire n’a plus réussi à glaner le Graal. Pour une certaine opinion, les Eléphants paient l’ingratitude des dirigeants d’alors de la Fif vis-à-vis des sorciers. Une opinion que rejette Gogoua car, affirme-t-il, tous les sorciers qui ont effectué le déplacement de Dakar "ont été dédommagés à 100%. Leur chef a même offert un terrain à Didier Otokoré à Akradjo et c’est là-bas qu’il fait son champs d’hévéas".

Le problème des Eléphants serait donc bien ailleurs et doit être recherché du côté de la discipline des joueurs et de la rigueur des nouveaux patrons du football ivoiriens, pense-t-il. Cette position suscite alors une nouvelle préoccupation : pourquoi les héros de Sénégal 92 n’ont-ils pas remis le couvert en 1994 à Tunis, en 1996 en Afrique du Sud et en 1998 au Burkina Faso ?

 

Pierre Kouamé

 

Source : Afrik.com

 

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