Après avoir reconnu au maire de Tawassoul, dont le parti est arrivé en tête de l’opposition aux élections législatives de novembre 2013, le poste de Chef de file de l’opposition démocratique, la Cour constitutionnelle l’a investi, lundi 3 novembre 2014. D’ores et déjà, un certain malaise se serait installé au sein de la COD.
Le Chef de fil sortant, Ahmed Ould Daddah, n’a pas pris part à la cérémonie, ce qui pourrait augurer de probables dissensions au sein de l’opposition.
Le président du RFD (Rassemblement des forces démocratiques), Ahmed Ould Daddah, qui était jusque-là Chef de file de l’opposition démocratique, n’a pas assisté hier à l’investiture de son remplaçant, El Hacen Ould Ahmed, maire d’Arafat pour le compte du parti Tawassoul. Ce dernier, issu du parti islamiste, a été confirmé dans son nouveau poste par la Cour constitutionnelle, après des mois de tergiversation. Les Islamistes de Tawassoul, soumis depuis la destitution des Frères Musulmans d’Egypte à un véritable pogrom, soupçonnaient d’ailleurs le pouvoir de vouloir leur confisquer leur droit, après leur victoire écrasante aux élections législatives et municipales de 2013 que l’opposition radicale, regroupée au sein de la COD (Coordination de l’opposition démocratique), avait boycottées.
La non participation d’Ahmed Ould Daddah à la cérémonie d’investiture du nouveau Chef de l’opposition, résulterait de raisons occultes que le RFD s’est refusé pour le moment de commenter tout en tenant sous silence les raisons d’une telle démarche. Pourtant il y a quelques jours, selon les mêmes sources, Ahmed Ould Daddah aurait exprimé sa volonté de remettre le flambeau au parti Tawassoul, bien qu’il ait déclaré ne pas reconnaître les résultats des élections législatives et municipales de 2013 que son parti avait boycottées.
Si l’on ajoute à ce tableau, le refus du parti APP (Alliance Populaire Progressiste) de siéger au sein de la nouvelle structure, en tant que troisième parti politique majoritaire au sein de l’opposition parlementaire, tous les ingrédients seraient là pour une nouvelle configuration au sein de l’opposition. Bien que le refus de l’APP soit lié, non pas à l’investiture de Tawassoul comme Chef de file de l’opposition, mais à la violation de la loi qui désigne à ce poste le président Mohamed Jemil Mansour, l’atmosphère délétère qui entoure la question est suffisante aux yeux des observateurs pour créer des fissures au sein du FNDU (Forum national de la démocratie et de l’unité) qui regroupe la COD, la société civile et les personnalités indépendantes.
La nouvelle structure Leader de l’opposition démocratique, qui fait partie des institutions de la République, comprend outre Tawassoul, le parti El Wiam de Boïdiel Ould Houmeïd et le parti Alliance pour la Justice et la Démocratie (AJD) à travers la député Saoudatou Mamadou, épouse du président du parti, Ibrahima Moctar Sarr.
La situation ainsi créée risque, selon plusieurs analystes, d’installer une certaine gêne au sein de la COD dont Tawassoul se déclare toujours membre. La contradiction dans ce couplage, entre un parti politique qui a participé à des élections et une majorité d’autres qui l’ont boycottées et refusent d’en reconnaître le résultat, et partant de son statut de Chef de fil, finira selon plusieurs analyses à contraindre les Islamistes à migrer vers des cieux plus cléments. Dans ce cadre, Jemil et ses hommes ont le choix entre la CAP (Coalition pour une Alternance Pacifique) qui regroupe APP, EL Wiam et Sawab, ou la Convergence Démocratique de Yahya Ould Ahmed Waghf, Kane Hamidou Baba et Moustapha Ould Abeiderrahmane. Certes, la ligne politique de ces trois pôles de l’opposition est différente, allant du radicalisme totalitaire de la COD vers la connivence feutrée avec le pouvoir de la CAP, en passant par la ligne médiane de la CD.
Cheikh Aïdara
Source : L'Authentic.info
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