FONCIER : quand l’accaparement des terres affame les paysans

Pour une meilleure prise en charge de la résilience en faveur des groupes vulnérables pour éradiquer la faim et la malnutrition, l’Association des femmes de l’Afrique de l’Ouest (Afao) veut entreprendre une nouvelle démarche. En concertation, depuis hier à Dakar, dans le cadre du processus de l’Alliance globale pour la résilience au Sahel et Afrique de l’Ouest (Agir), elle veut freiner le fléau de l’accaparement des terres qui étrangle les paysans.

 

Les femmes de l’Afrique de l’Ouest comptent entreprendre une nouvelle démarche de prise en charge de la résilience en faveur des groupes vulnérables face aux aléas et aux catastrophes naturels en Afrique de l’Ouest pour éradiquer la faim et la malnutrition. Cela, en mettant en œuvre un programme de renforcement de capacités des bénéficiaires des systèmes nationaux et régionaux de sécurité alimentaire en vue de leur pleine participation à la mise en œuvre de la charte pour la prévention et la gestion des crises alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

 

En Afrique de l’Ouest, la majorité des femmes sont frappées de plein fouet par la pauvreté qui entraîne une malnutrition chez les enfants à bas âge (-5 ans). Une situation qui demeure une contrainte forte pour le développement de l’Afrique subsaharienne. En vue d’y remédier, les experts estiment qu’il  faut régler la résilience qui est le niveau inférieur de la vulnérabilité pour deux raisons, à savoir l’exode et la migration. Pour ce faire, ils préconisent le retour à la terre en mettant les investissements agricoles nécessaires. Cependant, l’accès à la terre reste toujours un vrai casse-tête pour les femmes en l’Afrique de l’Ouest.  

Khady Fall Tall, présidente régionale de l’Association des femmes de l’Afrique de l’Ouest (Afao) estime qu’il faudrait que la loi agropastorale puisse arriver à alléger véritablement l’accaparement des terres qui se passe actuellement dans certaines zones du pays, notamment dans la zone des Niayes, Ngnith et Fanaye.

D’après la patronne de l’Afao, ce fléau reste avant tout un problème culturel. «Nous sommes coincés par les habitudes de villages, de la tradition qui gardent les terres. Un changement de valeur demande au moins 25 ans, le temps d’une génération», a-t-elle relevé. Mais, pense-t-elle, l’accaparement le plus grave est celui international à cause de la pauvreté qui étrangle les paysans. Selon elle, l’aménagement d’un hectare ou trois hectares de terres demande beaucoup de financement que les autochtones ne peuvent pas mobiliser.

Mme Tall pense que les Etats, la Cedeao et le Cilss  doivent travailler à ce que 70 % des terres soient cultivées par des autochtones et orientées vers des produits qui seront consommés par les populations locales. Cela, en vue d’éviter à la  balance de paiement des pays d’être déficitaire par rapport à l’importation. «La meilleure façon de ne pas se développer, c’est d’importer pour manger. Il faut que les gens mangent moins de riz importé. On peut manger le riz mais mangeons le riz que nous avons produit», prévient-elle.

Elle souligne, en outre, que le développement de l’agriculture ne sera possible qu’avec l’implication des acteurs à la base, dans les différents programmes de lutte contre la faim afin de mieux cerner le problème. «On peut venir, rester dans nos salles pour applaudir, faire des beaux discours et partir.  On restera, non pas en retard mais nous allons reculer et nous risquons d’être au même niveau qu’en 1960. Les acteurs doivent apprendre à se dire des vérités pour faire avancer les choses», a-t-elle souligné. Non sans rappeler que les Emirats Arabe Unis, la Malaisie et d’autres pays étaient au même niveau de sous-développement que le Sénégal et se sont développés. Dans le cadre de ce programme de résilience, elle prévient que si le Sénégal n’avance pas, les autres pays avanceront. Et de relever que les femmes n’ont pas un problème de production mais un problème de conservation et de valorisation des produits.

 

Adama COULIBALY

 

Source : Groupe Wal Fadjri (Sénégal)

 

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